C’est étrange, les prémonitions ! Alors que, jusque-là, au cours des démarches que j’avais entreprises et des initiatives que j’avais prises, j’avais eu, en mon for intérieur, la sensation vague, mais pourtant certaine, de leur inutilité finale, cette fois-ci, j’avais comme une intime et inexplicable certitude en ma réussite... une confiance mélangée à une sorte d’angoisse diffuse, tout autant inexplicable. Il n’y avait dans tout cela nulle logique ; mais allez chercher de la logique dans les méandres et les mystères de la psychologie du cœur humain !
Pour le moment, il s’agissait de ne rien laisser transpirer de la catastrophe. Ni ma mère, ni mes frères et sœurs ne devaient même la soupçonner. Il me fallait garder le sourire, feindre un calme olympien, afin que personne ne puisse se douter du malheur qui s’était abattu sur nous. Je leur devais bien ça. Par la suite, on verrait ce qu’on verrait.
Cette fois-ci, c’est vraiment sérieux. Il n’y a absolument pas moyen de revenir en arrière. Je ne sais pas si j’ai raison ; j’ignore si je n’ai pas commis la plus grande et la plus irréparable sottise de mon existence ! Mais il y a une chose certaine et sûre : à l’heure actuelle, la route que j’ai empruntée est définitive... je ne puis revenir en arrièr
Il est vrai que la vie est faite du meilleur comme du pire et que les événements marquent leur empreinte sur notre âme, indépendamment du fait qu’ils sont favorables ou fâcheux.
" Vous devriez aller trois mois à la montagne ", ils ne se préoccupent nullement de savoir si vous avez seulement les moyens d’aller passer un week-end à Compiègne. Ils décident dans l’absolu, sans se soucier de vaines contingences. Pas de soucis comme si c’était au pouvoir de l’homme de n’en point avoir !