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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Commencé à l'adolescence ( suite au coup de coeur Rebecca) , puis abandonné pour cause d'incompatibilité , j'ai enfin découvert Ma Cousine Rachel et compris pourquoi ça n'avait pas "matché" entre nous la première fois ...
♫ A cause des garçons ♫ ...
Dans la Cornouailles du XIX ième siècle, Phlip a grandi auprès de son cousin Ambroise qui a remplacé ses parents décédés. Lorsque ce dernier part en Italie soigner ses rhumatismes, c'est contraint et forcé que Philip reste en Angleterre pour surveiller le domaine. Contre toute attente, Philip , qui fuyait plutôt toute compagnie féminine se marie là-bas. Mais très vite, des lettres inquiétantes arrivent au domaine, la nouvelle épouse serait en train de l'empoisonner lentement. Philip se rend aussitôt en Italie, mais Ambroise est mort.
Philip rentre en Angleterre, et la cousine Rachel aussi ...
Rarement, livre ne m'a inspiré autant l'envie de faire partie d'un club de lecture afin de pouvoir disséquer à loisir , psychologie des personnages ...
Alors qui est Rachel ? Une meurtrière machiavélique ? Une femme attentionnée adorée par les voisins, amis, et le personnel ? Une femme manipulée ? Une malchanceuse ? ...Oui, qui est Rachel ?
Et bien, à la fin du roman, j'avais des doutes et les affres de la création tellement qu'elle est forte la Daphné !
Une construction impeccable, un style gothique (avec lequel j'ai du mal parfois) , une ambiance sourde et inquiétante et l' on comprend pourquoi ce roman a inspiré les cinéastes..
Tout est parfait dans ce roman, sauf qu'entre le personnage de Philip et moi, ça ne l'a pas fait, parce que dans le genre crétin, naïf, il pousse parfois le bouchon un peu loin, ce garçon . Bien-sûr, il faut remettre tout ça dans le contexte de l'époque, Philip ayant grandi sans présence féminine, au fin fond de la Cornouailles,du XIX ième, je comprend qu'il soit fasciné par Rachel au point d'en perdre son latin. Mais même en sachant tout ça, ce personnage m'a agacée... et je m'en suis voulue d'être moins enthousiaste que pour le divin Rebecca.
Et à la fin de ma lecture j'ai rêvé que je retournais à Manderley....


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Pourquoi m'étais-je mis dans la tête que Daphné du Maurier était un auteur pour dames , n'ayant écrit que des romans aux intrigues tièdes , bien pensantes et ennuyeuses ? ?* ...Bref....parce que j'étais ignorante en fait! C'est en apprenant, il y a peu , que Hitchcock s'était inspiré d'un de ses romans pour réaliser Les Oiseaux ( le livre est d'ailleurs parait-il plus terrifiant que le film) que j'ai décidé de réparer cette lacune ...et j'ai été éblouie par ce roman tout bonnement magistral ! Je n'aurais jamais imaginé plonger dans une atmosphère aussi gothique aussi machiavélique; j'en redemande !

* "Son univers macabre et fascinant à engendré une oeuvre complexe, étonnamment noire, à l'opposé de l'étiquette "eau de rose " qui lui fut si injustement attribuée ", écrit Tatiana de Rosnay dans la préface de la biographie qu'elle a consacrée à Daphné du Maurier, Manderley for ever.
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… je me sentais étrangement seul comme un enfant après la fête.

XIXe siècle.
La famille Ashley fait partie de la bonne société de ce coin des Cornouailles si chères à Daphné du Maurier, et ce qui arrive aux membres de cette famille est au centre des discussions, dans le village et dans les fermes avoisinantes comme à la sortie de l'office du dimanche.

Ambroise Ashley est encore célibataire à plus de 40 ans, voilà de quoi alimenter les conversations.
Il a élevé seul son jeune cousin Philip depuis sa plus tendre enfance, un sujet de plus pour la veillée. L'embellissement de sa propriété et et le développement de ses fermes sont ses priorités, encore des papotages en perspective.

Ambroise Ashley n'en a cure, c'est un homme heureux de la vie qu'il mène et du lien très fort qui l'unit à Philip, en qui il a toute confiance et qui héritera de tous ses biens.

