AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,52

sur 104 notes
5
6 avis
4
12 avis
3
9 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Paru en 1922, ce roman d'après-guerre prend place dans les années folles, contexte d'intense activité sociale, artistique et culturelle, où les populations s'amusent et rêvent d'un monde nouveau, sans plus jamais de conflit. Une parution célèbre pour les nombreux scandales qu'elle a engendrée dès sa sortie : accusé de pornographie, largement critiqué, pointé du doigt par les féministes, censuré abondamment, notamment par le Vatican… pour finalement être traduit dans de nombreuses langues à travers le monde et adapté pas moins de quatre fois au cinéma !

Notre héroïne, Monique Lherbier, appartient, grâce à ses parents, à un cercle de personnalités mondaines, bien loin de ses aspirations personnelles. Hypocrisie, intérêts financiers, malhonnêteté, mariage forcé…. Monique en a marre et décide de rompre avec ces valeurs qu'elle ne partage pas. Elle s'isole, se différencie des autres, trace son propre chemin, sans s'occuper du regard extérieur et des convenances habituelles. Elle revendique son indépendance et sa liberté en tant que femme.

Victor Margueritte met à l'honneur la montée en puissance du féminisme d'après-guerre. Dans une France encore fragilisée et obtus, notre héroïne fait figure de précurseur bienveillante. Elle se fait une coupe de cheveux « à la garçonne », elle ne souhaite pas suivre le chemin déjà tracé des femmes de son âge : s'entraver dans un mariage et concevoir des enfants. Ce qu'elle veut, c'est jouir intensément de sa vie, profiter de tous les plaisirs à portée de main. Elle renvoie l'image d'une femme à la sexualité débridée, qui ne rougie pas de sortir fréquemment dans les bordels et d'en revenir avec des hommes, des femmes, parfois les deux ; une bisexualité qu'elle affiche librement. Elle s'enivre de la vie jusqu'à l'excès : bien qu'elle ne prenne que peu d'alcool, elle se vautre dans les drogues de toutes sortes. Elle a d'ailleurs aménagé un logement spécialement réservé à ses soirées de débauche libertines et à ses pratiques expérimentales nouvelles. Rassurez-vous, rien de graveleux néanmoins, les scènes tendent à être scandaleuses mais aucune description n'est assez explicite pour en devenir abjecte.

La question du mariage est longuement débattu, parfois trop. Des paragraphes entiers sont savamment consacré à cette thématique, dans d'interminables échanges entre des personnages aux points de vue convergents. Des passages qui m'ont passablement ennuyés, je dois l'avouer. D'abord, Victor Margueritte emploie le terme « garçonne » dans le sens où « il faut laisser mener aux jeunes filles aussi, avant le mariage, leur vie de garçon. Elles n'en seront pas moins de bonnes épouses, leur gourme jetée. » Après une expérience de mariage forcé avorti, Monique souhaite réaliser son rôle de femme avant de devenir épouse et mère. Elle apporte d'ailleurs une vision du mariage nouveau : la femme comme dominatrice, à égalité dans son couple avec l'homme.

Face aux hommes, Monique ne se laisse pas assagir. Elle leur tient tête et revendique haut et fort qu'une femme n'a pas que des devoirs, qu'elle a également des droits, qui la placent à égalité de l'homme. L'exemple professionnel de Monique est inspirant : c'est une femme qui a réussi à bâtir son propre empire, qui est devenue indépendante financièrement, sans dépendre de quiconque. Décoratrice d'intérieur, elle a installé un commerce rue La Boétie à Paris, qui a le mérite d'avoir prospéré admirablement. Une femme moderne, avant-gardiste, méritante.

Mais Monique, comme toutes personnes, a également ses faiblesses. Victor Margueritte nous dresse un portrait psychologique tourmenté de notre héroïne, contrebalancé entre les convenances, ses aspirations véritables, ses désirs profonds et la réalité des choses. de déceptions en regain d'espoir, de joies intenses en tristesse, nous cheminons à ses côtés, spectateurs de ses histoires amoureuses débridées, de ses choix de vie pas souvent acceptés, mais longuement jugés. Derrière la femme fatale et sensuelle, se cache une protagoniste particulièrement touchante, insaisissable, surprenante.

