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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est incontestable, nous avons là un excellent roman. Un roman qui a marqué son époque ; voire, l'a révolutionnée. À tel point que l'énorme scandale qu'il déclencha, valut à Victor Marguerite d'être radié de la Légion d'honneur.

Une époque où les éditeurs mercantiles ne faisaient pas la loi et où le premier pin-pin venu ne s'autoproclamait pas écrivain au prétexte qu'il pond chaque année une niaiserie lucrative. Une époque où écrire exigeait du temps et de la rigueur.
Quel que soient le style et la teneur, que l'on soit conquis ou non, nous ne sommes jamais déçus par la qualité d'écriture de ces ouvrages d'un autre temps.

Mon seul regret est que, involontairement, j'avais mal choisi mon moment pour aborder cette lecture. En effet, en raison de mon récurrent problème de santé, mes sens cognitifs ont été quelque peu altérés durant un petit mois.
Ce style, ces subtilités, ces expressions datant d'un siècle s'heurtant à mon temporaire manque de concentration, j'avoue n'avoir pas été en capacité d'apprécier ce roman à la hauteur qu'il méritait. Et croyez bien que je le regrette.

Grâce à la pharmacopée, je vais mieux aujourd'hui. Pourvu que ça dure !
Pourvu que ça dure car, passionnée de lecture depuis toujours, j'aimerais bien que ma comprenette ne me cantonne pas qu'à des nanars.

