AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,48

sur 292 notes
Il y a des livres que vous choisissez et ceux qui vous cueillent au hasard. Celui-là, je ne l'ai pas vu venir ! Il m'a été offert il y a bien longtemps par mon ami Christophe et je n'avais pas eu l'occasion de le lire.

J'ai tout aimé, j'ai tout ressenti, j'ai respiré au rythme de la respiration de l'héroïne, j'ai compris ses sentiments, surtout parce que connais sa souffrance....
«Alors après son accident, les semaines dans la chambre blanche, son retour à la maison pour la convalescence, ça a été comme une nouvelle chance pour elle, pour eux. Elle a repris confiance et elle s'est dit, je serai celle qui donnera tout, des fleurs, mon temps, tout. Pour que tout puisse recommencer.»
Les phrases s'étirent parfois longuement comme autant de sanglots. C'est l'impression que cela m'a donnée. Celle d'une femme mobilisant, expliquant sa douleur de se savoir trahie par l'homme auquel elle est mariée, puis sa douleur de le voir touché par un accident, perdue à l'idée de se retrouver seule, prête à pardonner pour pouvoir garder cet homme près d'elle comme un soutien muet face à la vie, trop apeurée à l'idée d'affronter le quotidien seule. L'histoire de la rupture d'un couple.

Arrivera-t-elle à le laisser partir? Apprendra-t-elle du passé pour rebondir?

C'est une perle, un énorme coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          40
N°1730 – Avril 2023

Apprendre à finirLaurent Mauvignier – Les éditions de Minuit.

La voix de ce monologue c'est celle d'une femme blessée dont le mari, après un accident de voiture, est paralysé et revient chez lui après une hospitalisation. C'est un couple déjà vieux, la fille aînée est mariée et deux adolescents sont encore au foyer. Elle lui a fait de la place dans leur petite maison, s'occupe de lui avec une attention de tous les instants, avec dévouement et amour et se consacre principalement à lui. Elle sait qu'il remarchera mais qu'il faudra du temps, elle accepte cela avec abnégation mais cette perspective lui permet de faire des projets de voyages avec lui, accepte d'aller faire des ménages pour rendre cela possible, l'immobilisation de son mari compromettant l'équilibre financier du ménage. C'est un peu comme si elle récupérait cet homme, certes diminué, mais qui revenait au foyer, comme si elle cherchait à oublier ce qu'avait été leur vie d'avant l'accident, faite d'invectives, d'insultes, d'hostilités et même de coups de sa part à elle et dont leurs enfants meurtris, désemparés et dégoûtés de leurs parents, avaient été les témoins, comme si cette tranche de vie n'avait jamais existé, comme si cette ambiance délétère était imaginaire, comme si cet homme au passé un peu secret, fait de souffrances dues à la guerre, de doutes et de chômage n'était pas allé chercher dans d'autres bras un bonheur qu'il savait impossible chez lui, comme si elle n'avait jamais été jalouse et agressive. Elle était trompée, le savait et l'acceptait, impuissante à s'opposer à cet adultère.
Maintenant, pour elle c'est une véritable renaissance, avec une volonté de chaque instant de lui témoigner son amour par de petits gestes dévoués du quotidien et, après avoir été désespérée, agressive même, elle revit de l'avoir retrouvé et ce d'autant plus qu'il est coincé chez lui. Elle veut donc lui faire oublier cette maîtresse, cherchant intimement les raisons de cet abandon, en éprouvant même de la culpabilité, se présentant comme une épouse attentive, patiente, absolutoire, tentant d'apprendre à finir cette histoire d'amour de contrebande pour en recommencer une autre avec lui et effacer cette passade, de se poser en garante de la famille. Pourtant tout avait bien commencé entre eux, mais dégénéra très vite, imperceptiblement, sous les coups du quotidien. Elle se présente comme une femme courageuse, patiente, honnête, pleine de sollicitudes face aux erreurs passées de ce mari qui grâce à elle aujourd'hui revit. C'est un peu comme si elle choisissait d'oublier ses rancoeurs, sa soif de vengeance, l' éventualité  d'une reprise de cette relation adultère, pour un retour à une vie de famille apaisée, pour que les choses rentrent dans l'ordre, reviennent à une place qu'elles n'auraient jamais dû quitter et peut-être un nouvel amour avec lui.
Lui n'a rien de contrit, de repentant, au contraire, il est bizarrement silencieux comme s'il opposait à ses bons soins une attitude bizarrement indifférente voire négative. C'est à peine s'il prend la parole, se félicite de ses progrès, se réapproprie son entourage, son quartier. Il n'est pas douteux qu'il a de la chance d'être ainsi cocooné, d'être chez lui, avec sa femme aux petits soins. Il vit peut-être mal, comme un reproche , une honte ou une vengeance intime cette sollicitude face à son adultère passé.
Son attitude à elle est peut-être inspirée par l'amour mais j‘y vois une forme d'égoïsme, une manière de se protéger elle-même mais aussi peut-être une opportunité, une dernière chance qu'il ne faut pas laisser passer pour une meilleure qualité de vie commune. Elle envisage même de lui pardonner, d'oublier son orgueil et sa résignation passée et de lutter dans les plus petits gestes du quotidien dans ce seul but et invite même un de ses fils à adopter son attitude. Toute cette posture est évidemment méritoire et porteuse d'avenir pour eux mais j'avoue aussi que je partage ses doutes pour l'avenir, inopportunité des voyages qui les eût réunit, la menace de la reprise de cette relation extraconjugale parce que, malgré tous ses efforts pour paraître plus jeune et plus désirable, l'ombre de l'autre femme qui l'obsède.
Le livre refermé, ce roman me laisse pourtant quelque peu perplexe par les sujets qu' il soulève, l'amour entre les êtres qui est fragile, le pardon qui est malgré tout difficile, l'oubli, les compromis voire les compromissions, les mensonges qu'on se fait à soi-même pour enjoliver le présent, la honte d'avoir été trompé et aussi de s'être tromper soi-même, d'avoir vu sa confiance trahie et son impuissance à réagir, de connaître les regrets et les remords, les doutes qui empoisonnent le présent et hypothèquent l'avenir, l'hypocrisie qui force à ne rien voir ou à tout supporter, le sentiment d'injustice de voir comment a été récompensé chaque moment d'abnégation passée, la certitude qu'on est plus rien pour celui qu'on a choisi et sa volonté de tourner la page, de passer à autre chose, l'évidence d'être partagé entre la crainte de son départ définitif et la volonté qu'il parte pour que les choses soient enfin claires, que tout ce qu'on avait imaginé s'effondre, la certitude que leur passé destructeur sera toujours le plus fort.