Mais sa santé l'oblige désormais à aller passer les saisons froides sous des cieux plus cléments, et c'est au cours de son troisième voyage qu'il rencontre en Italie une cousine, qu'il épouse rapidement à la surprise de tous.

Malheureusement, Ambroise meurt après dix-huit mois de mariage, sans avoir pu revenir dans ses Cornouailles bien-aimées ni revoir son cher cousin Philip, à qui il a envoyé quelques missives très alarmantes juste avant son décès.

Le jeune homme a fait en vain la traversée pour l'Italie, il arrive trop tard.
Ambroise Ashley repose déjà dans le petit cimetière protestant de Florence, et Mrs Ashley est partie pour une destination inconnue de tous.

Mais voilà qu'à son retour, Philip se voit contraint de recevoir Mrs Ashley qui a fait le voyage depuis l'Italie d'une traite ou presque.

Cette Mrs Ashley, sa cousine Rachel, d'une beauté que Philip ne veut pas voir, a-t-elle une part de responsabilité dans la disparition de son mari ?
En est-elle directement coupable ?
Et Philip, du haut de ses 24 ans, va-t-il rester insensible à son charme et au plaisir d'une compagnie féminine qu'il n'a jamais eue, la maison même où il a grandi n'étant occupée et entretenue que par des hommes ?

Commence alors un huis-clos dont la tension ne cessera de grandir au fil des pages.

Daphné du Maurier nous entraîne dans ces cercles concentriques d'une plume fine et précise.
Elle décrit les affres de Philip, qui croit savoir mais ne sait rien, croit comprendre mais ne comprend rien, et prend des décisions absurdes, voire nocives pour lui.

Elle nous enveloppe dans les émois successifs du jeune homme, semblables au ressac de la mer toute proche.

Quelle acuité dans la description de ces égarements successifs, quelle fabuleuse justesse dans les quelques quarante-huit heures où tout basculera sans que Philip y comprenne davantage !

Rachel change de visage selon qui la regarde et surtout qui lui tient compagnie.
La jalousie qu'elle inspire à Philip aveugle ce dernier, et nous aveugle peut-être aussi.

Alors, coupable ou pas ?
Manipulatrice ou non ?
Sincère ?

L'auteur ayant choisi de nous faire entendre la seule voix de Philip, nous suivons l'évolution des sentiments de ce dernier de l'intérieur, si j'ose dire, et ne pouvons guère faire le pas de côté qui nous permettrait d'avoir une opinion plus objective de sa cousine Rachel, si ce n'est quelques indices pouvant faire basculer la pièce soit sur pile soit sur face.

C'est ce doute permanent qui me plaît le plus, justement, dans cet ouvrage.
On ne sait pas, on se fait une opinion, puis une autre.
Rien ne permet de nous attacher complètement à cette cousine Rachel, mais au moment même où elle va nous sembler franchement insupportable, il y a une pirouette, le bruit de sa robe ou cette vénération des chiens qui la suivent partout, qui nous remet sur le fil.

Et ces fameuses quarante-huit heures, qui sonnent si juste dans l'exaltation du jeune homme, ce bouillonnement intérieur, cette agitation, ces affres, quelle sensibilité Daphné du Maurier déploie dans leur récit !
On y reconnait tout, chaque instant, chaque hésitation, chaque raté, on y reconnait aussi comment Philip pourrait comprendre mais non, ce que Philip pourrait faire ou pas mais non, parce qu'il est Philip et que face à lui, Rachel reste insaisissable.

C'est un roman que je relis pour la troisième fois, et le plaisir reste le même.
Une belle réussite à mes yeux.
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♫ Rachel, tu brûles mon esprit, mon amour étrangle ma vie ♪ Et l'enfer, devient comme un espoir ♫ Car dans tes mains je meurs chaque soir ♪

Philip aurait pu chanter du Johnny (Gabrielle, pour ceux ou celles qui n'ont pas trouvé) devant sa cousine Rachel, bien qu'il n'ait pas fini enchaîné au sens propre du terme.

Sherlock Holmes disait que les émotions altéraient la réflexion et ce roman illustre parfaitement sa phrase.

J'ai vu Philip Ashely, jeune homme qui avait l'air d'avoir la tête sur les épaules, se monter le bourrichon sous le coup des émotions et ensuite réviser tout son jugement pour finir par se comporter comme une midinette amoureuse et ne pas voir ce que les autres essayaient de lui montrer.

