Le sous titre « quand la bible raconte nos histoires d'amour » est trompeur. il s'agit plutôt d'une méditation de l'auteur, tirée de son expérience et de ses rencontres, sur l'amour humain, la vie affective et la sexualité, illustrée et éclairée par quelques textes bibliques (3 ou 4 seulement). Une réflexion exigeante, sans être normative, qui s'adresse au coeur autant qu'à l'intelligence.
Une écriture belle, douce, poétique, tout en retenue mais dans laquelle on ne rentre pas facilement. Et il faut faire un effort de concentration pour suivre et retenir le fil de la pensée de l'autrice.
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Loin de son caractère tout-puissant, vengeur, ce beau texte met la douceur au coeur de la nature de Dieu. Renversement de perspective dans notre vision de la transcendance. Lecture biblique qui éclaire le quotidien de nos vies, personnelle, affective, professionnelle… cette douceur est le marqueur de notre liberté toujours préservée et de cette présence indéfectible qui ne passera jamais. Texte accessible, très humain et très inspiré de cette dominicaine, capable de redonner de l'allant à nos vies…
Allez-y en confiance !
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Beau livre qui nous parle d'amour à travers le message de la Bible.
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La vie religieuse est soumise à la même question que les autres manières de suivre le Christ : comment est-ce bien toute l’existence qui cherche à s’orienter vers le Christ et pour lui, à travers la prière, la vie communautaire, les vœux d’obéissance, de pauvreté, de chasteté. C’est dans ce mouvement global que se pose la question de la vie affective et du célibat, et non de façon isolée. Les absences, les consentements à l’absence n’ont sens que par rapport à cette quête passionnée du Jour du Christ. Incontestablement, la non maternité constitue un creux, un vide. Il n’est pas comblé par une autre richesse ou fécondité, par exemple la disponibilité pour des missions nouvelles ou un accomplissement intellectuel ou apostolique. Ce discours constitue un déni du réel. Rien ne remplace la maternité, l’attente, l’arrivée, la croissance d’un enfant, de son enfant. Mais il est possible de vivre ce manque sans en être amère, ou trop souffrante. Le véritable enjeu n’est il pas d’habiter la condition réelle qui est la nôtre : célibataire, marié, parent… ? Ne pas faire comme si tout était équivalent. Alors même que nous sommes tous un peu brinquebalant, il s’agit d’habiter chez soi. Non comme dans un état figé, mais comme dans celui à partir duquel il est possible de vivre mieux, avec plus de bonheur, de justesse.
Dieu signifie à l'homme sa condition de créature. Celui-ci est unique, habité du souffle divin; mais en même temps il n'est pas l'égal de Dieu. Cette tension est peut-être ce qui le tenterait de croire qu'il est pareil à Dieu: capable de nommer les commencements, d'être à l'origine du monde, de la vie, de décider du bien et du mal. L'interdit de manger de cet arbre- là, et uniquement de celui-ci, alors même que la Création est à profusion, pose la place symbolique du manque: pour que l'homme vive, il faut qu'il y ait un espace pour du désir. Et celui-ci ne surgit qu'avec de la distance, de l'absence, de la non-complétude. Si tout est à ma disposition, sous ma maîtrise, que puis-je alors désirer? Guette la mort, par saturation.
Interrogation très contemporaine à nouveau: notre temps donne parfois à imaginer que tout peut se prendre, est à portée de main; sans durée de maturation, d'apprentissage, d'apprivoisement. Sans place offerte au vide.
La différence entre l’homme et la femme modèle toute notre vie. Le récit de Genèse 2 raconte que la création de la femme a à voir avec l’homme puisqu’elle est créée à partir de son côté. On peut comprendre ce « côté » comme un mystère. Ce que chacun ignore de lui-même car il ne peut le voir en face. La femme n’est donc ni le clone de l’homme ni sa chose. Car c’est Dieu qui crée. L’homme n’est pas à l’origine de la femme, ce n’est pas lui qui la modèle ; mais elle a bien à voir avec lui. Le récit raconte quelque chose qui est de l’ordre de la ressemblance suffisante et de la différence.
Nos sociétés sont confrontées à cette lourde interrogation anthropologique : ne pas dénier l’inflexible, l’indépassable différence des sexes, tout en assumant son caractère énigmatique. Cette différence fonde le réel des relations et des générations. Sans pour autant tout indiquer du sens de la différence.
Fragilité et force sont à conjuguer.
Il faut dénoncer cette conception selon laquelle la fragilité serait à éliminer. (…) Le fragile du sentiment de dépression, de fatigue, ou votre enfant qui traverse un moment de trouble, ou encore la fragilité nécessaire à la mort d’un être cher, ou désormais la vieillesse considérée comme une maladie… tout cela est-il véritablement à vaincre ? Ou au contraire d’abord à écouter, à accompagner ? (…)
Notre tentation légitime et désastreuse est donc de blinder nos fragilités. Un jour, tout risque de s’effondrer. Un abîme apparaît et parfois des dégringolades sans fin. (…)
Nous ressentons tous cette tentation du jardin d’Éden : devenir comme de faux dieux, en niant nos fragilités, dans une illusion d’autosuffisance où, en fin de compte, nous sommes instrumentalisés.
L’interdit de manger de cet arbre-là (…) pose la place symbolique du manque : pour que l’homme vive, il faut qu’il y ait de la place pour du désir. Et celui-ci ne surgit qu’avec de la distance, de l’absence, de la non-complétude. Si tout est à ma disposition, sous ma maîtrise, que puis-je alors désirer ? Guette la mort, par saturation.
Grande soirée débat : « Face aux scandales dans l'Église, quelle place pour la vérité ? » à la librairie La Procure, 3 rue de Mézières, Paris VIe, le mercredi 15 mars 2023, animée par Christophe Henning, journaliste à La Croix.
Avec les auteurs :
• Tangi Cavalin, historien,
• Véronique Margron, théologienne et présidente de la CORREF,
• Antoine Mourges, historien,
• Claire Vincent-Mory, sociologue.