Somme toute, ce sont deux mondes qui s'affrontent : un monde de luxe, de vanité, de vices, une société étroite d'esprit, maniérée en parallèle d'un monde de débauche, d'ivresse, d'amoralité, de nécessité absolu de vivre. Un tableau assez juste de deux sociétés disjointes, obligées de cohabiter.

Un roman initiatique d'après-guerre, où l'héroïne Monique se complait dans l'allégresse des années folles. Une histoire féministe engagée et avant-gardiste, qui en dit long sur la société de l'époque.
Lien : https://analire.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          120
Cent ans après, il est évidemment difficile de comprendre pourquoi ce roman, best seller des années folles, a causé un tel scandale et coûté à son auteur une déchéance de la Légion d'honneur. On comprend mieux aussi qu'il soit tombé dans l'oubli, Victor Marguerite, fervent pacifiste, ayant eu quelques compromissions pendant l'Occupation.

La lecture reste cependant intéressante, au même titre que la lecture de Zola par exemple, pour se replonger dans les déterminismes sociaux d'une époque coincée entre le traumatisme de la première guerre mondiale et la suite que l'on connaît. le roman est assez inégal, avec des scènes et des réflexions intéressantes sur le mariage, les stéréotypes de genre, mais pas mal de tartes à la crème et un schéma d'ensemble qui s'avère finalement convenu et décevant.
Effectivement, en arrivant au terme du roman, le lecteur comprend que les tentatives d'émancipation de Monique, cette jeune fille révoltée qui décide de vivre "comme un garçon", ne sont décrites que comme une longue et douloureuse errance, dont le dénouement sera un sage retour dans le rang.

Monique apparaît effectivement comme une victime de l'hypocrisie des convenances sociales et de la veulerie des hommes, en quête de sincérité et de vérité, plutôt qu'une féministe qui se construit une autonomie. Son indépendance est d'ailleurs permise uniquement par l'aisance financière que lui confère son statut social et lui donne une chance de pouvoir créer son activité professionnelle.

Victor Margueritte semble croire aux contes de fées en concluant le roman sur une happy end pénible pour la lectrice contemporaine, où la jeune femme, telle une Marie Madeleine moderne, se confond dans le repentir sous le regard bienveillant de son ultime (espérons le) amant. Avouons que c'est décevant et difficile à avaler. Mais La garçonne reste une lecture agréable et intéressante pour qui s'intéresse à la représentation de l'émancipation féminine dans la littérature.
Commenter  J’apprécie          93
"La garçonne" de Victor Margueritte a presque un siècle d'existence puisqu'il a été écrit lors du premier semestre 1922. À l'époque il avait causé un tel scandale que la Légion d'honneur fut retirée à son auteur. Intrigué par ce "roman sulfureux des Années Folles" comme le clame la couverture de sa nouvelle édition, je l'avais donc coché avec d'autres lors de la dernière Masse Critique.

Dans le Paris de l'après Première Guerre mondiale, Monique, fille unique d'un couple bourgeois doit se marier avec un ingénieur. C'est l'occasion pour l'auteur de décrire finement le milieu bourgeois parisien. La mère n'est que dans le paraître ; pour elle, il faut qu'elle soit vue dans les lieux à la mode (opéra, restaurants). le père, lui, est un industriel et le mariage de sa fille ne lui sert qu'à apporter de l'argent frais à son entreprise. Mais tout tombe à l'eau lorsque Monique, l'héroïne naïve, découvre que son fiancé entretient une maîtresse, et que cela ne choque même pas ses parents : ce sont les modes de fonctionnement normaux entre les hommes et les femmes de son milieu. Elle rompt alors avec sa famille et décide de vivre comme les hommes, comme une garçonne. Et c'est là que le roman s'est mis à m'ennuyer de plus en plus. Monique, personnage qui n'a pas réussi à attirer ma sympathie, se met à répéter le même schéma : elle est dépressive, s'enfonce dans la débauche (lesbianisme et/ou partouze et/ou drogue), tombe amoureuse d'un homme qui est l'Elu et la sort de sa fange mais qui finalement la déçoit et qu'elle quitte. Elle retombe alors dans la dépression et un nouveau cycle recommence.

