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EAN : 9782742764549
401 pages
Actes Sud (02/04/2007)
3.86/5   111 notes
Résumé :
Un homme, surnommé le Monstre, refuse de parler et attend, en prison, la tenue de son procès. Venu de l'étranger pour l'assister, un avocat cherche à découvrir les raisons de son mutisme et les circonstances entourant ses crimes. Sur les traces de son client, dans un pays qui se relève à peine d'une guerre fratricide, l'ayocat est plongé bien malgré lui au cœur d'une tragédie, où la folie des hommes ordinaires favorise la naissance des monstres.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La littérature de jeunesse a une fonction didactique qui n'est pas à dédaigner. "Comment devenir un monstre" donne des repères simples mais efficaces, rappelle que chaque homme est susceptible de se croire grandi par la guerre, et exalte les valeurs familiales comme rempart à l'égoïsme.
En fait, ce roman n'a qu'un défaut : il est vendu en littérature générale. Pour adulte, quoi. L'éditeur doit réagir d'urgence et l'estampiller "interdit aux plus de 16 ans". Y'a pas de honte à être un auteur pour ados, faut juste assumer sa vraie nature.
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En prison, un homme appelé le Monstre rencontre un avocat d'Avocats sans frontières pour assurer sa défense lors de son procès. le Monstre est accusé d'avoir tué plusieurs êtres humains durant la guerre sévissant autour de la ville de M… Cependant, Viktor, le Monstre, garde le silence, car il se sait coupable, ce qui amène François Chevalier, son avocat, à mener une enquête sur le terrain en allant rencontrer, entre autres, les parents du Monstre, les gens l'ayant connu, etc. Il fera ainsi des découvertes sur l'enfance du Monstre, sur ses rêves, ses amours, ses morts.

Mes impressions

Tout d'abord, ce livre s'avère magnifique. Jean Barbe a réussi à créer un univers fascinant, actuel, sur les méandres de l'âme humaine. Je m'explique. D'une part, des hommes se rebellent contre le pouvoir. Parmi ces derniers, il y a le Monstre. Ce dernier assiste au meurtre sordide du fils de son ami, Manu. de plus, en mangeant avec la famille de Manu, il se rend compte que cette dernière vit dans un état de famine et que l'horreur engendre l'horreur. Il décide de faire la guerre en compagnie de ceux avec qui il travaillait à la scierie (cette dernière a été brutalement fermée), comme Mistral, dont l'unique objectif est de tuer en temps de guerre et de semer l'anarchie. Là où l'univers m'apparaît fascinant, c'est que l'instance lectrice est amenée à réfléchir constamment sur les enjeux de la guerre et de ses horreurs. Voici deux citations illustrant bien ce que j'exprime :

«La chair des hommes est une autre histoire et la blessure infligée à un seul peut faire souffrir plusieurs générations». (p. 171)

«Les gens veulent améliorer leur sort, continua-t-il. Tout le malheur vient de là. On prend les armes pour faire un monde meilleur! Et on devient inhumain à force de rêver d'un peu plus d'humanité. » (p. 188)

Dans ce livre, des monstruosités sont commises au nom de la guerre. Pour moi, elles sont injustifiables, mais bon. Je n'ai jamais vécu la guerre. Je n'ai jamais connu ses atrocités. Alors, difficile pour moi, d'accepter ces dernières.

Le Monstre ne cesse de vivre des trahisons, dont une de celle qu'il aime, Maria. Il va vouloir se venger de celui qui lui a volé Maria, c'est-à-dire le patron de cette dernière. de plus, Maria va se servir des renseignements qu'il lui transmettait en les divulguant à son patron. En ce sens, Viktor se lance aussi dans une guerre personnelle.

Dans ce récit, l'instance lectrice peut relever des thèmes comme la fragilité des idéaux et de la condition humaine, la haine, l'amour, la résistance, la barbarie, la guerre.

D'autre part, que dire de la plume de Jean Barbe ? Cette dernière est vivante grâce aux descriptions et à la précision des termes. La lectrice ou le lecteur se sent faire partie du récit et elle ou il ressent du plaisir devant la richesse de la phrase. Elle ou il semble participer à l'histoire et elle ou il tente de comprendre comment on devient un monstre. Elle ou il rassemble les morceaux de l'enquête. Voici un exemple de la beauté de l'écriture de Jean Barbe. L'avocat se rend chez les parents du Monstre et il constate la puissance de l'amour maternel.

