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sur 88 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le 20 octobre 1989, Smokey Nelson assassine un couple et leurs deux enfants. Mais Sydney Blanchard est arrêté, jugé et incarcéré à sa place. Pendant 19 ans. « Les erreurs judiciaires manquent pas dans ce pays. du moment qu'ils ont un négro en prison, ils ent l'affaire ! On s'en fout si c'est lui ou pas, le meurtrier ! Faut plaire au peuple ! » (p. 29) C'est sur la tombe de Jimi Hendrix que Sydney commence une longue imprécation, s'adressant à la fois à sa chienne Betsy, à lui-même, à Smokey Nelson et à un interlocuteur indistinct.

Ce matin-là, c'est Pearl Watanabe qui a découvert les corps dans la chambre d'hôtel. Traumatisée par cet évènement, elle a choisi de retourner sur l'île de sa naissance et c'est à Honolulu qu'elle a tenté d'oublier le drame. En vacances à Atlanta chez sa fille, Pearl ne s'est jamais vraiment remise de la macabre découverte. « Et voilà dix-neuf ans que Tamara se comportait comme si rien n'avait eu lieu, comme si sa mère lui appartenait encore, comme si sa mère ne faisait pas partie des assassinés du 20 octobre 1989 ! Pearl n'était jamais revenue de ce matin magnifique de l'automne 1989. Elle n'était jamais sortie de la chambre 55 du motel Fairbanks dans laquelle elle avait découvert les corps morts, mutilés. » (p. 161) Pearl est une victime, mais Tamara en est une autre puisque, en quelque sorte, elle a perdu sa mère.

Il s'appelle Ray Ryan. Il était le père de la femme assassinée. Il quitte son domaine en Géorgie pour assister à l'exécution de Smokey Nelson. Son voyage est accompagné par la voix de Dieu qui lui affirme qu'il trouvera enfin la paix dans la vengeance. « Demain, à cette heure-ci, tu le sais, l'impie sera mort. » (p. 81) Dieu prononce un prêche âpre, sans miséricorde, si ce n'est pour le père qui a perdu sa fille.

Il y a un pour chacune des voix. Sydney éructe à la face du lecteur. L'histoire de Pearl est racontée à la troisième personne, comme si elle n'était encore et toujours qu'un témoin sans aucune prise sur les choses. Quant à Ray Ryan, c'est Dieu qui lui parle. À moins que ce soit Ray qui se parle comme il aimerait que Dieu s'adresse à lui. Chaque voix a droit à trois chapitres. Ce triple tryptique est porté par une trinité qui n'est pas bienveillante. Comment pourrait-elle l'être ?

L'ultime chapitre appartient à Smokey Neslon. Tout a été dit par les trois narrateurs précédents et l'heure de l'exécution a sonné. D'une façon ou d'une autre, Smokey Nelson a bouleversé les vies des trois narrateurs. Ils sont trois victimes collatérales de la tuerie. Et l'on voit les dégâts dans ces trois existences qui ont continué malgré tout, marquées du sceau de la mort et de la violence. Smokey espère mourir sereinement, sans peur. Surtout qu'il voit la mort comme la fin de l'agitation et non comme une punition. « La mort a quelque chose de terrifiant, mais aussi de délicieusement maternel. Elle met fin à tous les soucis. » (p. 318) Pendant les nombreuses années de sa captivité, Smokey Nelson a étudié la façon dont il serait exécuté. « On laisserait faire le boulot à des techniciens inexpérimentés qui parfois ne distinguaient pas bien un muscle d'une veine. En effet, l'éthique médicale interdit à tous ceux qui ont fait le serment d'Hippocrate toute participation à un quelconque arrêt de la vie, à un assassinat. Mais un docteur serait là et viendrait bien vérifier la mort de Smokey. Il remplirait la déclaration de décès et cocherait la case homicide pour indiquer la cause de la mort. L'exécution capitale pour un médecin ou un esprit rationnel reste un meurtre. » (p. 320 & 321) Et voilà comment, au bout du roman, l'histoire n'est plus une accusation, mais un plaidoyer contre la peine de mort. Surprenant. Dérangeant.

Si le dernier chapitre m'a bouleversée, je me suis ennuyée pendant tout le reste du roman, surtout dans les chapitres accordés à Pearl. Un grand bravo à Catherine Mavrikakis qui donne à chaque personne une langue différente et un unique. Mais cela n'a pas suffi à me séduire. L'histoire est difficile parce que vraie. le titre ne dissimule rien de l'issue de la vie de Smokey Nelson. Mais contrairement au Dernier jour d'un condamné de Victor Hugo, je n'ai éprouvé aucune compassion pour cet homme qui espère juste que sa mort se passera bien. Bref, c'est une lecture manquée.
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À la croisé entre Les fous de Bassan d'Anne Hébert et Comment devenir un monstre de Jean Barbe.

Récit sur le racisme, la peine de mort, la religion et les États-Unis des années 80-90-2000.

Il y avait des belles phrases, des pensées bien construites mais il manquait quelque chose à ce roman. Il y avait beaucoup de répétitions et le dernier chapitre m'a déplu personnellement. L'auteure possède une belle plume malgré les longueurs.