Alors oui, ce roman parle de féminisme, mais, avec un siècle d'écart, ce qui était choquant à l'époque n'est que banal aujourd'hui : les femmes travaillent et ont une vie sexuelle libre.
Quant à la réputation de roman pornographique, elle est totalement usurpée aujourd'hui. Oui, l'héroïne est bisexuelle mais c'est tout. le roman ne comporte aucune scène même légèrement érotique. Je me souviens avoir lu il y a trente-cinq ans, en classe de 5e, "La nuit des temps" de René Barjavel autrement plus explicite sexuellement.

Il faut lire ce roman plus pour mesurer les progrès effectués en un siècle dans la condition féminine que pour ses qualités littéraires. Il est à noter que cette édition de poche de 2021 comporte une préface de Bruno Fuligni qui révèle que Victor Margueritte était tellement pacifiste qu'il était devenu un collaborateur du régime nazi lors de la Seconde guerre mondiale. "Heureusement" pour lui qu'il est décédé en 1942.

Je remercie les Éditions Archipoche de m'avoir envoyé ce roman dans le cadre de la Masse Critique de babelio.
Commenter  J’apprécie          90
La garçonne est célèbre pour le scandale qui fut causé par sa sortie, mais il est sûr que le lecteur moderne n'est pas spécialement abasourdi par ce qu'il y trouve. A vrai dire, j'ai été assez déçue par la fin et, comme souvent dans ce genre de cas, cela colore ma vision d'un livre que j'avais beaucoup apprécié aux 4/5ème !
Je m'explique, mais en texte masqué, car je m'apprête à dévoiler la fin

A lire pour le côté historique de la chose, je dirais, mais si vous voulez lire un livre sur la libération de la femme, ce n'est peut-être pas un si bon choix!
Commenter  J’apprécie          70
Un livre instructif et riche, ayant pourtant fait scandale à sa sortie en 1922. Il a été jugé pornographique. On parle de sujets assez tabou pour l'époque : le droit de vote des femmes, la toxicomanie ou encore la bisexualité 👫🏼
.
C'est un roman intéressant si l'on s'intéresse à l'émancipation de la femme, à la cause féministe. Je ne peux que vous le conseiller 🌸
.
On parle de Monique qui s'apprête à épouser un jeune homme, ses parents sont aux anges. Mais à la veille du mariage, Monique apprend que son fiancé a une maîtresse. Alors, par soif de vengeance elle se sacrifie au premier inconnu, mène une vie libre et indépendante. Une vie de garçonne.
.
Merci @editions_archipel ❤️
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          40
Certes, le roman a fait scandale à sa sortie : une femme qui se coupe les cheveux, qui rompt avec ses parents, qui se drogue, qui couche avec des femmes, mais aussi des hommes, qui cherche le plaisir dans la sexualité et non la maternité, et surtout qui refuse l'influence des hommes. Elle veut être libre, et son premier acte est de refuser d'être un objet. Oui, elle est indépendante "comme les garçons", ayant même son lieu de plaisir, sa garçonnière.
Cependant, j'ai trouvé que cette réputation sulfureuse attachée au roman trop forte aujourd'hui. La sexualité n'est pas si présente - les actes ne sont pas décrits, les personnages parlent mais ne font pas sous nos yeux ; ce n'est pas Sade ! Et pour atténuer les reproches qu'on pourrait lui faire, Monique refuse le communisme et le bolchévisme, donne à des oeuvres de charité, s'apitoie devant des orphelins... Elle qui se croit libre se laisse enfermer dans une relation toxique où un homme lui dit qui voir, à qui parler, contrôle sa façon de s'habiller. Et finalement, par amour, elle accepte le mariage, la maternité, et même de faire repousser ses cheveux, en signe de renonciation à son indépendance.
Autre reproche à ce livre, le milieu décrit n'est absolument pas représentatif de la société française des années 20, un milieu très parisien et très privilégié, loin des paysannes qui composent majoritairement la population française.
Une oeuvre qui vaut donc pour la représentation d'une certaine société, de certaines femmes, à l'origine d'un type historique, plus que pour la richesse de son intrigue.
Commenter  J’apprécie          40
L'histoire se déroule pendant dans la période des années folles (1920-1929). Cette période est marquée par une effervescence culturelle et intellectuelle, mais aussi par une remise en cause des valeurs d'avant-guerre et notamment, comme dans la garçonne sur le statut de la femme en France. En effet, nous sommes loin de l'égalité des droits entre hommes et femmes qui n'apparaissent qu'en 1946. Les mariages « arrangés » sont encore pratiqués. Force est de constater que la femme passe de la tutelle patriarcale à celle matrimoniale. Elle ne dispose ni de ses biens (1965), ni de son corps (en 1920 une loi interdit la contraception ainsi que l'avortement).