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Pour apprécier ce roman à sa juste valeur, il est nécessaire de le restituer à l'époque de son écriture. En 1922,La garçonne scandalise et pas seulement les bourgeois. le journal l' Humanité y va d'une plume assassine. Victor Margueritte sera radié de l'ordre de la légion d'honneur.
Accusé de promouvoir la dépravation des moeurs,de tenir des propos pornographiques, l'auteur réaffirme qu'il n'a rien extrapolé et que,comme Zola, on lui reproche de prêter à ses personnages féminins une aspiration à la liberté. Il ajoute qu'il ne fait que rendre compte d'une dépravation déjà en cours et même supérieur à ce qu'il écrit. On pourrait y voir une ambivalence quant à ses engagements féministes, cependant il dénonce ouvertement le statut de " la femme prisonnière depuis des siècles, esclave habituée à la résignation et à l'ombre, titubant au seuil brusquement ouvert de la lumière et de la liberté."
Son message me semble être que la liberté s'apprend, et qu'en ouvrant la porte d'une cage sans éducation préalable, l'oiseau sera dévoré sans attendre que les ailes puissent se déployer harmonieusement !
Dans Ton corps est à toi, V.Marguerite développe cette idée en introduisant cinq ans plus tard la question de l'avortement.
Dans La garçonne, on suit le parcours d'une jeune fille d'un milieu bourgeois qui ,à la veille de son mariage découvre la turpitude de son fiancé. Assoiffée d'idéal amoureux au point de ne pas avoir perçu l'hypocrisie du système social dans lequel elle a grandi, elle renonce à son mariage et rompt avec sa famille et son milieu. Elle s'engouffre dans un mode de vie qu'elle veut sans limite quant à ses plaisirs. Un monde qui lui permet un temps seulement de profiter de la liberté mais au sacrifice de ses émotions. L'issue de l'histoire peut apparaître comme un retour minable à la morale, tel que Bruno Fuligni le reproche dans sa préface. Pour ma part,j'y vois davantage la dualité de l'auteur qui, à mon avis, est réellement féministe et prône une révolution qui permettrait un jour que les " d'eux sexes finissent un jour par avancer côte à côte harmonieusement ", et en même temps voit comme un piège, une liberté qui serait dépourvue d'une éducation préalable des femmes comme des hommes pour construire un autre modèle d'organisation sociale.
Ce victor Marguerite là me plaît beaucoup. Cependant j'apprends par B.Fuligni que derrière ce féministe anarchissant,se cache un homme qui,sous couvert de prôner la paix, s'est laissé détourner par la propagande allemande. La garçonne avait été utilisée par la Wilhelmstrasse afin de ternir l'image de la France à l'étranger. Attiré par le communisme, et à mon sens trompé par une mauvaise analyse de ce qui se jouait alors,il soutient Hitler lorsqu'il envahit la Rhénane. Ceci ne l'empêche pas de dénoncer la rigidité du stalinisme.
Alors, qui était vraiment Victor Marguerite ? Un humain imparfait avec ses erreurs,certes mais aussi un écrivain qui s'est engagé pour l'égalité homme/femme avec un réel courage et un bel humanisme. Il est toujours plus facile cent ans après de juger des positionnements critiquables que d'agir sans erreur dans une époque chaotique.
C'est un écrivain qui mérite d'être découvert, et dont les textes ne sont pas si démodés qu'on pourrait le penser.
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Ce roman, connu pour avoir scandalisé à l'époque, m'a permis de me plonger dans la France des années 20 qui souhaite oublier la première guerre mondiale avec les noctambules qui dansent et boient pour oublier tout cette terrible période. On suit la destinée de Monique qui après une grosse désillusion sur son futur mari, se retrouve déboussolée et se lance dans des histoires complexes avec une grande liberté de moeurs. le style d'écriture m'a un peu dérouté et pas si simple de s'attacher à cette héroïne qui se cherche mais ne trouve pas vraiment le bonheur ou l'épanouissement. Un livre intéressant à connaître mais qui a un peu vieilli.
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Que diriez-vous de retourner dans les années 1900 pour découvrir l'histoire de Monique Lebrier. Vous ne la connaissez pas encore mais sachez qu'elle n'aura jamais fini de vous surprendre
Alors qu'elle est sur le point de se marier, la jeune femme apprend que son fiancée entretient toujours une relation avec une maîtresse. Humiliée et révoltée, elle décide de sacrifier sa virginité au premier venu. Sa famille la chasse et voilà donc que Monique se retrouve à vivre une vie libre et indépendante : une vie de garçonne.
À sa sortie, le roman de Victor Margueritte est jugée pornographique et anarchiste. Ce livre marquera l'histoire littéraire et la cause des femmes
Malgré quelques longueurs, je vous le recommande. En espérant que vous passiez une aussi bonne lecture que moi
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Outre le courant vestimentaire auquel le livre a donné son nom (et la mode n'y apparaît finalement que très peu !), le roman de Margueritte décrit surtout un style de vie, un mode de pensée, l'ambiance d'une époque. Les garçonnes, celles qui se coupent les cheveux, veulent vivre comme les hommes, bénéficier des mêmes libertés, mener une vie toute aussi dissolue sans que cela leur soit reproché… le roman montre aussi toute l'hypocrisie et la décadence de la haute société de l'époque, mais on trouve beaucoup de résonances actuelles ! C'est un livre très moderne, par son sujet et son esprit tout comme par son style, par ailleurs élégant sans être très littéraire ; j'avais parfois l'impression de lire un roman historique qui aurait comporté des anachronismes !
L'ouvrage est divisé en trois parties, qui forment une boucle. L'auteur nous montre d'abord la jeune fille de bonne famille, sur le point de se marier, et comment celle-ci est dégoûtée par son milieu et son hypocrisie. Puis c'est la partie « décadente », celle qui a fait scandale à l'époque, celle d'une femme qui fume, se drogue, multiplie les liaisons..., avant les tentatives du retour à l'amour et à une vie stable. le roman a beaucoup choqué à l'époque (au point que Margueritte a été radié de la Légion d'honneur !) : c'est bien sûr moins le cas aujourd'hui, mais les scènes sexuelles sont si récurrentes et détaillées que ça en devient lassant…
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Je n'ai pas besoin de vous en faire un résumé la quatrième de couverture vous dis tout au sujet de l'héroïne Monique. Alors vous me direz pourquoi lire ce livre ?
Parce que ce livre parle d'une France qui se relève difficilement de la première guerre mondiale.
La population cherche a oublier cet évènement tragique et absurde dans des plaisirs intellectuels, physiques et artificiels. Nous sommes dans les années folles (1919-1929), la femme est dépendante financièrement de ces parents puis de son époux, les mariages arrangés sont d'actualité et le droit de vote n'est encore réservé qu'aux hommes. Les moeurs et la loi réduisent la femme à trois chose soit une belle poterie, une épouse fidèle et femme féconde.

