La Promesse de l'Arbre

Dommage ! Dommage ! Ce roman avait tout pour me plaire ! Non qu'il ne m'ait pas plu mais… il y a un « mais », et même plusieurs !
Nous avons ici tous les ingrédients d'une utopie qui, bien entendu, va tourner à la dystopie, c'est clairement affiché dans la fusillade du prologue (no spoil) et donc : MAIS il aurait mérité une petite centaine de pages supplémentaires (rien que ça) pour bien asseoir les éléments et pour que la fin ne nous laisse pas sur notre faim.
Le point fort du livre, ce sont les 3 personnages principaux et le traitement très fin des personnages secondaires. Ils sont plausibles, bien différenciés, « vivants » MAIS, on ne sait pas, par exemple, ce qui a vraiment motivé Pierrot à créer une communauté dissidente, qui est Darius, qui avait pourtant tous les attributs pour être un grand personnage, complexe, pivot de l'histoire et symbolique…
De même, l'ancrage très fort dans le contexte politique et sanitaire français de la pandémie de Covid est une force parce qu'il parle à tout le monde et qu'il permet de comprendre cette envie de contre-modèle social que propose la communauté de l'arbre. Mais si la partie « réaliste » est bien faite, on ne sait finalement pas grand-chose de ce village de Saint-Bernand, de son idéologie, de son organisation, de son mode de fonctionnement, si ce n'est quelques clichés de la vie quotidienne du bar de Roger, centre névralgique de l'utopie. Des rentiers qui boivent du pastis… ça ôte du panache à l'ambition civique !

Bref, l'idée est bonne, l'intrigue pourrait tenir la route, les personnages sont bien campés MAIS il manque un approfondissement des thématiques abordées qui en ferait une vraie bonne dystopie contemporaine. Il y a, en l'état, trop de flou pour donner véritablement à réfléchir au lecteur, ce qui est pourtant le propre de ce genre littéraire.

Le nouveau roman de Pierre Massard commence ainsi : "Il ne reste plus que moi dans la petite église de Saint-Bernand. Moi et une dizaine de cadavres, les yeux grands ouverts, le sourire aux lèvres pour ceux dont le visage n'a pas été défiguré par la mitraille."
Nous allons ensuite découvrir comment, suite à l'État d'Absurdie créé avec la crise du corona, Julien, notre héros va en arriver là.
Héros, c'est un bien grand mot pour un homme qui ne sait plus trop ce qu'il doit faire de sa vie. En attendant une illumination professionnelle, il fait les puces pour agrandir sa collection de vinyles. C'est ainsi qu'il se retrouve à Saint-Bernand, un petit village tranquille... en apparence.
Alors que la crise sanitaire évolue (au-delà de la réalité), Julien s'attache au village et à ses habitants, rapidement devenus communauté dissidente.
Vous l'avez compris, je me suis régalée avec ce roman entre dystopie, humour, noir et tellement d'autres choses. Pierre Massard est décidément un auteur à suivre !
"Le barbu tatoué en vélo ou trottinette était devenu mon cauchemar, qu'il soit en short ou en costard. Pour résumer, l'urbanité me faisait gerber, j'aspirais à la ruralité mais l'âge et la routine m'avaient scotché sur le pavé."