En 1922, Monique Lerbier n'a que 19 ans et pourtant dans quelques jours à peine elle va épouser l'homme qu'elle aime et qui pense en être aimé. Cette fille de bonne famille place son entière confiance en son fiancé, jusqu'au soir où elle le surprend en compagnie de sa maîtresse.
Son petit monde idyllique dans lequel elle s'imaginait vivre éclate en morceaux. Alors, son attitude change radicalement en effaçant la jeune fille naïve qu'elle était de sa mémoire.

Nous retrouvons quelque mois plus tard une Monique transfigurée par son nouveau mode de vie. En effet, notre protagoniste va multiplier les conquêtes d'un soir, qu'elles soient masculines ou féminines pendant les soirées mondaines. Elle expérimentera la drogue avec notamment, la prise d'opium. Son émancipation passera aussi par son indépendance financière grâce à son métier de décoratrice dans lequel elle excelle.
Pourtant, cette superficialité la rend-elle plus heureuse?

Ce roman fit scandale à sa sortie en partie à cause des scènes de « lesbianismes » qui pouvaient choquer à cette époque. Ce livre met les hommes face à leur injustice envers les femmes, en particulier pour l'inégalité sexuelle au XXe siècle. En effet, pourquoi les femmes devaient-elles rester absolument vierges avant le mariage contrairement aux hommes ? Comme le montre très justement un des protagonistes à ce sujet : « le pucelage est la source des vices et des malheurs qui suivent nos mariages actuels ».
Note: 7,5/10
Lien : http://metamorphoselivresque..
Commenter  J’apprécie          40
Roman édifiant un tantinet Balzacien ou l'émancipation de la femme par la débauche puis sa rédemption par le mariage. C'est beau! C'est chiant. Gageons que ce livre a déchaîné la censure non pour la légèreté de quelques scènes mais plus certainement pour la mise en lumière des différences de moeurs entre les deux sexes. Et si les femmes se mettaient à vivre comme nous? Quelle horreur !
Commenter  J’apprécie          30
Si j'ai trouvé ce roman très intéressant au niveau historique, je dois avouer que le style propre à l'époque, plutôt descriptif et lent m'a un peu ennuyé. D'autant que le vocabulaire utilisé et les tournures de phrases nécessitent une certaine concentration.
Lien : https://carnetdelecture1.wor..
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (294) Voir plus



Quiz Voir plus

Les emmerdeuses de la littérature

Les femmes écrivains ont souvent rencontré l'hostilité de leurs confrères. Mais il y a une exception parmi eux, un homme qui les a défendues, lequel?

Houellebecq
Flaubert
Edmond de Goncourt
Maupassant
Eric Zemmour

10 questions
565 lecteurs ont répondu
Thèmes : écriture , féminisme , luttes politiquesCréer un quiz sur ce livre

{* *}