Lorsque tu es forcé par les circonstances de ressentir quelque trouble, reviens vite à toi-même, ne t’écarte pas de la cadence plus qu’il n’est nécessaire, car tu seras plus maître de l’accord, en y revenant constamment.
Fixe ton attention sur chacun de ces objets ; vois-le se dissoudre, se modifier, se gâter en quelque sorte ou se dissiper, ou mourir selon le mode qui lui est naturel.
Se rendre coupable d’une injustice envers autrui, c’est faire un acte d’impiété, parce que la nature qui gouverne l’univers, ayant créé les êtres raisonnables pour s’aider par des secours réciproques, selon leurs mérites divers, sans qu’il leur soit jamais permis de se nuire entre eux, celui qui méconnaît cette volonté expresse de la nature se rend impie envers la plus auguste des divinités. Faire un mensonge est une autre impiété aussi grave envers elle ; car la nature qui régit l’univers est également la nature pour tous les êtres ; et les êtres d’ici-bas sont évidemment de la même famille que les êtres éternels. C’est là ce qui fait qu’à un certain point de vue, la nature est appelée la Vérité, parce que c’est elle qui est la cause première de tout ce qui est vrai. Celui donc qui trompe sciemment fait acte d’impiété ; car c’est un délit de mentir. Mais même quand on trompe sans le vouloir, comme on se met en désaccord avec la nature universelle, et que l’on provoque un désordre dans son sein, on combat par cela seul la constitution naturelle du monde. C’est la combattre que de se porter, fût-ce à son propre détriment, vers ce qui contredit la vérité. Car celui qui s’égare ainsi avait préalablement reçu de la nature toutes les facultés nécessaires, et c’est en les négligeant qu’il s’est rendu désormais impuissant à distinguer le faux du vrai.
Le cheval qui a fait une course, le chien qui a chassé, l'abeille qui a fait du miel, et le bienfaiteur ne font point de bruit, mais passent à quelque autre action de même nature, comme fait la vigne qui, dans la saison, donne encore d'autres raisins. (p.84)
Etre fort, maître de soi et garder la mesure dans chaque cas est le propre d'un homme dont l'âme est bien faite et indomptable. (I, §16)
Chaque homme ne vaut que ce que valent les objets de ses efforts.
Fais donc au moins tout ce qui dépend de toi. (p.83)
Quoi que tu fasses, dises ou penses, fais le comme quelqu'un qui pourrait déjà quitter la vie.
Si notre essence est la pensée, la pensée doit demeurer toujours supérieure à la passion, la conduire, la régler, en réprimer les excès et les intempérances. Les passions sont toutes bonnes de leur nature, mais il faut savoir s'en servir, et dès qu'elles sont insoumises, elles sont les plus dangereuses ennemies de notre bonheur et de notre sagesse.
En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de respirer, et d'être heureux.