Dès les premières lignes, Daphné du Maurier vous prends dans les rets de son histoire, insufflant du mystère dès le départ, vous donnant quelques indices mais sans en donner vraiment. Elle réussit à vous embarquer de suite dans son histoire et vous n'avez plus envie de lâcher le livre.

On se doute que l'on va faire face à un drame et à pas à une histoire d'amûr guimauve style Barbara Cartland. Par contre, si on se doute de certaines choses, on est loin d'avoir une vision claire de toute l'affaire.

C'est toute la force et le talent de l'auteure : en dire assez mais pas de trop, cacher des choses tout en les mettant sous la lumière.

Petit à petit, en développant son histoire et en nous présentant les protagonistes de cette sombre histoire, Du Maurier nous entraîne tout doucement vers les fonds abyssaux d'un récit où l'on aura sans cesse l'impression que tout est biaisé, caché, manipulé, véridique…

Sans cesse je me suis posée des questions sur cette histoire : Est-ce que Ambroise disait vrai ? Est-ce que Rachel est-elle qu'il l'a décrite dans ses lettres ou alors était-il devenu vraiment fou ?

Philip s'est posé les mêmes questions que moi puisque lui aussi l'a trouvée charmante, la Rachel. Toute menue, toute innocente, toute gentille… Oui, son oncle devait être fou lorsqu'il écrivait des méchancetés sur elle.

Les personnages sont d'un réalisme qui donne tout le poids au récit, qui, en plus d'être bien ficelé, est présenté de manière à nous mettre l'eau à la bouche, aiguisant notre appétit tout en nous nourrissant petit à petit.

À mon sens, Rachel est un personnage qui a tout d'une grande, elle est parfaitement décrite, le mystère l'entoure, on ne sait jamais sur quel pied danser avec elle et en plus, elle est forte, très forte ! Une championne du monde dans sa catégorie.

Le final, je l'ai senti venir, je lui ai demandé de venir, et ça a marché puisqu'il est venu.

Machiavélique, perfide, géniallissime, j'ai adoré ! C'était bon, une jouissance littéraire.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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A vingt-quatre ans, Philip ignore tout de la vie et des femmes. Depuis son plus jeune âge, il a vécu une existence protégée dans un beau manoir des Cornouailles sous la férule bienveillante de son tuteur Ambroise. Mais voilà que son existence est sur le point de changer. Lors d'un voyage à Florence, Ambroise a fait la connaissance de sa cousine Rachel dont il est tombé éperdument amoureux. Après quelques semaines de bonheur idyllique, il a épousé la jeune femme en Italie, au vif mécontentement de Philip qui se voit déjà exclu et rejeté hors du manoir de son enfance. Mais au bout de quelques mois, les lettres d'Ambroise prennent un tour alarmant : celui-ci se plaint de son épouse et de ses amis et accuse même celle-ci de vouloir l'empoisonner ! Affolé, Philip se précipite en Italie mais trop tard : arrivé à Florence, il apprend que son tuteur est décédé d'une tumeur au cerveau et que sa cousine Rachel a disparu.

Rentrant en Angleterre la mort de l'âme, il a la surprise d'y retrouver Rachel, rentrée juste avant lui. le coeur lourd de haine instinctive, il accepte de recevoir la jeune femme dans le manoir dont il a hérité. Et là, surprise ! La cousine Rachel ne ressemble pas du tout à l'atroce marâtre qu'il avait inventée : c'est une femme charmante, spontanée et chaleureuse qui semble sincèrement éprouvée par la mort de son époux. Rapidement, les soupçons de Philip fondent devant sa douceur mais un doute demeure… Ambroise avait-il perdu la tête durant ses derniers jours ou Rachel dissimule-t-elle, derrière son apparence angélique, de noirs secrets ?

