J’arriverais à ouvrir les yeux à sept heures et demie, je poserais le pied par terre, je m’habillerais et j’ouvrirais les Gens. Je trouverais la force de sourire aux clients, de leur parler. Je réussirais, je n’avais pas le choix.
Hé ! Mes amours… je suis revenue… vous me manquez… C’était bien l’Irlande, mais ça aurait été mieux avec vous deux. Ma Clara, si tu savais… je me suis roulée dans le sable avec un gros chien comme tu n’en as jamais vu, tu aurais pu monter sur son dos et lui faire de gros câlins… Je regrette que tu n’en aies pas eu un comme lui… Maman t’aime…
Si je commence une histoire avec toi, je te reprocherai un jour ou l’autre de ne pas être lui… d’être toi. Je ne veux pas de ça… Tu n’es pas ma béquille, ni un médicament, tu mérites d’être aimé sans condition, pour toi seul et non pour tes vertus curatives. Et je sais que… je ne t’aime pas comme il faut. En tout cas, pas encore. Il faut d’abord que je me reconstruise, que je sois forte, que j’aille bien, que je n’aie plus besoin d’aide. Après ça, seulement, je pourrai encore aimer.
Force était de constater qu’aucun homme ne pourrait lui résister. Elle était magnifique, avec sa robe noire qui n’était ni vulgaire, ni aguichante. Juste sexy, classe, dévoilant ce qu’il fallait de peau pour donner envie d’en découvrir plus.
N’importe quelle femme à côté passait pour une gamine à la sortie du lycée. C’était la femme d’affaires sexy en week-end, avec son jean de luxe, ses escarpins vertigineux sans aucune tache de boue et ses ongles manucurés. Autant le reconnaître, mon look lendemain de fête ne jouait pas en ma faveur.
C’était difficile de me sentir chez moi, rien ne me rappelait ma vie d’avant. La nuit n’était pas éclairée par les lampadaires ni animée par les bruits citadins. Lorsque le vent faiblissait, le silence en devenait oppressant. J’aurais rêvé que mes voisins (toujours absents) fassent une grosse fête pour avoir une berceuse. Les odeurs entêtantes des pots-pourris n’avaient rien à voir avec celle du parquet ciré de notre appartement, et l’anonymat des commerces parisiens était définitivement très loin.
Je devais réussir à m’échapper, lui couper l’herbe sous le pied, le rassurer tout en me débarrassant de lui. Rester chez moi était exclu. Partir, quitter définitivement Paris, c’était finalement la solution. Trouver un coin perdu où il ne me suivrait pas.
Ta vie se résume à fumer, boire et dormir. Votre appartement s’est transformé en sanctuaire. Je n’en peux plus de te voir tous les jours t’enfoncer un peu plus.
La vie se résumait à une fête géante, pimentée d’une sexualité débridée et d’une consommation de substances qu’il testait en avant-première.