«Les larmes d'une mère. Quelle force prodigieuse en tire-t-elle! Je la regardais, intimidé. Je voyais ma mère, je voyais toutes les mères du monde. Je voyais Florence, la mère de mes enfants. L'immensité de l'amour maternel, l'immensité de l'impuissance de l'amour. Les mères, de leurs bras, veulent endiguer l'océan, de leurs larmes irriguer les déserts. L'amour est éternellement condamné à chercher un geste, une caresse, un mot, un baiser pour s'incarner. Fantôme d'amour qui soupire après la vie, c'était elle, c'était cette vieille-là, dans cette ruine-là, la maison de famille où le Monstre avait appris à marcher.» (p. 54-55)

J'ai tellement apprécié cette lecture que je ne peux que vous la recommander. En ce moment, notre monde semble habité par des monstres qui font la guerre au nom du pouvoir, d'une idéologie, d'un territoire, d'une religion ou de l'argent. Ce dernier est malade. Malade d'une folie meurtrière. La guerre et ses gentils et ses bourreaux et ses ruines. La guerre et son absurdité.

«Sur les montagnes de gravats, les enfants jouaient toujours en poussant de petit cris. Ils étaient une dizaine, aux vêtements déchirés, inconscients des luttes de leurs parents, de leurs sanglots refoulés. Sur les ruines de leur ville, ils jouaient. Ils n'étaient que des enfants, crottés, hirsutes, rêveurs. Des petits monstres. »

Jean Barbe est un très, mais un très grand écrivain. Je vais certainement lire Comment devenir un ange. Son livre est universel, car il relève de la condition humaine. Son écriture est celle de l'authenticité. À découvrir, absolument. Une de mes lectures préférées de 2024.

https://madamelit.ca/2024/04/20/madame-lit-comment-devenir-un-monstre-de-jean-barbe/

Lien : https://madamelit.ca/2024/04..
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Dans Comment devenir un monstre, l'auteur décortique le parcours d'un citoyen ordinaire qui est amené, par diverses circonstances, à s'engager comme soldat mercenaire dans une guerre civile d'un État fictif qu'on devine situé quelque part en Europe de l'Est. Par une écriture vivante et imagée, Jean Barbe, dont c'est le premier roman que je lis, m'a rendu la lecture plaisante même si son propos est très lourd.
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Ouf! Je ne saurais dire si j'ai aimé ou non cette lecture. Une chose est sûre c'est que celle-ci m'a beaucoup fait réfléchir sur les impacts de la guerre sur les êtres humains. Et comment, quelque part, chacun de nous pourrait devenir un monstre si une guerre éclatait et que nous perdions tous ceux qu'on aime. Disons-le, ce n'est pas une lecture très hop-la-vie! Toutefois, une sorte de vérité, certes inconfortable, m'incitait toujours à poursuivre jusqu'à la fin.