Victor Margueritte nous décris parfaitement l'atmosphère qui règne durant las années folles en France. En lisant La garçonne, j'ai eu l'impression de naviguer dans les années folles. A travers Monique, l'auteur nous dévoile une France a deux facettes. D'un côté, une France bourgeoise matérialiste, aux codes sociaux stricts, pincés et remplit de tabous, de l'autre une France qui cherche l'oubli dans l'étourdissement de soirées endiablées (dancing, boîte de jazz, fumerie d'opium), les femmes se libèrent de l'oppression des hommes en se coupant les cheveux ou en se comportant en homme.

Comme vous l'avez compris, l'histoire tourne autour de Monique Lerbier personnage le plus développé. Dans un premier temps, Victor Margueritte nous décris une Monique jeune, naïve encore protégée par le monde et forte de conviction. Pour elle la vie est soit blanche soit noire. Puis à la suite de l'ébranlement de ces convictions, elle fait un virage à l'opposé de son éducation, de ses convictions de « jeunes premières » pour devenir une femme forte, indépendante en obtenant son émancipation.
Celle-ci, passe par son indépendance financière grâce à son métier de décoratrice mais aussi par une vie sexuelle débridée (multiplication des partenaires, lesbianisme), l'expérimentation de drogue. Mais l'auteur fait le choix de rendre au fur et à mesure son héroïne faible tout d'abord en recherchant son bonheur à travers la maternité puis fait volte face sur sa vie de garçonne après avoir trouvé l'amour auprès d'un homme.
Je ne vous dis pas ma déception. Cette féministe naissante laisse penser que son émancipation l'entraîne dans la débauche, que son comportement est dû au fait qu'elle est dépressive et trouve quelques réconfort dans les drogues. Mais elle retrouve le droit chemin et le bonheur grâce à un homme, son sauveur. La femme moderne que je suis (sans être une féministe) a été meurtrie par ce revirement.
Les autres personnages sont tour à tour des stéréotypes familiaux et sociaux mais bizarrement cela ne m'a pas empêché d'apprécier certains d'entre eux comme Mme Ambrat ou la tante vielle fille.

Je suis habituellement peu attirée par ce genre littéraire, vous savez à la Marcel Prévost (il faudrait qu'un jour je lui redonne une chance !) mais ici j'ai adoré. L'auteur arrive à faire passer son message sur cette France rigide qu'il souhaite voir entrer dans la modernité des moeurs. La plume de l'auteur est simple mais efficace.

Aujourd'hui, le sujet de ce roman n'est plus vraiment d'actualité (quoi que…) mais permet de se rendre compte des avancés des droits civiques des femmes qui nous permettent aujourd'hui en France de faire entre autre le choix de celui ou celle avec qui ont souhaite faire sa vie.
Dire que ce livre a fait scandale lors de sa publication aussi bien auprès des conservateurs que chez les féministes par les thèmes qu'il aborde entraînant la destitution de l'auteur de sa légion d'honneur alors que je trouve les propos et les détails sur les moment de sexes et de drogues soft. Je me dis qu'ils seraient choqués par notre société !

Ce livre fut un bon moment de lecture. L'auteur décris avec finesse l'atmosphère qui règne durant les années folle mais j'ai été déçu par le choix à 360° qu'a effectué l'auteur sur le devenir de son héroïne, son revirement de sa vie de garçonne sous prétexte qu'elle aurait trouvé l'AMOUR. ( Non je ne suis aigries !)
Rare sont les fois où je trouve grâce à une préface. Ici celle de Yannick Ripa apporte des informations sur le contexte historique, politique et sociale qui entoure le livre. Mais je vous conseille de la lire à la fin du livre même si elle ne dévoile pas l'histoire.
Lien : http://pourvoyagerjai.blogsp..
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Une histoire passionnante !!

