En 2060, dans un monde ravagé par la crise climatique et les inégalités, la star planétaire
Oscar de Profundis retourne dans son Montréal natal, où il n'a pas mis les pieds depuis quarante ans, afin d'y donner un concert. Au même moment, l'armée boucle la ville en proie à une épidémie destinée à purger les « gueux », déclassés de la société qui survivent tant bien que mal (en fait, plutôt mal). Et parmi ces gueux, Cate Bérubé, ancienne médecin, n'a pas l'intention de se laisser mourir sans rien faire. Son plan : kidnapper
Oscar de Profundis afin d'envoyer un message au monde entier : message d'espoir aux gueux, message d'avertissement aux riches.
Cette lecture m'a laissé une impression mitigée. La dystopie esquissée ici a quelque chose de terrifiant en ce qu'elle est extrêmement crédible, à quelques détails près : le complot de l'État mondial qui crée une épidémie de peste pour se débarrasser des pauvres, ça passe pour un livre écrit en 2016, mais ça sonne étrangement aujourd'hui. Les thèmes abordés (inégalités extrêmes et toujours croissantes, importance de l'art et de la culture) sont bien traités et le ton désenchanté fait mal parce qu'il tape juste. Les personnages sont intéressants, que ce soit Oscar, égocentrique et déconnecté du monde et pourtant déterminé à sauvegarder le patrimoine culturel de l'humanité ; ou Cate, qui sait son plan voué à l'échec mais se fait un point d'honneur à le mener jusqu'au bout ; ou encore Adrian, le dernier libraire et dernier révolutionnaire…
Toutefois, l'intrigue, qui avait tout pour être haletante, ne décolle jamais réellement. On passe la plus grande partie du roman à suivre les états d'âme d'Oscar confiné dans son manoir que l'armée protège des débordements. le dénouement, très rapide et anticlimatique, laisse un goût de « tout ça pour ça ». Mais c'est surtout le style sur lequel j'ai tiqué : la narration m'a paru verbeuse, pompeuse, très éloignée de l'action et des personnages, au point qu'on a l'impression de traverser l'histoire dans un scaphandre et d'être comme Oscar, déconnecté de ce qui se passe autour de lui. C'est sans doute voulu (comme pour la fin anticlimatique) et j'arrive à voir théoriquement l'intérêt de ce parti pris, mais je ne suis pas certaine que c'était la meilleure approche. En effet, cela m'a malheureusement laissé l'impression que le tout n'était qu'un prétexte pour l'autrice de faire briller sa plume et d'étaler lourdement ses nombreuses références culturelles. J'en ressors avec un sentiment d'ambiguïté assez dérangeant (mais qui, au moins, risque de me laisser longtemps cette oeuvre en mémoire).