J'apprécie cet auteur pour son style à la fois simple, dénué d'artifices littéraires, parfois brusque, plein d ‘émotions mais aussi pour les thèmes humains qu'il a choisis et qu'il traite à la fois avec humanité et humilité. C'est toujours pour moi un bon moment de lecture mais aussi de réflexion.


Commenter  J’apprécie          80
Monologue introspectif d'une femme désespérée qui veut sauver ce qui ne peut plus l'être : son couple. Elle accueille son mari momentanément dépendant suite à un accident, elle l'aime quand il ne l'aime plus, la fuit mais elles espère contre toute vraisemblance qu'il lui reviendra.
Elle se souvient de leurs débuts, de leur rencontre, de leur amour, de leur mariage d'où sont issus deux garçons, des premières infidélités de son mari. Elle refuse d'accepter l'inexorable, se heurte au mépris de son mari, de ses enfants même et devra "apprendre à finir".
Un récit court, très écrit, très littéraire
Commenter  J’apprécie          30
Autant histoires de la nuit m'avait happé, autant cet ouvrage m'a ennuyé.
Une femme se morfond, doute, se plainte, espère, re-doute, y croit, puis plus, ah si encore un peu...
Bon, soit je suis passé à côté d'une subtilité trop hardue et trop fine pour moi, soit il faut vraiment que cette histoire d'amour se termine rapidement afin que notre héroïne se reconstruise encore plus vite ...
Commenter  J’apprécie          20
J'ai découvert Laurent Mauvignier avec "Continuer" et "Histoires de la nuit", et je dois dire que ces deux livres m'ont laissé une forte impression.
Peut-être l'auteur, dans ces deux romans, a t-il proposé une sorte d'aboutissement de sa recherche stylistique, de son regard d'auteur.

Concernant "Apprendre à finir" je suis plus sceptique.
Certes, le langage employé dans ce court roman - dans sa forme comme dans le fond - est parfaitement en adéquation avec le propos du livre : l'écrivain a voulu nicher le lecteur dans l'esprit déstabilisé de sa protagoniste.

