Fin est inspecteur à Edimbourg, la capitale de l'Ecosse. Il est originaire d'une île des Hébrides, l'île de Lewis, qu'il a été heureux de quitter une fois adolescent pour entrer à l'université. Mais un meurtre macabre a été perpétré sur cette île, rappelant étrangement un meurtre récent à Edimbourg. Fin est affecté à l'enquête : c'est une plongée sombre et douloureuse dans le passé qui l'attend, rendue plus dramatique encore par la perte de son fils de huit ans. L'île de son enfance n'a pas encore révélé à Fin tous ses secrets…
Ce policier atypique figure parmi mes grands coups de coeur du prix Cezam 2011 auquel je participe. Avant de lire «
L'île des chasseurs d'oiseaux », j'ai eu l'occasion de rencontrer l'auteur : sa lecture a posteriori a ainsi pris une saveur supplémentaire. J'avais en tête les belles photos de l'île de Lewis qui étaient en exposition à la médiathèque où je me suis rendue pour la rencontre (j'ai pu voir des portraits de chasseurs d'oiseaux, une photo de gugas, vivants, puis prêts à être mangés). Je me souvenais des paroles simples de
Peter May sur son livre et son parcours d'écrivain, magnifiées par son bel accent écossais.
Son livre m'a enchantée d'un bout à l'autre sans que mon attention se relâche. J'ai aimé la construction de l'histoire, une construction assez classique, mais qui permet d'éviter l'ennui et qui donne la possibilité à l'auteur de dévoiler des secrets progressivement : on note une alternance entre des récits de l'enfance de Fin sur l'île de Lewis (récits écrits en « je ») et le récit au présent de l'enquête de l'inspecteur Fin sur cette même île. Cette plongée d'un adulte dans son passé m'a beaucoup plu : comment renouer des liens avec des personnes des dizaines d'années plus tard alors qu'on a vécu avec elles des événements douloureux ? La rencontre ne risque-t-elle pas d'être teintée d'amertume et de rancoeur qu'on ne pourra plus dépasser ? Quelle oeuvre le temps et la mémoire opèrent-ils sur les hommes ? Fin va revoir nombre d'amis d'enfance blessés par la vie et apprendre des secrets qu'il avait enfouis au plus profond de lui même : il ne reviendra pas indemne de son voyage…
J'ai tout particulièrement aimé le chapitre qui décrit le premier voyage de Fin enfant sur
l'île des chasseurs d'oiseaux : les descriptions des paysages chaotiques, des conditions météorologiques épouvantables, de la chasse en tant que telle, sont magnifiques. La tension dramatique est à son maximum et se cristallise à la fin du chapitre : le lecteur comprend alors que cette île cache bien des énigmes que Fin adulte va essayer de percer. En lisant ce chapitre, je me suis souvenu des paroles de
Peter May lors de la rencontre : lorsqu'il a goûté pour la première fois un guga, il a eu la surprise de constater qu'il avait la texture du canard et le goût du poisson. L'auteur a bien connu cette île : il y est resté 5 ans pour tourner un film. Il a ainsi pu faire de nombreuses rencontres et observer les paysages et le climat. Il a pu se rendre également sur
l'île des chasseurs d'oiseaux.
Ce policier est véritablement atypique : les éditeurs anglais ont dans un premier temps refusé le manuscrit, car il ne respectait pas les canons du policier britannique. L'éditeur français « le Rouergue » l'a accepté et ce roman, écrit en anglais, s'est vu publier pour la première fois en français. Ce policier est aussi un magnifique roman d'amour, une ode à l'île de Lewis et aux coutumes de ses habitants, une belle invitation au voyage sur une île écossaise au climat âpre et rugueux, à l'image de ses paysages.
Un beau roman qui donne envie de voyager, qui tient en haleine le lecteur d'un bout à l'autre, qui le fait vibrer grâce à son suspens, ses magnifiques descriptions et aux divers sentiments qu'il soulève, dans une gamme très large depuis l'amour absolu jusqu'à la haine la plus profonde. Une plongée terrifiante dans le passé dont on ne ressort pas indemne…