La Maison Tellier

Nouvelles de l'hypocrisie et de la cupidité chère à l'auteur.
Des "horizontales" qui passent aux "tombales", l'ironie n'est pas loin, surtout " en absence pour communion".

Petit florilège à découvrir dans ses originalités et le talent De Maupassant qui n'a de cesse de rythmer cette maison et ces dames ….

Ce texte est un bijou. La Maison Tellier, c'est drôle comme du théâtre de boulevard. On suit les pérégrinations d'une tenancière de maison close. de Fecamp, elle part avec toutes ses filles (laissant les habitués Grosjean comme devant) à la communion de sa nièce, au fin fond de la campagne. On se marre lors du récit du voyage en train, et on éclate de rire à l'église quand toute les cocottes se laissent peu à peu gagner par l'emotion et que le curé sent que Dieu a entendu son appel.
L'écriture est savoureuse, on s'y croirait.

J'ai été déçu par ce livre. Il n'y a que deux histoires qui ont éveillé chez moi un petit intérêt, même si c'est très bien écrit. de plus j'ai eu du mal à plonger dans ces histoires trop courtes et pas assez approfondies.

Un livre qu'on peut facilement lire en plusieurs fois d'ailleurs, c'est mon conseil.

Les Tombales
emme blonde pleure atrocement sur la tombe voisine.

Ce qui est intéressant ici : la délégation du récit à un personnage permet d'exprimer un avis sur les cimetières peu dans le courant des moeurs, de peindre des comportements immoraux (l'immoralité première se fait dépasser par la seconde). Si l'on devine tout de suite la légèreté de la fille, la surprise reste entière… le tombeur s'est fait tombé près des tombes et des pierres tombales !

p. 1245 : « Était-ce une simple fille, une prostituée inspirée qui allait cueillir sur les tombes les hommes tristes, hantés par une femme, épouse ou maîtresse, et troublés encore du souvenir des caresses disparues ? Était-elle unique ? Sont-elles plusieurs ? Est-ce une profession ? Fait-on le cimetière comme on fait le trottoir ? Les Tombales ? Ou bien avait-elle eu seule cette idée admirable, d'une philosophie profonde, d'exploiter les regrets d'amour qu'on ranime en ces lieux funèbres ? »

Sur l'eau (la nouvelle)
Un canotier décide un soir qu'il glissait sur la Seine, de s'arrêter fumer une pipe sur un petit coin de terre, au milieu des roseaux. Mais voilà que l'ancre est retenue par quelque chose et condamne le canotier à passer la nuit sur la berge parmi les brumes et les bruits inquiétants.

Le style ferme et concis s'exprime peut-être ici pour la première fois dans ce conte. L'anecdote n'est pas simplement racontée mais vécue dans son intériorité par un « je », qui s'inspire du vécu de canotier De Maupassant. La peinture et la poétique de cette inquiétante nuit l'emportent sur les éventuels rebondissements de l'action qui auraient été superflus. On peut imaginer que c'est à partir de ces moments qu'il devait goûter, moments mêlant isolement introspectif nocturne avec le ciel étoilé et mystère de la proximité avec l'univers englouti de l'eau vive, excitation délicieuse des sens et de la pensée qui s'y rapportent, frayeur du moindre bruit ou mouvement, que Maupassant a notamment pu préciser et développer son esthétique du fantastique. le titre de cette nouvelle sera repris pour le premier récit de voyage De Maupassant, comme si celui-ci faisait un lien entre son voyage de guérison, avec les expériences limites de sa jeunesse de canotier. L'eau devient bien un lieu de passage entre les mondes, celui du surnaturel, celui de la raison, comme dans certaines sociétés anciennes

p. 58 : « J'essayai de me raisonner. Je me sentais la volonté bien ferme de ne point avoir peur, mais il y avait en moi autre chose que ma volonté, et cette autre chose avait peur. Je me demandais ce que je pouvais redouter ; mon moi brave railla mon moi poltron, et jamais aussi bien que ce jour-là je ne saisis l'opposition des deux êtres qui sont en nous, l'un voulant, l'autre résistant, et chacun l'emportant tour à tour. »

Histoire d'une fille de ferme :
Rose travaille bien à la ferme. Mais Jacques, un valet qui lui avait promis le mariage, s'est enfuit, la laissant grosse.

Le tableau des campagnes est superbe, plein de soleil. Les êtres en accord avec cette nature simple, semblent vivre au gré du vent. Mais à l'intérieur des corps, tout n'est qu'angoisse, peur et néant.
Tolstoï reprochait à Maupassant de décrire les paysans comme des rustres, des bêtes. Mais si la vérité du trait est parfois dure, si les hommes et les femmes semblent incapables de contrôler ni même de comprendre leur existence, il se dégage de leurs caractères une complexité douloureuse, si touchante qu'on la reconnaît comme étant commune à tous les hommes.
Tous sont jouets du destin sous la plume De Maupassant, comme dans les tragédies antiques. Les figures paysannes sont grossières, certes, mais aussi magnifiques. Leur inconscience les rend bien plus admirables que toute la haute société pleine d'affections, de codes et de vices.

Toutes les autres nouvelles sur la page de mon blog.
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Un recueil de 9 nouvelles dont La maison Tellier, Boule de Suif, les Tombales, Sur l'eau, etc.
Le virtuose de la description nous dépeint les travers des hommes du 19eme siècles, quoi que certains soient résolument modernes...
Chaque nouvelle, chaque passage est un tableau réaliste, impressionniste, naturaliste.
Vous l'aurez compris, j'adore Maupassant!
D'autres ici ont résumé brillamment chacune des nouvelles du recueil, inutile pour moi de le faire à nouveau, et moins bien.
Dans tous les cas, du grand Maupassant à lire et relire.

