Livre spécial, critique spéciale.
Premièrement, parce qu'il s'agit de ma 400eme critique sur Babelio, et ça, ça se fête.
Et donc, livre spécial, parce qu'il s'agit d'un cadeau d'un membre de Babelio, Myrtil, que je salue ici chaleureusement et à qui cette critique est dédiée.
Bloody Marie est dans la plus pure tradition du Space Opera, terme à tort péjoratif.
Le Space Opera, était à ses débuts considéré comme un genre mineur (voire minable), qui se caractérisait par la transposition dans l'espace de n'importe quelle aventure.
Dans son (excellente) Histoire de la
Science-Fiction, volume 2 (1938-1957),
Jacques Sadoul nous conte l'histoire du premier numero de Galaxy en 1950, où l'éditeur Horace Leonard Gold "s'était amusé à écrire une courte scène de western puis sa transposition en "sci-fi" bas de gamme, le cheval devenant astronef, Tombstone transformé en planète Bbllzznaj et le cowboy, son six-coups en main, métamorphosé en spationaute armé d'un pistolet à protons. C'était ce type de
science-fiction là qu'on ne trouverait jamais dans Galaxy, précisait-il pour terminer."
Cette mauvaise image "sci-fi" du Space Opera - qui perdure encore parfois actuellement, a fortement marqué le genre et contribué à ce que de nombreux lecteurs lui tourne le dos...
Au moins jusqu'à l'arrivée en 1977, de la Guerre des Etoiles, exemple flagrant de Space Opera.
Bien évidemment, le genre, aujourd'hui, s'est bien développé.
Wikipedia parle d' "aventures épiques ou dramatiques se déroulant dans un contexte géopolitique complexe", ce qui colle plus à la vision que j'en ai, à travers des oeuvres comme Les Guerriers du Silence de
Pierre Bordage, ou ce
Bloody Marie de
Jacques Martel.
Donc nous voila au beau milieu d'une histoire de pirates, de corsaires, dans un contexte tendu de réappropriation de l'Espace.
Lors de l'Expansion, l'humanité a colonisé toute la galaxie, jusqu'à l'Effondrement, qui coupa court aux voyages interplanétaires et isola les essaims humains sur chaque planète, seuls face à leurs propres destinées.
Et nous voilà à l'ère de l'Essor, où les expéditions reprennent timidement, sous les bannières de deux compagnies, la Ligue des Cinq Comptoirs et la Flotte, qui vont voir leurs navires attaqués par des Pirates de l'Espace. Les Sociétés vont donc faire appel à des Corsaires, exactement comme au 18eme siècle.
Si l'on peut y voir une simple transposition d'une histoire de pirates,
Jacques Martel injecte une énorme dose de SF avec la mythologie d'une Piraterie Spatiale, la potentialité d'une autre race arpentant le vide, créant tout un univers qui lui est propre, picorant dans toute l'histoire de l'humanité pour donner un visage à ce futur qui semble si proche et si éloigné.
Bref, un énorme coup de coeur.