En lisant « Ma cousine Rachel », on ne s'étonne pas de la séduction exercée par la plume de Daphné du Maurier sur Alfred Hitchcock qui adapta en son temps deux de ses romans, « Rebecca » et « Les oiseaux ». Quel scénario délicieusement machiavélique ! Quelle finesse dans l'analyse des sentiments et dans l'exploration psychologique des personnages ! Portée par un style au charme suranné et par une ambiance sourdement oppressante, l'intrigue de « Ma cousine Rachel » démarre lentement, puis se déroule anneau après anneau comme le corps d'un gigantesque serpent. Un venin subtil semble sourdre des pages et aller directement au coeur du lecteur. La fin est particulièrement réussie puisqu'elle laisse le lecteur aussi haletant et pétri de doutes que le jeune narrateur. Un seul point noir vient ternir un peu cette virtuosité scénaristique, à savoir la candeur un peu agaçante de celui-ci, souvent bien niais pour un grand dadais de vingt-quatre ans. Défaut assez mineur et souvent propre à la littérature gothique qui ne devrait pas décourager les lecteurs désireux de découvrir l'oeuvre d'une grande romancière, décidément pas assez renommée en France.
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Après avoir lu et grandement apprécié plusieurs romans de l'auteur, j'ai commencé Ma cousine Rachel avec beaucoup d'enthousiasme.
J'ai apprécié l'atmosphère et la psychologie des personnages cependant ce n'est, pour moi, pas son meilleur roman. Peut-être est-ce parce que je n'ai pas été véritablement surprise par l'histoire ?
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Lire Daphné du Maurier, c'est facile...
Le classicisme et l'élégance de son écriture font que ça coule tout seul, il suffit de se laisser emporter. Mais il n'y a pas que ça : l'auteure du célébrissime "Rebecca" est également douée pour jouer sur la psychologie de ses personnages, instillant à ses récits une tension qui tient le lecteur en haleine jusqu'à la dernière page.
Et ce n'est pas la lecture de "Ma cousine Rachel" qui me fera changer d'avis...

Philip est un jeune homme qui, orphelin, a été élevé par son oncle Ambroise, dans la rassurante et confortable chaleur d'un manoir des Cornouailles. Hormis son amie Louise, Philip s'est toujours contenté de l'exclusive et masculine compagnie d'Ambroise, lui-même célibataire endurci. du moins jusqu'au jour où, lors d'un séjour en Italie, il fait la connaissance de Rachel, une cousine éloignée, et veuve.
Comme il est quant à lui resté en Angleterre, c'est par la correspondance qu'il entretient avec son oncle que Philip apprend le mariage de ce dernier avec la dite cousine. Puis les lettres se font de plus en plus rares, et surtout de plus en plus étranges. Les propos d'Ambroise, décousus, évoquent un état de santé déclinant et laisse planer l'idée d'un danger auquel son épouse ne serait pas étrangère.
Lorsque arrive enfin le moment où Philip se trouve en présence de la cousine Rachel, bien différente de celle qu'il avait imaginée, la haine qu'il ressentait à son encontre, alimentée par la certitude du mal qu'elle avait infligé à Ambroise, fait peu à peu la place à des sentiments plus doux...

Le personnage de Philip prête parfois à sourire, même si c'est avec un léger agacement, tant sa méconnaissance des femmes et sa jeunesse le rendent à la fois buté et naïf. Passant d'une haine dont on ne sait si elle est justifiée, à la plus inconséquente des générosités, c'est aussi, il faut le reconnaître, un garçon sincère et spontané.

En faire son narrateur a été de la part de Daphné du Maurier un choix judicieux. Les contradictions du jeune homme, ses doutes, sa découverte du sentiment amoureux nourrissent richement ses réflexions. Et surtout, cet unique point de vue permet à l'auteure d'entretenir jusqu'au bout le trouble quant à la véritable personnalité de la cousine Rachel, qui restera un mystère, ce qui fait d'elle une héroïne fascinante.

Manipulatrice ou elle-même manipulée ? Femme amoureuse ou veuve fourbe et dangereuse ? Chaque lecteur se fera sa propre opinion quant à la véritable nature de la cousine Rachel, et appréciera ce faisant le parfum doucement suranné qui émane de ce texte à l'atmosphère subtilement oppressante.

Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Avec "Ma cousine Rachel", Daphné du Maurier réussit treize ans plus tard à offrir à ses lecteurs un roman au moins aussi puissant et obsédant que "Rebecca" et Rachel est au moins aussi fascinante -sinon plus- que Rebecca.

