Quelle claque !
C'est le premier roman de
Florence Médina que je lis. Mais est-ce qu'on peut l'appeler « roman » ? Ici, pas de prose, seulement du vers libre. Je suis plutôt méconnaisseuse du vers, j'ai lu un peu de poésie ci et là, à travers les recueils de
Cécile Coulon ou Thomas Vinau, mais jamais comme ça. Cette forme si particulière, qui raconte les pensées de Mona par rapport à son début de grossesse pendant plus de 200 pages, c'est inédit pour moi. C'est tout étrange, et c'est tout bon, aussi.
Je l'ai reçu, et j'ai commencé à le lire, et je ne pouvais plus m'arrêter de le lire. le vers libre, avec sa rythmique, ses pauses, ses silences, ses dessins sur la page, m'ont complètement engloutie. J'avais déjà un grand intérêt pour l'histoire de cette jeune fille qui tombe enceinte lors de son premier rapport sexuel ; et je m'étais arrêtée à l'histoire, je n'avais pas lu l'information sur la forme du récit. Alors j'ai été surprise. Et puis j'ai été avalée.
Bien sûr, même si la forme est beaucoup, la forme n'est pas tout.
Florence Médina parle d'un âge adulte qui arrive trop vite, une expérience que l'on ne doit pas vivre à 16 ans, bientôt 17. Elle parle de la passation du fardeau, du secret entre les femmes. Elle parle du combat pour l'IVG dans l'Histoire. Elle parle de la place du garçon, celui avec qui l'implantation de l'embryon a été possible.
C'est une aventure, celle de Mona, et de ce qui se passe dans sa tête. C'est une leçon, pour savoir quoi faire, qui aller voir. C'est une lettre d'amour au Planning familial. C'est une confession. C'est une passation de secret, de femme à femme.
L'avortement, en vérité, n'est pas tant
Une affaire de femmes
Qu'une affaire de femmes qui crèvent
Plus souvent qu'à leur tour
Quand ce n'est pas de septicémie de la raison d'État
C'est aussi un plaidoyer politique en faveur de l'avortement, à l'heure où les droits fondamentaux des femmes sont remis en question. A l'heure où notamment aux Etats-Unis, les états sont libres de légiférer sur le droit ou non à l'avortement. A l'heure où en France, on nous parle de relancer la natalité.
Le corps des femmes, toujours, appartiendra aux femmes, et aux femmes seules.
Florence Médina nous le rappelle bien dans ce volume aux relents de Team Bagarre.
Un livre nécessaire, pour toutes et pour tous. Que j'ai immédiatement mis en commande pour la médiathèque, et que je conseillerai à tour de bras !
Je remercie fort fort Babelio pour cette Masse critique privilégiée et les éditions Scrineo pour l'envoi de ce superbe livre !
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