Mets fin à ton errance. Ce n'est plus le moment de relire tes petites notes, ni les hauts faits des Anciens, grecs et romains, ni les extraits de traités que tu as mis de côté pour ta vieillesse. Hâte-toi d'en finir. Repousse les vaines espérances et si tu te soucies de toi-même, porte-toi secours, tant que c'est encore possible.
Ne gaspille pas ce qui te reste à vivre à penser aux autres à moins que tu puisses rapporter ces pensées à quelque intérêt commun. Car tu te prives d'une autre tâche quand tu te demandes ce que fait untel, pourquoi il le fait, ce qu'il dit, ce qu'il a sur le cœur, ce qu'il combine, toutes choses qui te détournent de l'attention qu'il faut porter à ce qui te dirige, toi.
Qu'est ce que la mort ? Qu'on la considère elle seule, et qu'on en détache, en opérant une distinction dans la notion, ce dont l'imagination l'entoure : on comprendra qu'elle n'est rien d'autre qu'une œuvre de la nature et que craindre une œuvre de la nature, c'est de l'enfantillage. Que dis-je ? Ce n'est pas seulement une œuvre de la nature, c'est une œuvre qui lui est utile.
chaque être va vers la fin pour laquelle il est fait et ce vers quoi il va est sa fin, et là où réside sa fin réside aussi son avantage et son bien.
4- Maintes fois je me suis demandé avec étonnement : Comment se fait-il que chacun, quoiqu’il se préfère à tous les autres, fasse moins de cas de sa propre opinion sur lui-même que de l’opinion d’autrui à son endroit ?
Livre XII
42- Je ne mérite pas que je me fasse de la peine à moi-même, n’en ayant jamais fait à autrui volontairement.
Livre VIII
59- Les hommes étant faits les uns pour les autres, instruis-les ou supporte-les.
Livre VIII
32- Il faut composer ta vie action par action et si chacune d’elles atteint sa fin propre, autant que possible, te déclarer satisfait. De faire qu’elle atteigne sa fin propre, personne ne peut t’en empêcher. – Mais un obstacle du dehors me barrera la route. – Ce ne sera rien du moins qui s’oppose à ce que tu pratiques la justice, la tempérance, la prudence. – Mais peut-être une autre forme de mon activité s’en trouvera empêchée. – Peut-être ; mais grâce au pouvoir de faire bon visage à l’obstacle, de se retourner sagement vers le possible, on substitue aussitôt à son premier dessein une autre action qui cadre bien avec cet ensemble dont je parlais plus haut.
Livre VIII
On se cherche des retraites à la campagne, au bord de la mer, à la montagne ; et toi aussi, tu as coutume de désirer ces sortes de choses au plus haut point. Mais tout cela marque une grande simplicité d’esprit, car on peut, à toute heure de son choix, se retirer en soi-même. Nulle part on ne trouve de retraite plus paisible, plus exempte de tracas, que dans son âme, surtout quand elle referme de ces biens sur lesquels il suffit de se pencher pour recouvrer aussitôt toute liberté d’esprit, et par liberté d’esprit, je ne veux dire autre chose que l’état d’une âme bien ordonnée. Accorde-toi donc constamment cette retraite et renouvelle-toi.
Suprême liberté : il vivra sans rechercher ni fuir quoi que ce soit