Un "must" qu'il faut avoir dans sa bibliothèque pour le lire et le relire ! Audacieux,non conventionnel , profondément humain.Ce court recueil de nouvelles fût compilé par Maupassant lui même. C'est une synthèse du style et des themes de l'auteur que l'on retrouvera tout au long de sa carrière.
Les maisons closes, le monde paysans, forcément arriéré, la bourgeoisie, évidement mesquine, les amants éconduits et surtout, l'eau.
L'eau, ce fluide qui nous emmène vers un monde, celui De Maupassant tel qu'il la vécu, pour un picnic, panier à la main, chapeau sur la tête et marcel sur le torse.
Voila la quintessence du naturalisme et de l'art de vivre à la Française. Merveilleux.
Lien : https://www.babelio.com/livr..

La Maison Tellier est sans doute le meilleur recueil de nouvelles de notre cher Maupassant. Dans les nouvelles compilées, il croque toujours avec merveille son temps ainsi que les travers et malheurs de ses contemporains. On pourra remarquer que c'es aussi dans celle-ci que nous avons la plupart des nouvelles se terminant bien (ce qui est rare dans les oeuvres De Maupassant...).
La Maison Tellier ouvre le recueil. Dans cette nouvelle, une maquerelle emmène ses "employées ' à la communion de la nièce ! Maupassant nous révèle le coeur d'or de ces femmes, le fonctionnement d'une maison close mais aussi le contraste entre les filles de joies venus des villes et les campagnards qui ne connaissent pas le métier de ces femmes... C'est aussi une tendre histoire, où une communion réunit toute les catégories sociales confondus...
Sur l'eau nous propose une singulière aventure sur la Seine, où l'eau est source (jeu de mot involontaire....) d'événements étranges, au frontière du surnaturel... que cache ces cours d'eau en fait ?
Histoire d'une fille de ferme est la plus bouleversante du recueil. Une jeune fermière tombe enceinte d'un garçon de ferme qui prend la fuite en apprenant la nouvelle et qui devra se débrouiller pour s'en occuper... la honte d'être une "fille-mère" à cette époque est bien décrite dans cette nouvelle, où malgré tout l'amour qu'elle porte envers son enfant, elle se sent honteuse et exclue... mais contre toute attente, ce 'conte' qui commence mal se finira bien...
En famille est un drôle de récit : une famille est confrontée à la mort de la grand-mère... l'une des rares nouvelles où l'humour est présente, où on explore malgré ce ton léger la mort, thème obsédant chez Maupassant. Et évidemment, une chute surprenante !
Le Papa de Simon est la nouvelle la plus poignante : un enfant devient le souffre-douleur de son école car il n'a pas de père et tente de se suicider mais fera une belle rencontre... la cruauté humaine, l'acharnement d'un être parce qu'il est différent, la méchanceté enfantine est bien relaté dans cette nouvelle.
Une partie de campagne où une petite journée à la campagne marqué par l'amour... le bonheur de campagne est valorisé dans la nouvelle tout comme la critique du mariage bourgeois enfermant les destins humains...
Au printemps où les effets négatifs du mariage ! Maupassant nous dit que les hommes et les femmes ne seront jamais égaux en matière de relation amoureuse...
La Femme de Paul présente un thème original et peu vu chez Maupassant : l'homosexualité. L'histoire d'un couple qui se fissure lorsque la femme se découvre des pulsions lesbiennes... Maupassant traite l'homophobie vivace à l'encontre des femmes homosexuelles et la fin de la nouvelle est d'ailleurs bien tragique.
Et enfin, les Tombales, qui reprend le thème de la prostituions mais sous une idée insolite... et si on faisait le cimetière comme au trottoir ?
Bref, un recueil savoureux à ne pas manquer.

Un récit qui nous dresse le portrait des habitants d'un village normand et des filles qui travaillent à la maison close du village, tenue par Madame Tellier.
De la bonne littérature et une lecture agréable, dans le style De Maupassant : une prose succincte, facile à lire et une histoire intéressante.

Ce court recueil de neuf nouvelles fût compilé par Maupassantlui même : La maison Tellier, Les Tombales, Sur l'eau, Histoire d'une fille de ferme, En famille, le papa de Simon, Une partie de campagne, Au printemps et La femme de Paul. une synthèse du style et des themes de l'auteurs que l'on retrouvera tout au long de sa carrière.
Les maisons closes, le monde paysans, forcément arriéré, la bourgeoisie, évidement mesquine, les amants éconduits et surtout, l'eau.
L'eau, ce fluide qui nous emmène vers un monde, celui De Maupassant tel qu'il la vécu. C'est la quintessence du naturalisme et de l'art de vivre à la Française.
Lien : https://www.babelio.com/livr..

Je lis très peu de classiques. Ils m'évoquent peut-être trop le lycée et riment avec lectures obligatoires pour moi. Je ne sais pas si celui dont je vous parle ce soir est étudié à l'école mais si c'est le cas, les élèves doivent bien se marrer !

C'est sur les conseils d'une amie que j'ai lu cette nouvelle d'une trentaine de pages où la patronne d'une maison close et ses cinq employées ferment la boutique pour une nuit et une journée pour se rendre à la première communion de la nièce de Madame.

La rencontre entre ces six dames bien habillées de la ville et les habitants d'un petit village normand est hilarante et se lit avec plaisir.

On est dans une image idéalisée de la prostitution qui pourra déplaire à certain.e.s mais le récit est drôle et bien mené et j'ai passé un très agréable moment de lecture !