19 h. 30 Cela fait une heure que je cours les hôtels. Il n’y a pas une chambre de libre car, d’après ce qu’on m’a expliqué, a lieu en ce moment le Symposium du Poivron Farci dans la Cuisine Moderne, auquel participent des experts venus du monde entier.
8 h. 00 Toujours sans nouvelles de Gurb. Il pleut à seaux. La pluie de Barcelone ressemble à l’activité de son Conseil municipal : elle est rare, mais quand elle tombe, elle est d’une brutalité stupéfiante.
11 h. 00 Cela va faire bientôt trois heures que j’attends dans l’espoir de voir passer Gurb. Attente inutile. Le flot des êtres humains, en cet endroit de la ville, ne décroît pas. C’est même le contraire. Je calcule que les probabilités que Gurb passe par ici sans que je le voie sont de soixante-treize contre une.
21h04 - Je suis dans la taverne. Saucissons, cervelas, chorizos et autres stalactites dégouttent de graisse sur la clientèle, composée de sept ou huit individus de sexe biologiquement différencié encore que non visible, sauf un gentleman qui a oublié de fermer sa braguette en sortant des toilettes. De l’autre côté du comptoir, pour servir le vin, se trouve quelque chose que je prends d’abord pour un homme. Un examen plus approfondi me révèle qu’il s’agit en réalité de deux nains juchés l’un sur l’autre. Chaque fois que la porte s’ouvre, il se produit un tourbillon qui fait s’envoler les mouches. On peut voir alors sur un mur une glace dont le coin supérieur gauche porte, écrits à la craie, les scores des matchs du 6 mars 1958.
08.00 Me naturalizo en lugar denominado Diagonal-Paseo de Gracia. Soy arrolado por autobus numero 17 Barceloneta-Vall d'Hebron. Debo recuperar la cabeza, que ha salido, rodando de resultas de la colision. Operacion dificultosa por la afluencia de vehiculos.
08.01 Arrollado por un Opel Corsa.
08.02 Arrollado por una furgoneta de reparto.
08.03 Arrollado por un taxi.
08.04 Recupero la cabeza y la lavo en una fuente publica situada a pocos metros del lugar de la colision. Aprovecho la oportunidad para analizar la composicion del agua de la zona : hidrogeno, oxigeno y caca.
On pense toujours mieux quand on a l'estomac plein, disent ceux qui ont un estomac. ( p.77)