Huis-clos oppressant, roman psychologique, drame de l'amour fou et du mensonge, "Ma cousine Rachel", gothique à souhait, est aussi le roman de la suspicion et de la culpabilité, un texte vénéneux qui étouffe son lecteur malgré le grand vent des landes de Cornouailles et la mer qui borde la propriété des Ashley. le récit est d'autant plus délétère qu'il se niche de prime abord dans une atmosphère cosy et victorienne, désuète mais tellement confortable avec son vénérable domaine de verdure et de pierre de taille, ses chevaux et l'odeur du cuir des fauteuils de la bibliothèque... Une sérénité, un confort de façade qui vole en éclats au fil du texte pour révéler son essence et quand on y pense, cette délicate tasse de thé de porcelaine bleue et blanche pourrait bien contenir le plus toxique des poisons... Et les vases... Qui nous dit que les fleurs dont ils débordent ne nous pervertiront pas?

Philip, orphelin, a été élevé par son cousin Ambroise, de vingt ans son aîné dans son magnifique domaine de Cornouailles dont il héritera un jour. Plus qu'un cousin, Ambroise est un véritable père pour le jeune homme qui adore son mentor et ce dernier lui rend son affection. le duo évolue sans que rien ni personne ne vienne troubler ses habitudes: ni femme, ni enfant et il semblerait que cette paix doive durer toujours, comme se doivent de durer les moments doux et ceux qu'on aime. Et pourtant...
Parce qu'il a des problèmes de santé, Ambroise doit quitter les Cornouailles, humides et froides quelques semaines par an pour des terres plus ensoleillées. Alors qu'il séjourne en Toscane, il écrit à son cousin qu'il a rencontré une jeune femme, Rachel, une parente éloignée, et qu'il l'a épousé. La nouvelle est surprenante. Les lettres qui suivent le sont plus encore: dans l'une d'elle Ambroise conjure son cousin de venir le rejoindre: il soupçonne sa femme de vouloir l'empoisonner... Philip alors se met en route mais il arrive trop tard: à l'arrivée Ambroise est mort et enterrée et Rachel introuvable. Dévasté par le chagrin et la haine qu'il voue à l'empoisonneuse, Philip regagne les Cornouailles. Bientôt, Rachel lui écrit à son tour: elle voudrait tant venir voir le domaine dont son défunt époux lui a tant parlé... le jeune homme, qui n'a parlé à personne des soupçons de son cousin et qui les a fait siens, est bien obligé d'accepter la visite de la jeune veuve. Elle ne restera pas longtemps et de toute façon, il saura bien lui faire comprendre qu'elle n'est pas la bienvenue et venger son cousin bien-aimé.
Oui mais rien ne se passe comme prévu: Rachel est douce, fascinante, belle et Philip tombe amoureux...

"Ma cousine Rachel" est un roman virtuose, tout de jeux de masques et de faux semblants, qui étouffe, qui joue à égarer le lecteur, à le pousser à bout. le ton est donné dès l'incipit du roman avec ce souvenir raconté par Philip sur le pendu des Quatre Chemins: on entre dans un roman sombre, torturé dans la plus pure tradition. Pour autant, le récit n'est pas dénué de lumière et cette dernière provient essentiellement des personnages d'Ambroise et de Philip surtout, que j'ai trouvé très attachant malgré ses défauts (ceux de son âge!) et de leur profond attachement l'un pour l'autre, point de départ de cette histoire toute hitchcokienne qui m'a aussi beaucoup rappelé l'excellent Phantom Thread de Paul Thomas Anderson. Si, si!

D'aucuns diront que Philip est d'une candeur affligeante et qu'il s'emballe trop vite tandis que Rachel n'est qu'une fascinante manipulatrice, mais ce serait sombrer dans la caricature. Si au premier abord, les personnages nous poussent à ce constat, il suffit d'avancer un peu dans la lecture pour se rendre compte que tout n'est pas si simple et surtout plus complexe, moins évident... Par ailleurs, il faut compter sur le jeu des points de vue qui oriente aussi à sa manière les ressentis du lecteur...

C'est bien sûr un roman qui peut prêter à interprétations et je crois que l'une des forces du roman est d'en proposer plusieurs finalement et toutes font frissonner. A chacun de décider en son âme et son conscience -comme Philip- si la belle est coupable, si elle ne l'est pas, si elle est une victime ou une manipulatrice, si elle est froide ou consumée par la folie, si elle aime, si elle calcule... Moi, j'ai mon intime conviction et il me semble qu'elle est corroborée par les indices semés par l'auteur, mais qui sait au fond? Et si savoir n'était pas le plus important? Et si la vraie clef du roman était ailleurs, dans les pensées et les convictions de Philip par exemple?...

