Le public français connait surtout Steve Martin pour ses films, notamment dans Le père de la mariée, Treize à la douzaine, ou encore dans le récent remake de La panthère rose. On sait moins que, de l'autre côté de l'Atlantique, il est beaucoup plus polyvalent que sa simple filmographie le laisse à penser ici. Révélé grâce au stand up alors qu'il était étudiant en philosophie, Steve Martin est en fait un artiste complet : acteur, certes, mais aussi humoriste, musicien, scénariste et... auteur. Outre une pièce et même quelques romans qui ont bénéficié d'une traduction française, Steve Martin écrit des chroniques et textes humoristiques pour le célèbre magazine
The New Yorker.
L'introduction rédigée par Steve Martin lui-même raconte comment, alors qu'il était en panne d'inspiration, une boutade de sa femme concernant leur chien lui a donné l'idée d'une légende pour un éventuel dessin humoristique. N'ayant pas le talent des illustrateurs qui publiaient déjà dans le New Yorker et dont il admirait le travail, il a fait par de son idée à sa directrice artistique, laquelle l'a mis en lien avec le dessinateur
Harry Bliss. Pas ou en tout cas peu connu dans l'hexagone, cet artiste de renom aux Etats-Unis publie dans environ 80 journaux et revues des cartoons, dessins satiriques et autres illustrations qui ont fait son succès.
La collaboration entre ces deux artistes aux talents complémentaires a manifestement fait mouche : de leurs créations communes publiées dans le New Yorker est né ce recueil, qui permet aujourd'hui de rassembler en un seul ouvrage le meilleur de leurs publications depuis 2019. le plus souvent des images uniques, parfois quelques vignettes pour raconter une scène ou un bref dialogue, mais toujours dans un format court, les productions de S.Martin et H.Bliss témoignent d'un humour décalé et délirant qu'on découvre rapidement être leur marque de fabrique. Aucun doute que ces deux-là étaient faits pour s'entendre !
Au départ essentiellement des images mettant en scène des chiens et des chats, les créations du duo ont évolué avec le temps, jusqu'à se représenter et se mettre en scène eux-mêmes, mise en abîme nourrie d'une autodérision décomplexée et rafraîchissante qui fait du lecteur leur invité d'honneur, un compagnon à part entière. Qu'ils abordent l'art, les relations amoureuses, des faits de société (ou, parfois, qu'ils se contentent simplement d'un bon gag totalement gratuit), c'est toujours en usant d'un comique de situation ou d'un délicieux sens de l'absurde qui ne sont parfois pas sans évoquer l'humour d'un
Philippe Geluck, l'American Touch en plus.
En bref : Ce recueil de dessins humoristiques de Steve Martin et
Harry Bliss fait la part belle à l'absurde et au comique de situation ; une image et une légende suffisent parfois à nous faire sourire dans cette sympathique compilation de leurs publications pour le New Yorker. Vaste terrain de jeu de ces deux artistes hyper complémentaires,
Une abondance de pigeons est un album à l'humour décalé qu'il fait bon lire !