Stephanos est un immigré éthiopien qui s'est installé à Washington. Il tient une petite épicerie dans le quartier populaire de Logan circle, et vit modestement. Ses seuls loisirs sont les moments passés avec ses 2 amis : Joseph, un congolais serveur dans un restaurant et Kenneth, un autre éthiopien devenu ingénieur. Leurs soirées dérivent bien souvent sur leurs souvenirs africains et un de leur jeu favori consiste à donner un nom de dictateur africain et de deviner la date et le lieu de son coup d'état !
Un jour, Stephanos va voir sa petite vie bousculée par l'arrivée dans le quartier de Judith et sa petite fille métisse, Naomi. Stephanos s'attache à ces 2 voisines et se prend à rêver à un avenir radieux auprès d'elles. Malheureusement, leur arrivée provoque aussi quelques changements dans le quartier...
Stephanos a fuit seul l'Ethiopie à la mort de son père, arrêté par la dictature locale de Mengistu. Sa famille est restée au pays et seul un oncle l'a aidé à s'installer aux Etats-Unis. Après avoir vécu un moment à son domicile, Stephanos s'est emancipé. Peu ambitieux, il a choisi d'ouvrir une petite épicerie qu'il tient de manière un peu relâchée. Sa vie est plutôt solitaire, exceptées les visites de ses 2 amis. Quand Judith, une femme blanche, professeur d'histoire américaine qui aime la littérature, s'installe dans la maison voisine, son quotidien s'anime ponctué des visites de la jeune femme ainsi que de celles de sa fille à la boutique. La petite Naomi vient partager ses lectures avec Stephanos qui n'hésite pas à lui faire la lecture de Dostoiesvki. Malgré leur différence de classe sociale, d'éducation, Stephanos est de plus en plus sensible à la chaleur de Judith, à ses invitations, à sa joie de vivre. Sans s'avouer amoureux, notre épicier s'attache fortement à ces 2 femmes. Il délaisse un peu plus son épicerie pour mieux se promener et rêvasser aux "belles choses que portent le ciel", expression qui provient de
la divine comédie de
Dante.
A travers l'histoire de Stephanos, c'est celle des immigrés et du rêve américain que Mengetsu évoque. Stephanos, comme ses 2 amis, sont devenus américains sans avoir su abandonner leur identité africaine.
Coincés entre 2 mondes, ils peinent à trouver leur place.
Une place et une famille que Stephanos semble trouver utopiquement en la personne de Judith.
Mais perdus dans une société qui n'est pas la leur, ils sont désespérément seuls et tentent de recréer l'afrique perdue avec nostalgie. le jeu des dictateurs st d'une ironie mordante, pointant du doigt les drames de la nation africaine qu'ils continuent pourtant d'évoquer avec affection.
Leur pays d'accueil est, lui bien loin des clichés fantasmatiques. le quartier de Stephanos est pauvre, les prostituées travaillent au bout de la rue et son épicerie voit sa clientèle déserter.
L'arrivée de Judith est un signe d'embourgeoisement du quartier qui, peu à peu, devient trop onéreux pour la population noire qui se voit expulsée des logements impayés. La révolte gronde et les incidents se multiplient, visant la population blanche.
La narration se fait par Stephanos qui alterne la description de son quotidien avec celui de son passé. Les flash-backs se font un peu dans le désordre et c'est au lecteur de reconstituer son parcours.
Les belles choses que portent le ciel est un très beau portrait d'homme. Un homme entre 2 cultures qui aura toujours la sensation d'être en exil et d'être coupable d'avoir abandonné sa famille. Un homme qui a accepté avec résignation son statut d'immigré modeste et sa solitude. Un homme qui prend la vie comme elle se présente, avec ses malheurs et ses petits bonheurs passagers.
Voilà un roman désenchanté sur le monde qui réussit malgré tout à entrouvrir une petite lucarne d'espoir : le ciel comporte aussi de belles choses...
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