En ce sens, c'est plutôt une réussite. le texte se présente comme un long monologue continu, c'est une coulée de pensées chahutées, prises dans la tourmente, les questionnements et le doute. En se contorsionnant, le style a écarté les virgules, raréfié les points. La pauvre femme suffoque, et nous aussi. Toutefois, j'y ai trouvé des passages justes et beaux.

D'un point de vue du plaisir de lecture, c'est une autre histoire.
Je n'ai pas vraiment adhéré. Est-ce le flot torrentiel du texte qui m'a contraint à tenir mes distances ? Toujours est-il que je suis resté spectateur de cette histoire un peu pathétique. Je ne l'ai pas trouvée émouvante.

Je précise que "Histoires de la nuit" s'articule autour d'un même procédé stylistique. Mais selon moi, cela fonctionne pourtant beaucoup mieux : ses longues phrases déroutantes finissent par créer un rythme singulier qui rendent le livre hypnotisant.



Commenter  J’apprécie          50
En un seul souffle, une seule respiration, avec un rythme saccadé comme si la narration nous était juste soufflé à l'oreille, Apprendre à finir est une magnifique plainte de femme, un cri retenu longtemps au fond de ses entrailles qui, après un accident où le mari a perdu l'usage de sa mobilité, le cri de la femme remonte peu ç peu à la surface...
Un court roman mais dense en émotion....
Commenter  J’apprécie          200
Intéressante, cette histoire de femme trompée qui raconte son vécu mais aussi ses éventuels fantasmes, ses rapports avec son mari qu'elle aide avec amour et haine à sortir des séquelles d'un grave accident de voiture. La place qu'ont les deux enfants. Rapidement, j'ai tourné des pages...
Aurait fait une excellente nouvelle
Commenter  J’apprécie          30
J'ai rencontré et discuté avec l'auteur au Salon du Polar de Toulouse cette année. J'ai choisi ce roman mais j'aurais pu jeter mon dévolu sur un autre de ses livres. Pour le découvrir. Pour le style. Savoir si son univers me plairait. La rencontre ne s'est pas faite ou du moins je n'ai pas accroché à ses phrases très longues. A cette histoire. C'est à vrai dire un monologue plus qu'un récit; une introspection lourde d'interrogations, d'impasses. Cette histoire m'a fait pensé à un labyrinthe dans lequel le personnage se perd. Est-elle folle cette femme qui donnerait tout pour que son mari qui fût infidèle reste à ses côtés? Victime d'un accident, il rentre chez lui et celle-ci s'en occupe jusqu'à son rétablissement. Repartira t-il?
L'auteur a le sens des mots et des nuances pour décrire des choses difficiles à raconter: le silence, la lenteur, le temps et les agacements... Malgré tout je me suis ennuyée à la lecture. Trop de mots peut-être qui défilent et que l'auteur enfile sur le temps des phrases. Dommage.
Commenter  J’apprécie          50
On lit Laurent Mauvignier avant tout pour le style. Et le style on accroche ou on n'accroche pas. Moi, j'adore ce flux ininterrompu de mots, ces virgules qui balancent les phrases, à tel point que je me prenais parfois à lire des phrases tout haut, pour sentir le rythme, les palpitations de l'histoire racontée par des phrases longues et musicales. Sur apprendre à finir, on est sur un couple qui se brise, du point de vue de la femme. L'homme, qui l'a manifestement trompé, se remet d'un accident de voiture. J'ai lu ça de manière hypnotique, c'est beau même si c'est au final un peu toujours la même chose.
Commenter  J’apprécie          60
Une femme parle, rumine, radote, se mortifie, se bat , se perd, s'angoisse. Les aléas de la vie ont ramené son mari vers elle alors qu'il était sur le point de la quitter: après un accident de voiture elle s'occupe de sa réeducation, assiste impuissante au dégout qu'elle lui inspire alors qu'il ne peut marcher, à peine parler "comme si je voulais regarder sa vie finir sous mes doigts".
Puis le rétablissement, puis l'angoisse: partira-t-il?
Les rapports ambigüs sont écrits avec justesse, limpidité. le personnage féminin est presque palpable dans ses reflexions, ses émotions, ses ressentis, tout s'emmêle mais à la fois tout est clair, un peu comme si on entrait dans son esprit. (et dire que c'est un homme qui a écrit ça!...)
Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (682) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Amants de la Littérature

Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

Hercule Poirot & Miss Marple
Pyrame & Thisbé
Roméo & Juliette
Sherlock Holmes & John Watson

10 questions
5270 lecteurs ont répondu
Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}