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3,79

sur 805 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ce court roman est on ne peut plus triste. François Mauriac nous entraîne dans une famille austère (mais issue de la nomblesse) entre la méchante mère Paule, l'horrible grand-mère, l'inquiétante Fraulein et le père attardé. Et il y a bien sûr Guillou, jeune garçon qui a dû beaucoup hériter de son père et auquel on ne laisse aucune chance, le traitant sans cesse de tous les noms ou le maltraitant physiquement.

J'ai été peiné par le destin du jeune garçon qui aurait pu s'épanouir s'il avait été bien accompagné, que ce soit sur le plan familial ou scolaire.

François Mauriac nous narre ici un conte cruel mais dans lequel tout le monde finit toujours par payer sa méchanceté. Il y est également question de la lutte des classes avec l'instituteur issu du peuple qui a des scrupules à enseigner au jeune de Cernès, ainsi que de mariage entre personnes de classes différentes. En effet, la mère, Paule, a voulu s'unir avec un homme qui lui permettait de s'élever dans la société mais elle l'a finalement amèrement regretté, n'en tirant aucun bénéfice.
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Quintessence des démons mauriaciens, ce court récit concentre les exhalaisons malsaines de l'aristocratie bordelaise début de siècle avec le renfermé des classes populaires provinciales. Les deux mondes n'arrivent pas à se rencontrer, le premier en voie de dégénérescence, le second aspirant à réussir par l'éducation. En dépit des efforts d'un instituteur socialiste, leur désespérant antagonisme fera une victime: le sagouin, pitoyable enfant mal aimé. le mélodrame nous fait parcourir une époque et des lieux enfuis, même si parfois on se dit que les drames familiaux et la déréliction sociale ont pris d'autres formes mais sont toujours là.
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Même un écrivain aussi fort que Mauriac a des moments de faiblesse. Et le Sagouin en est un. Pourquoi ?
Le récit porte la marque d'une époque que l'on peine à comprendre, car tout entier marquée par la lutte des classes et la foi en un avenir radieux fait de lendemains chantants. L'instituteur Robert bordas en est la meilleure preuve, qui sacrifie un enfant pour ne pas paraître pactiser avec l'adversaire.
La religion y est réduite à quelques rites : baptême, mariage et enterrement pour les villageois comme pour les aristocrates. Dieu est absent de la chapelle seigneuriale frappée d'interdit sur une simple rumeur.
La haine dévore les relations familiales et donne certes lieu aux meilleures pages du livre, mais d'autres sont bien moins réussies.
Le romancier a forcé sur les personnages, à les en caricaturer. La mère, laide et acariâtre, pleine de bile et de fiel, le père faible jusqu'à la lâcheté et le fils arriéré victime des dissensions familiales qui le dépassent. C'est surtout là que le bât blesse : Mauriac joue un peu trop sur la compassion, alors qu'il est fort dans la détestation.
Il aurait fallu changer de point de vue, probablement.
Mais surtout, le roman est trop court pour que s'y déploie dans toute sa force l'atmosphère à laquelle Mauriac nous a habitués dans ses chefs-d'oeuvre.
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Paule, jeune bourgeoise, s'est mariée avec le baron Galéas de Cernès, homme simple d'esprit, pour son titre et l'apparat associé à cette famille. Ils ont un garçon, Guillou, sur qui elle reporte sa frustration et sa colère. L'enfant est renvoyé de tous les établissements scolaires. Alors Paule, pour parfaire son éducation, le confie à M. Bordas, l'instituteur du village. La première visite est une révélation pour le jeune Guillou, qui découvre de l'attention, de l'affection, prend plaisir à la lecture à voix haute, se voit déjà dévorer des livres pris dans la bibliothèque de l'instituteur, imagine prendre comme modèle voire devenir l'ami de Jean-Pierre, le fils de l'instituteur, un garçon surdoué aux résultats scolaires époustouflants, dont il voit la photo sur les murs de la chambre. Hélas, cette éclaircie sera de courte durée. L'instituteur, imprégné de lutte des classes, refuse finalement pour des raisons idéologiques de prendre en charge ce fils d'aristocrate. le lendemain, l'enfant et le père partent en promenade, le fils se jette dans l'écluse et se noie avec son père qui tentait de le sauver. L'instituteur est accablé de chagrin et du regret de n'avoir pas voulu sauver cet enfant prometteur. Bientôt, la mère attrape un cancer, sans doute généré par sa culpabilité, et meurt dans la souffrance en refusant sciemment la morphine censée la soulager.

Une nouvelle de 140 pages écrite en gros caractères. Encore une histoire sombre avec des personnages torturés incapables d'aimer ou de faire le bien autour d'eux. On peut regretter le choix de l'auteur d'avoir sacrifié cet enfant alors que tous les ingrédients étaient présents au contraire pour montrer que l'amour, l'attention et le temps consacré à un enfant pouvait le métamorphoser d'un « sagouin » en un enfant sérieux, discipliné, appliqué, engagé dans une spirale vertueuse de réussite.

Intéressant aussi est le portrait discret fait du père, ce simple d'esprit qui est le seul à aimer son fils, bien qu'incapable de communiquer avec lui, et qui l'emmène tous les jours se promener au cimetière et dans la forêt. Sa simplicité d'esprit le rapproche des choses simples, de l'amour et de l'humanisme naturels, tandis que tous les autres avec leur intelligence, leurs préjugés, leur orgueil, leurs ambitions, leur intégration sociale, sont prisonniers de leurs déterminismes. Un autre personnage aime l'enfant, l'employée de maison, "Fraülein", encore un message clair, l'instruction et l'appartenance de classe n'apportent pas forcément le bon sens, l'intelligence et le sens de l'humain.

Le scénario me fait penser de loin à Poil de Carotte de Jules Renard, pour la relation père-fils et mère-fils.
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tel poil de carotte cet enfant passe comme une ombre au milieu des conversations d'adultes. On dit du mal de lui et on le déconsidère sans même s'inquiéter ou non de sa présence. Ce gosse se sent laid, dégoûtant, de trop. Si on l'aimait un peu il aurait sans doute sa chance, mais son tort est d'être né et de plus d'un père sans carisme que son épouse n'apprécie pas plus que lui.
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Ce roman de Mauriac a un peu vieilli avec le temps. L'histoire de cette femme désagréable, et qui hait son entourage, et à plaindre à bien des égards. Mais Mauriac achève son roman sur un suicide collectif, qui me semble trop facile pour un auteur de cette envergure.
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Le récit bref et rapide d'une courte vie sans amour! Guillou est un petit condensé de ces êtres mal aimés et incompris qui ne trouvent pas leur nid. Une mère haineuse, une grand-mère aveuglée, un instituteur égocentré, un père fermé... un enfant perdu! J'ai retenu de cette histoire les énormes dégâts que pouvaient provoquer l'injuste regard des autres, la nocivité des humains entre eux! Une histoire sous forme de parabole sur les dangers de l'homme pour l'homme. de là à citer Sarthe pour conclure... non! je cite l'auteur lui même: les humains "font l'amour" mais peuvent tout aussi bien "faire la haine".
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Histoire tragique d'un enfant répudié par sa famille suite à son handicap mental...François Mauriac décrit son époque avec ces zones d'ombres sa bourgeoisie, la cruauté des adultes...il en résulte que ce roman est un chef d'oeuvre.
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