Enzo Mari ou l'art de revisiter les choses. Designer inventeur du DIY (Do it yourself),
Enzo Mari fait de cette « devise » ou de cette injonction, très actuelle désormais, une proposition qui est, au final, une façon d'interpeller tout simplement le rapport à l'enfant. Partant des
fables les plus célèbres, qu'elles soient d'
Esope ou
De La Fontaine, d'Occident ou d'ailleurs, il fait le pari que la liberté d'expression se construit via la créativité et par l'exercice de l'imagination. Les activités qu'il propose ont des caractéristiques fortes ; elles ont un but. Il ne s'agit pas de faire n'importe quoi et d'accorder à tout ce qui est produit le statut de réussite, non,
Enzo Mari invite à construire une histoire, selon les règles, et pour cela, il en propose la structure. de même affirme-t-il que peu importe les contraintes, le nombre de cartes, de personnages et de décor sont limités, pour autant, il n'y a pas, une, pas cent, mais autant d'histoire que l'on veut. A force de faire, défaire et refaire, c'est cette structure que l'enfant s'approprie puis exploite pour des histoires toujours plus riches et toujours plus personnelles.
Enzo Mari donne des clés, pas le contenu. Cela, c'est la voie et la voix de l'enfant. En donnant ainsi les moyens d'inventer, il libère l'imagination, sollicite la créativité, participe à la construction de la liberté d'expression comme de l'esprit critique. Il en deviendra riche, tout comme son histoire, s'il s'entraîne et qu'elle l'entraîne hors des sentiers battus, hors des choses toutes faites, normatives, imposées à tous. Une série de carte fortement cartonnées constitue le « livre » ; ocres, blanches ou noires, s'y détachent les silhouettes stylisées d'animaux et de plantes ; parfois, seuls des yeux luisent. Les cartes s'emboîtent, tenant ainsi debout, formant alors des structures verticales entre lesquelles, comme autant de phrases, se déroule l'histoire. C'est un livre à construire plus qu'à feuilleter, à bâtir plus qu'à regarder, à raconter plus qu'à lire.