Witchblade Volume 7

Ce tome regroupe les épisodes 121 à 124 de la série mensuelle, ainsi que le numéro annuel 1. Il fait suite à Witchblade 6.

Le tome commence avec 12 pages d'introduction (déjà lues dans Broken Trinity 1) qui rappelle qui est qui, à savoir Sara Pezzini, Danielle Baptiste, Jackie Estacado, Cyberforce, tout ça raconté par Gretchen Fullmer, une journaliste. Ce rappel permet à n'importe quel nouveau lecteur de comprendre immédiatement quels sont les personnages qu'il rencontre. le scénario est de Ron Marz et les illustrations de Stjepan Sejic.

Les épisodes 121 à 124 (scénario de Ron Marz, illustrations de Stjepan Sejic) forment une histoire complète intitulée "Crown Heights". Il ne manque plus qu'une preuve irréfutable à Gretchen Fullmer pour que son article sur la véritable nature de Witchblade fasse la une. Elle suit donc Sara Pezzini sur le terrain. Cette dernière a été missionnée pour enquêter sur un meurtre peu commun. Un homme a été sauvagement assassiné dans une synagogue, lieu de prières de la communauté Habad-Loubavitch qui est l'une des principales branches de l'hassidisme contemporain. le siège mondial de cette communauté se trouve réellement à Crown Heights, un quartier de Brooklyn à New York. L'identité présumée du criminel divise la communauté pour partie composée de blancs et pour partie de noirs. C'est dans ce climat tendu que Sara et son partenaire examinent la scène du crime. le médecin légiste affecté sur l'affaire découvre que la victime a été tuée à coup de radius chevalin et il repère des traces de sabots de cheval non ferré sur le site. Sara découvre que Gretchen la suit de près et elle n'a pas d'autre choix que de la prendre en remorque pour un premier interrogatoire d'un groupe de jeunes engagés dans des pratiques surprenantes. Et l'indice le plus prometteur proviendra d'une prêtresse vaudou. Pendant ce temps, Danielle Baptiste (porteuse de l'autre moitié du Witchblade) tente d'aider une de ses élèves désargentées à qui son mec propose fermement de bosser comme escort girl.

L'effet de dépaysement est total. Je suppose que Ron Marz a dû bénéficier d'un tour dans le quartier de Crown Heights et qu'il s'est dit qu'il fallait absolument qu'il utilise ce décor pittoresque dans une histoire. L'importance de ce lieu s'émousse très rapidement au fil des pages, mais l'idée est une vraie trouvaille. Dans ce tome, Ron Marz continue tranquillement de développer les personnages et leurs liens au milieu d'une enquête assez originale. le mélange Loubavitch / Vaudou est un peu déconcertant, mais finalement pas déplacé dans l'univers Top Cow. Les relations qui unissent Sara, Patrick, Danielle et Gretchen prennent l'épaisseur et deviennent plus nuancées, alors qu'apparaissent les premières conséquences de la division du Witchblade en 2 parties. Il ne reste plus qu'un seul personnage qui a franchement besoin de s'étoffer : le conservateur asiatique (Curator) dont l'omniscience ressemble trop à un artifice scénaristique facile.

Les illustrations de Stjepan Sejic ont gardé leurs caractéristiques : réalisées par infographie, avec de nombreux effets spéciaux pour insérer des textures ouvragées et délicates. Les expressions faciales ont fortement gagné en nuances depuis le tome précédent (même si la texture de la peau reste toujours trop lisse). Les décors fourmillent toujours autant de détails et de textures palpables (le bois des planchers donne envie d'avoir le même chez soi), même si le floutage en guise de fonds remplace parfois un peu trop les vrais décors. La texture de l'armure composée de Witchblade séduit par la finesse de son ouvrage et ses reflets métalliques. Sejic a fait d'énormes progrès sur la maîtrise de l'éclairage, et son utilisation pour la dramatisation des scènes chocs. Enfin, il offre au lecteur plusieurs pleines pages qui justifient entièrement leur présence par une force et une imagination réjouissantes.

Comme d'habitude, ce tome se termine sur une foultitude bonus. le numéro annuel voit Sara Pezzini enquêter sur des meurtres à l'arme blanche commis par de superbes jeunes femmes qui ne se souviennent de rien après coup (scénario de Jay Faerber, dessins de Eric Basaldua). On ne retiendra que les dessins du monsieur surnommé "ebas" qui rappellent beaucoup ceux de Silvestri (père fondateur de Top Cow, la branche d'Image Comics qui édite Witchblade). Un court épisode de 8 pages explique que le mystérieux Conservateur (Curator) a montré une vision de l'avenir à Patrick Gleason. Cet intermède arrive comme un cheveu sur la soupe (scénario de Rob Levin, avec des dessins de Marco Castiello). On trouve ensuite l'ensemble des couvertures, le script de l'épisode 121 et une partie du carnet de croquis de Stjepan Sejic.

Avec ce tome, Ron Marz et Stjepan Sejic ont créé une histoire intéressante pour le scénario, ensorcelante pour les illustrations, en misant avant tout sur des personnages développés, sans pour autant oublier l'action.