Je n'avais jamais trop entendu parlé de ce roman qui, pourtant, a marqué l'histoire littéraire et la cause des femmes. La garçonne... une jeune femme qui entend mener sa vie de manière indépendante et non conventionnelle. Ces quelques mots résumeraient à eux seuls le roman.
La sortie de ce roman en 1922 provoque un scandale et vaut à l'auteur une réputation de pornographe et d'anarchiste. En effet, j'imagine fortement que la sortie de ce roman ait fait du bruit à l'époque. Une jeune femme émancipée pour héroïne principale. L'égalité des sexes mise en avant. La mise en avant de moeurs non conventionnelles issues d'un certain milieu bourgeois parisien avec des relations sexuelles bisexuelles, libertines aussi. J'imagine donc fortement que le lecteur de l'époque n'était pas prêt à cela.
L'héroïne est étonnante. La femme moderne prend petit à petit de l'ampleur. Une époque à l'instar de l'héroïne pour qui le plaisir des sens n'aura aucunes limites, elle est ouverte au changement.
On s'attache à cette jeune femme éprise de liberté, on assiste à ses choix de vie. Seront-ils les bons, on le découvrira au fil des pages. On assiste petit à petit à son émancipation et à sa construction de femme indépendante. On la sent tourmentée.
L'auteur soulève dans son roman bons nombres de questions qui pouvaient très certainement choquer à l'époque de sa sortie. Un roman très audacieux pour son époque.
Aucun temps mort, le roman est rythmé de bout en bout. Un auteur qui ose peindre les moeurs extravagantes d'un certain milieu bourgeois.
Une période historique très intéressante, ivre de liberté et d'émancipation.
Chronique en ligne :
Lien : https://shereadsabook.blogsp..
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Lire aujourd'hui la Garçonne n'a presque plus rien de choquant, il suffit d'allumer sa télé pour y voir bien pire. Mais il faut se replacer dans le contexte de 1922 pour saisir l'électro-choc qu'a pu causer ce livre.

Alors que les femmes n'ont ni droit de vote, ni droit sur leur corps, ni droits tout court (si on pousse un peu, mais juste un peu) mais surtout des devoirs vis à vis des hommes, la jeune Monique décide, à la suite d'une cruelle désillusion amoureuse, d'un conflit familial et de la perte d'un être cher, de tourner le dos aux conventions et de vivre comme un homme, à savoir comme elle l'entend.
A grimper dans les couches de la société alors qu'elle s'abîme dans la dépression, elle découvrira la luxure, la drogue et la débauche qui tapissent les hautes strates des milieux huppés. (Constatation qui coûtera à Victor Margueritte sa légion d'honneur)

Ce livre est aussi un coup d'oeil dans le miroir, pour se souvenir de la condition de la femme d'hier, et jeter un regard neuf sur celle d'aujourd'hui.

Mais plus qu'un roman social, qu'un roman initiatique, La Garçonne est est le cri d'une âme blessée qui cherche tant bien que mal son droit au bonheur, au travers des cicatrices, des déceptions et de l'amertume.
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J'ai commencé cette lecture en février puis j'ai abandonné. Je n'arrivais pas à me mettre dedans. Je l'ai donc mis de côté, me disant que ce n'était pas le moment pour le lire. Puis, relisant le résumé, je me suis dit que je ne devais pas l'abandonner. Alors je m'y suis remise quelques mois après, laissant de côté mes craintes.

Le livre est sorti après guerre, en 1922 est à fait polémique de part les sujets traités. On le qualifia même de « livre bidet » car il décrit les années folles d'après guerre où le sexe, la drogue, la décadence et la liberté sont au coeur des préoccupations.

L'histoire porte sur Monique, jeune fille issue de la bourgeoisie parisienne. Née au 20e siècle et suite à une déception amoureuse, elle se retrouve à rompre ses fiançailles avec Lucien Vigneret, qui la trompe alors qu'elle le voyait comme l'homme idéal.  Dans le cercle de la bourgeoisie, Monique va vite prendre son indépendance et va changer. Fini la gentille Monique, bonjour Monique qui est honnête, franche et qui décide tout simplement de vivre à la Garçonne, faire ce qu'elle veut de ses amants, menant une vie sexuelle libre. Cependant, Monique va aussi connaitre la solitude, la tristesse et cette odyssée va être bien plus ardue qu'elle le pensait.