Ce roman raconte l'histoire d'un avocat sans frontières qui est appelé pour aller défendre le "monstre" qui est accusé d'avoir sauvagement tué un enfant. L'auteur décortique de façon très habile, une à une, les mailles du filet ayant mené à cette tragédie. Un brin philosophique, où rien n'est jamais ni tout blanc ni tout noir, on explore le côté à la fois sombre et lumineux de l'être humain et où "il n'y a que l'amour à opposer à l'horreur du monde".
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La beauté de ce livre réside dans les réflexions entourant la thématique de la guerre ainsi que dans l'opposition qui s'impose tout au long du roman entre le silence et la parole. Cette opposition créée une tension, une atmosphère et elle permet à l'intrigue d'avancer. La construction narrative est aussi intéressante, avec deux narrateurs, mais la finalité est assez prévisible et n'amène pas de surprise. Certaines réflexions m'ont aussi paru légèrement artificielle et trop grossi pour être réaliste. Dans l'ensemble, j'ai passé un bon moment de lecture et je recommanderais ce livre.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Je rentre soûl, je me précipite au lit pour éviter ton regard. Je vais au lit, je fais semblant de dormir. Je ne prends des nouvelles de rien. Mais j'écoute. Je reconnais à ton pas ta colère contre moi. Tu marches sur les talons, brusquement, et le plancher résonne comme une peau de tambour.. Tu fais du bruit. Tu manifestes ton désaccord, ton humiliation, ta détresse, ton envie de me faire du mal pour te venger de celui que je te fais. Mais tu es trop bien éduquée. Tu ne crois pas aux bienfaits de la violence. Alors tu brasses les assiettes, les tasses, tu manies les objets avec brusquerie, comme s'ils étaient moi. Cette rage, il faut bien l'évacuer, la faire sortir ; elle crispe tes muscles, elle contraint tes poumons, elle t'étouffe.
[...]
Je ne fais rien. Je suis faible. Je suis fait d'une matière faible. Ça craque là où je suis. Alors je ne bouge pas. Je ne fais rien. L'inertie est la seule force qui me reste.
[...]
Et quand enfin tu viens te coucher, ta colère un peu calmée, je fais toujours semblant de dormir. Il n'y aura pas de gestes tendres, nous ne savons plus. J'écoute ta respiration ralentir, ton souffle s'apaiser. Alors seulement je peux moi aussi espérer le sommeil. Côte à côte sans nous toucher, l'amour épuisé, et sachant tous deux que demain ne sera pas une autre journée, mais la même, jusqu'à ce que quelque chose cède au-delà de tout espoir.

(p.138-139)
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- [...] Ce que je sais, c'est le sentiment de puissance qu'on éprouve lorsqu'on met quelqu'un en joue et qu'il suffit d'une pression du doigt pour effacer à jamais une vie. Je vous met au défi d'essayer : postez-vous sur un toit avec une carabine à lunette et visez les fourmis qui arpentent les trottoirs pour se rendre innocemment au travail. Vous n'avez même pas besoin de tirer, ils n'ont même pas besoin d savoir que vous êtes là. Vous éprouvez l'exaltation de la puissance. C'est comme une drogue. Au début, c'est une drogue. Même sans tirer. Mais il arrive ce qui arrive dans ces cas-là, et puisqu'on peut tirer, on finit par le faire.

(p.334-335)
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- Écoutez, dit-il, je n'ai jamais tué par plaisir, vous comprenez ?
- Oui.
- Je n'ai jamais tué pour gagner quelque chose ni par vengeance ni quoi que ce soit. Ceux que j'ai tués étaient des ennemis, et je les ai tués dans l'exercice de mes fonctions à l'intérieur d'un cadre établi, d'accord ?
- D'accord.
- Eh bien, ça ne change rien. J'ai tué quand même. Et au début, même si on ne le veut pas, on ressent quelque chose de très fort. Au début, il n'y a rien de plus puissant. Rien. Enlevez la culpabilité, la peur du châtiment et la condamnation morale, et tuer devient l'acte qui vous procure le plus grand sentiment de puissance qui soit. Meilleur que l'orgasme, qui nous ramène à notre condition de mammifère, alors que tuer nous élève à la condition de Dieu.

(p.334)
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Ici, les choses se précipitent. La chronologie m'échappe. Les souvenirs se chevauchent. Je ferme les yeux pour que les images se précisent. Je me souviens de la peur. J'avais peur. Pour ne pas avoir peur, il faut être mort. C'est étrange cette sensation. C'est totalement insensé que de se ruer vers l'ennemi, vers le feu de l'ennemi. Et pourtant, ce n'était pas insensé. Il y a, pendant la guerre, une logique dont on ne retrouve plus le fil en temps de paix.

(p.258)
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Nous allions tout droit vers la déception de l'âge adulte, quand soudain les hommes et les femmes qui vous entourent cessent de vous parler en bébé et vous révèlent d'un seul coup tout ce dont ils vous avaient jusqu'alors protégés : la duplicité, les contorsions de la vie en société, l'épouvantable obligation de gagner sa vie, l'absence totale de pitié d'un monde qui vénère l'argent et sacrifie les hommes par cupidité.
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