Et puis cette fin, intense, magistrale, inattendue. Un sommet, une chute qui dit à elle seule tout le talent et le sens du romanesque de Daphné du Maurier qui non contente de nous perdre et de nous manipuler nous poignarde et nous assomme en quelques phrases. Rien que pour ressentir ce qu'on ressent à la découverte de cette fin, il faut se délecter sans plus attendre de cet exquis poison au gout de fleur et de soufre qu'est "Ma cousine Rachel".







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Je connaissais déjà l'intrigue pour avoir vu le film l'an dernier mais lire l'histoire de la plume de Daphné du Maurier c'est encore mieux.
Philip, bientôt 25 ans, est le seul héritier de son cousin Ambroise ; ce dernier l'a élevé comme un fils à la mort de ses parents. Aussi n'est-il pas étonnant qu'il se montre jaloux lorsque, durant un voyage, Ambroise rencontre une cousine à eux, en tombe amoureux et l'épouse. Ce n'est pas surprenant non plus qu'il en veuille à cette cousine lorsqu'Ambroise tombe malade et meurt loin de chez eux, après avoir envoyé des lettres décousues et plutôt alarmantes.
Mais ces dispositions vindicatives vont vite sombrer face aux charmes de sa cousine Rachel, venue lui rendre visite.
Daphne du Maurier instaure une atmosphère trouble autour de la relation qui se noue entre Philip et Rachel, sans que l'on sache jamais exactement ce que cette dernière a en tête. Elle est parfois vue par les yeux de Philip, parfois décrite dans des lettres d'Ambroise, ou encore jugée par Louise, l'amie d'enfance de Philip.
Au-delà de l'atmosphère, j'ai également beaucoup apprécié l'écriture de Daphne du Maurier. Heureusement que je commence à peine à découvrir son oeuvre, ça veut dire qu'il m'en reste beaucoup à lire !
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Philip vit avec son oncle Ambroise en Cornouailles dans un domaine agricole. Son oncle part en Italie pour se soigner. Il se marie alors avec une cousine dénommée Rachel. Quelques mois plus tard, Philip reçoit une lettre alarmante d'Ambroise. le jeune homme se rend immédiatement en Italie mais c'est trop tard son oncle est déjà mort et sa veuve n'est plus à Florence.

Philip a des doutes sur le rôle de Rachel dans la mort de son oncle. Il a du mal à accepter cette disparition et ne souhaite pas que sa cousine vienne en Angleterre. En effet, en tant qu'héritier, il est en position délicate face à la veuve. Néanmoins, Rachel va faire le déplacement en Angleterre et aller à la rencontre de son cousin. Quel est son objectif ? Quel sera l'avenir de Philip et du domaine ?

Daphné du Maurier nous propose une histoire qui se déroule en Angleterre a priori au XIXème siècle même si l'espace temporel n'est pas complètement défini. Seule chose dont on soit certain, ce sont les âges des protagonistes : Ambroise a 43 ans, Rachel 35 ans et Philip 24 ans. Dans les premiers chapitres Rachel et Philip ne se voient pas, l'auteur réussit à nous tenir en haleine sur cette mystérieuse cousine. Philip émet des hypothèses sur elle et il a un certain nombre de préjugés.

Finalement, Rachel débarque en Angleterre et Philip fait preuve d'un caractère très immature face à sa cousine qui s'avère être une manipulatrice. Son rapport à l'Italie et notamment à Florence est très négatif. Pour avoir visité la ville très récemment ce n'est pas du tout l'image qu'elle donne, peut-être que l'auteur n'appréciait pas cette ville d'où cette opposition entre l'Italie où tout est sombre et l'Angleterre qui a une dimension idyllique. le regard de Philip sur les femmes est empreint de préjugés plutôt misogynes.

De l'au-delà, Ambroise distille des indices qui devraient alerter Philip mais le jeune homme est complètement aveuglé par l'amour qu'il porte à Rachel. Malgré les avertissements de plus en plus insistants de son entourage Philip plonge complètement. le dénouement de l'histoire est tragique. Il est alors intéressant de relire le premier chapitre qui est très éclairant. C'est encore un très bon roman de Daphné du Maurier même s'il ne fait pas partie de mes préférés.
Lien : https://lilasviolet.blogspot..
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