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Citations sur L'Auberge de la Jamaïque (83)

Des vents étranges soufflaient, qui semblaient ne venir de nulle part. Ils se glissaient à la surface de l'herbe, et l'herbe frissonnait ; ils soufflaient sur les petites flaques de pluie, dans le creux des roches, et les flaques ondulaient. Parfois, le vent hurlait et ses clameurs résonnaient dans les crevasses ; puis ses gémissements se perdaient de nouveau. Il y avait, sur les rocs, un silence qui appartenait à un autre âge, à un âge révolu, évanoui comme s'il n'avait jamais été, un âge où l'homme n'existait point, où seuls des pieds païens foulaient les collines. Il y avait dans l'air un calme, une paix plus ancienne et plus étrange qui n'était pas la paix de Dieu.
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C'était le bruit de la mer. Le sentier descendait jusqu'au rivage.
Mary savait maintenant pourquoi une douceur s'était insinuée dans l'air et pourquoi la bruine qui tombait légèrement sur sa main avait une saveur salée. Les hauts talus donnaient une fausse impression d'abri, par contraste avec la lande à découvert, mais, hors de leur ombre trompeuse, l'illusion disparaîtrait et la tempête s'élèverait avec plus de force que jamais. Il ne pouvait y avoir de calme là où la mer se brisait sur un rivage hérissé de rochers. Le bruit était incessant : d'abord un murmure et un soupir tandis que l'eau se répandait sur la grève et se retirait à regret, puis une pause pendant que la mer se ramassait pour un nouvel effort - petite parcelle de temps - et, une fois de plus, le grondement et le fracas des vagues sur les galets et le bruit des pierres entraînées par les eaux.
Mary frissonna. Quelque part dans l'obscurité, au-dessous, son oncle et ses compagnons attendaient la marée.
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Et voici qu’en dépit d’elle même le visage de Jem lui apparut de nouveau ; il avait l’air d’un chemineau, avec sa barbe naissante,sa chemise sale et son regard hardi. Il était rude et manquait de tendresse ; il y avait en lui plus d’un trait de cruauté c’était un voleur et un menteur. Il s’ingéniait à faire tout ce qu’elle craignait, détestait et méprisait. Mais elle savait qu’elle pouvait l’aimer
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Nul être humain ne pouvait vivre dans cette région dévastée et rester semblable aux autres. Les enfants mêmes devaient naître aussi tordus que les touffes de genêts, ployés par la force d’un vent qui ne cessait jamais de souffler. Leur esprit, lui aussi, devait être contourné, leurs pensées mauvaises, à force de vivre au milieu des marécages et du granit, de l’âpre lande et des pierres effritées.
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- On ne trouve pas la paix dans le vagabondage. L'existence elle-même est un assez long voyage sans ajouter à ce fardeau. Il viendra un temps, Jem, où vous aurez le désir d'un petit coin de terre, de quatre murs et d'un toit où vous puissiez reposer votre pauvre corps fatigué.
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(…) hors du silence, monta de nouveau le murmure du vent. Il s’élevait et s’éteignait ; sa plainte courait sur les pierres. C’était une autre sorte de vent, qui laissait derrière lui un cri et un sanglot, un vent qui ne venait de nulle part, qui n’allait vers aucun rivage. Il jaillissait des pierres elles-mêmes, et de la terre sous les pierres. Il chantait dans les creux des cavernes et dans les crevasses des rochers, commençant par un soupir qui se muait en lamentation. Il résonnait dans l’air comme un chœur chanté par des morts.
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Si Mary était un homme, on la traiterait avec rudesse, tout au moins avec indifférence ; on l’obligerait peut-être à se rendre tout de suite à Bodmin ou à Launceston pour servir de témoin ; elle devrait s’occuper elle-même de son logement et disparaîtrait au bout du monde si elle le voulait après avoir répondu à l’interrogatoire. Lorsqu’on en aurait terminé avec elle, elle s’embarquerait sur quelque paquebot et travaillerait pour payer son passage ; ou bien elle prendrait la route, avec quelques sous en poche, le cœur et l’esprit libres. Mais elle était là, les larmes prêtes à couler, ayant la migraine ; on l’éloignait en hâte du lieu du crime avec des paroles et des gestes apaisants ; elle n’était qu’un élément d’encombrement et de retard, comme toutes les femmes et tous les enfants après une tragédie.
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Des vents étranges soufflaient, qui semblaient, ne venir de nulle part. Ils se glissaient à la surface de l’herbe, et l’herbe frissonnait ; ils soufflaient sur les petites flaques de pluie, dans le creux des roches, et les flaques ondulaient. Parfois, le vent hurlait et ses clameurs résonnaient dans les crevasses ; puis ses gémissements se perdaient de nouveau. Il y avait, sur les rocs, un silence qui appartenait à un autre âge, à un âge révolu, évanoui comme s’il n’avait jamais été, un âge où l’homme n’existait point, où seuls des pieds païens foulaient les collines. Il y avait dans l’air un calme, une paix plus ancienne et plus étrange qui n’était pas la paix de Dieu.
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De temps à autre, le ciel était obscurci par un nuage et des ombres s’allongeaient sur la lande. Les couleurs venaient par taches ; parfois, les collines étaient violettes, comme tachées d’encre et mouchetées ; puis un faible rayon de soleil sortait d’un petit nuage, et l’une des collines devenait d’un brun doré, tandis que sa voisine languissait encore dans l’ombre. Le paysage changeait sans cesse ; à l’est, c’était la gloire d’un soleil de midi, et la lande était aussi immobile qu’un désert de sable, tandis qu’au loin, à l’ouest, l’hiver arctique tombait sur les collines, apporté par un nuage déchiqueté qui avait la forme du manteau d’un voleur de grand chemin et déversait la grêle et la neige, et la bruine sur les roches de granit.
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De chaque côté de la route, la campagne s’étendait, sans limites. Pas d’arbres, pas de chemins, aucun groupe de chaumières, aucun hameau, mais, mille après mille, la lande aride, noire et inexplorée, se déroulant comme un désert vers quelque invisible horizon. Nul être humain, songeait Mary, ne pouvait vivre dans cette région dévastée et rester semblable aux autres. Les enfants mêmes devaient naître aussi tordus que les touffes de genêts, ployés par la force d’un vent qui ne cessait jamais de souffler, de l’est et de l’ouest, du nord et du sud. Leur esprit, lui aussi, devait être contourné, leurs pensées mauvaises, à force de vivre au milieu des marécages et du granit, de l’âpre lande et des pierres effritées.
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