Je pense sérieusement que j'aurais grandement préféré ce livre s'il avait été raccourci de quelques cents pages.
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Livre en cours, pas mal, pas mal du tout. Une façon originale et intelligente d'analyser le sentiment humain face à la peine de mort. Petit bémol : il n'est pas très difficile de comprendre l'opinion de l'auteur à ce sujet. Néanmoins, la façon de passer d'un personnage à l'autre est faite avec adresse.
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J'ai terminé "Les derniers jours de Smokey Nelson".
Smokey va être exécuté pour un crime commis 20 ans avant. Trois personnes directement touchées par ce crime vont voir leur trajectoire modifiée à l'annonce de l'application du verdict.
On suit ces trois personnage tout au long du récit.
Il y a Sidney Blanchard, noir américain, guitariste, fou de Jimmy Hendrix. On suit le flux de ses pensées tout au long de son retour vers sa Louisiane. On découvre l'histoire de Pearl Watanabe métisse sino-américaine qui a fuit Atlanta après le crime. Et enfin on découvre Ray Ryan à travers un sermon qu'il déroule dans sa tête comme si Dieu lui parlait en permanence.
Ce sont les Etats Unis qu'on rencontre dans ce roman. On découvre le sort d'un noir du Sud des Etats qui l'a fuit après l'ouragan Katrina. Pearl en vacance chez sa fille nous fait voir le quotidien d'une famille touchée par la crise économique. Et puis quelle plongée dans la tête d'un croyant extrémiste qui va jusqu'à accepter que son fils s'arme et avec quelques amis terrorisent les autres, les petits, enfin ceux qui à ses yeux ne glorifient pas Dieu.

J'ai trouvé le livre un peu difficile d'accès. Suivre des personnages à travers le flux de leurs pensée n'est pas toujours facile. Il faut franchir les premières pages, après ça va. le fond est intéressant. En plus de ce que je dis plus haut, on découvre aussi comment un crime a bouleversé trois vies en profondeur et définitivement.
Ma technique : je l'ai lu par chapitre, en lisant le dernier Modiano en parallèle.
Sans en faire un coup de coeur j'en conseille la lecture.
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La force et l'originalité du roman de Catherine Mavrikakis résident dans la construction en un roman polyphonique varié. Quatre voix s'expriment autour d'un même évènement. Smokey Nelson, auteur d'un meurtre affreux d'une famille complète, mère, père et deux jeunes enfants dans un hôtel d'Atlanta va être exécuté après 19 ans d'emprisonnement.
C'est Sydney Blanchard qui entame ce récit en discutant avec sa chienne Betsy. Sydney est né le jour de la mort de Jimi Hendrix. Enfant, on le disait habité d'un fantôme. Il fut le premier accusé de la tuerie d'Atlanta avant que Smokey soit arrêté. Son discours est violent, agressif pendant tout son voyage qui le ramène à La Nouvelle Orléans.
Pearl Watanabe est née de père japonais et de mère américaine. Elle travaillait dans l'hôtel où Smokey a commis son meurtre. Elle a bavardé et même badiné avec le meurtrier ce jour-là. Elle vit à Hawaï mais revient justement voir sa fille dans le Sud des Etats-Unis au moment où Smokey va être condamné à mort. Son récit et celui de Tamara, sa fille sont beaucoup plus construits et agréables. Même si sa fille tente de lui cacher l'évènement pour que Pearl ne revive pas ce jour maudit du meurtre, la rencontre est inévitable. Pourquoi Smokey l'a -t-il épargnée ce jour-là ?
" Elle aurait voulu dire que les humains sont faits de moments, que le bien et le mal ne sont pas inséparables et qu'il y avait en ce garçon une véritable bonté que son père Watanabe et sa mère avaient appris à Pearl à reconnaître chez les autres."
Puis vient le tour de Ray, le père de Sam, la femme qui a été tuée sauvagement avec ses deux enfants et son mari. C'est en fait Dieu qui parle à son fils Ray. Mais ce Dieu est violent, raciste, sexiste. C'est dans une Géorgie très croyante que Ray fut élevée. Une religion qui n'accepte pas le suicide de son père, qui relègue la femme à son rôle de servante et qui accuse les Noirs et les homosexuels. Une fois de plus, le discours est violent, fanatique bien que Ray se pose certaines questions sur le sens de cette dégénérescence.
Après plusieurs chapitres alternés sur chaque voix, Smokey Nelson s'exprime sur la vie en prison, le déroulement de cette dernière journée du condamné. Il évoque de manière très calme le soutien de sa soeur, son procès, sa sérénité face à la mort imminente.
Ce roman m'a un peu étonnée. J'ai apprécié la construction, le lien sur la chronicité des évènements, la vision d'une Amérique ( le Sud ) un peu rétrograde, encore très empreinte d'une religion coercitive et de racisme alors qu'Obama sera prochainement président.
Je regrette que l'auteur n'ait pas abordé davantage le point de vue de Smokey. J'aurais aimé en savoir davantage sur ses états d'âme. Pourquoi a-t-il commis ce crime sauvage, pourquoi a-t-il épargné Pearl ?
L'auteur démontre dans cette construction qu'au-delà des victimes, toutes les personnes directement concernées par un tel drame se trouvent gravement perturbées au point que la mort semble une douce consolation.

" La mort a quelque chose de terrifiant, mais aussi de délicieusement maternel."
Lien : http://surlaroutedejostein.w..
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