Ce roman était prometteur par le résumé et m'a tout de suite attiré. On se retrouve plonger dans le Paris d'après-guerre, le Paris des années folles avec une femme qui ne désire qu'une chose : s'émanciper dans des temps où la femme est censée rester bien sagement à la maison. Ce livre est une véritable ode à la liberté de la femme.

Monique est la représentation même de la femme moderne, qui est courageuse, ne prête pas attention au quand dira-t-on et qui fait ce qu'elle veut. J'ai beaucoup apprécié cette femme qui malgré tous les coups bas qu'elle va recevoir, reste forte et se bat pour ses convictions. Elle va passer par des hauts et des bas la rendant plus attachante et je n'avais envie que d'une chose : la prendre dans mes bras quand ça ne va pas. Elle est morale et exigeante et on ne peut qu'admirer sa force de caractère. Même quand le monde se ligue contre elle et ce qu'elle est, elle reste forte refusant tous compromis que la société impose. Monique ne se laisse pas faire et tient tête aux hommes.

Le gros point négatif de cette lecture et qui m'a énormément posé problème lors de ma première lecture a été le style de l'écriture qui a été très étrange. Les phrases sont courtes ce qui rendait la lecture saccadait, me coupant dans ma lecture et m'empêchant de rentrer pleinement dans ma lecture ; Ca avec quelques longueurs m'ont perturbé et m'ont fait abandonner cette lecture au mois de février.

J'ai adoré découvrir cette femme de convictions. L'auteur arrive à dépeindre à merveille ce Paris des années folles d'après guerre, à faire de ce livre une histoire féministe engagée et avant-gardiste qui en dit long sur la société d'avant.

Le combat des femmes pour obtenir leur émancipation, leur liberté dure depuis des décennies. Ce livre dépeint parfaitement ce combat qui est encore de nos jours un sujet d'actualité qui me tient à coeur.

Cette lecture n'a pas été un coup de coeur mais reste quand même appréciable. Cependant, le style d'écriture m'a vraiment posé problème mais outre cela, l'histoire en elle-même ne peut que forger admiration face à cette femme.
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Le roman fit scandale à l'époque (une autre époque donc...).
De nos jours, il fait toujours un peu polémique entre ceux qui le trouvent féministe et ceux qui le trouvent antiféministe.
Si on suit le parcours de l'héroïne qui, déçue par sa première expérience amoureuse, s'émancipe et se tourne vers des expériences homosexuelles, on ne peut que constater, au final, qu'elle découvre le "grand amour " (avec un homme) et l'épouse. L'auteur a donc mis en scène une homosexualité par défaut, par déception, expérimentale en quelque sorte, avant que l'héroïne ne retourne dans le "droit chemin". Vu sous cet angle, il n'y a rien de féministe, et encore moins de soutien aux luttes des lesbiennes pour la reconnaissance de leurs droits. Mais la lutte des lesbiennes n'est qu'un appendice du féminisme, une partie marginale de la lutte féministe pour l'égalité Homme/Femme dans la société.
La visée de l'auteur est à mon sens ailleurs. Il apparaît plus concerné par le féminisme que par la question lesbienne.
Si on considère en effet la critique sociale de la bourgeoisie et la place de la femme au sein de celle-ci, le roman est virulent et mordant. On dirait que l'auteur s'en donne à coeur joie. de ce point de vue, le roman apparaît féministe et, vu l'époque (les années 20), très en avance sur son temps. Je crois que c'est surtout cela que la bourgeoisie de l'époque ne lui a pas pardonné, lui retirant la légion d'honneur.
Il semble que Victor Marguerite ait voulu anticiper cette réaction de la bourgeoisie, dont il attaque clairement le mode de vie jusqu'à le ridiculiser (les mariages arrangés, la position subalterne des femmes), en inventant une "fin convenable" pour échapper à son ire. Mais celle-ci, à l'évidence, ne s'est pas laissé rouler dans la farine et a puni l'auteur.
A lire car c'est, à mon avis, une étape, un jalon historique dans la littérature féministe qu'il ne faut pas mépriser parce qu'il nous paraît incomplet.
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