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3,67

sur 188 notes
C'est un beau roman. C'est une histoire simple, limpide. C'est une histoire dans lequel le narrateur, Sépha, revient souvent en arrière, sans que le lecteur se sente aucunement gêné par ses va et vient dans le passé. Il vit depuis dix-huit ans aux Etats-Unis. Il a deux amis, l'un, Kenneth, est ingénieur, l'autre, Joseph, est serveur dans un grand restaurant. Tous les trois sont seuls les uns à côté des autres. Un de leur passe-temps ? Enumérer les coups d'états, les révolutions qui ont bouleversé le continent africain.
Sépha tient une petite épicerie de quartier - dans un quartier où les expulsion se multiplient et où une maison (un immeuble ?) de quatre étages vient d'être rénové, pour une professeur et sa fille. Une amitié se noue entre Sépha et Judith, la jeune femme, une amitié, et peut-être un peu plus du côté de Sépha, qui, comme ses amis, n'a jamais vécu d'histoires d'amour véritablement importantes. La vie n'est légère pour personne, même pas pour Judith et sa fille Naomi, que sa mère ne parvient pas vraiment à "gérer". Quant à son père, il n'est pas réellement présent - et quand il le sera, ce ne sera pas pour apporter quoi que ce soit de réellement positif.
Une histoire simple, oui, une histoire presque universelle, celle des réfugiés qui ont trouvé une terre d'asile aux Etats-Unis, qui ont espéré un jour retourner dans leur pays et qui ont dû y renoncer. Pas de rêve américain, non, même si on leur rappelle la chance qu'ils ont d'être dans ce pays libre. Pas d'intégration : Sépha reste un homme entre deux mondes, lucide, toujours, sur lui, sur les autres. Un homme pudique et échaudé par ce qu'il a vécu - aussi.
Un auteur à découvrir.
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S i Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie scannait avec une grande acuité le quotidien et le parcours de jeunes gens issus de l'immigration nigériane en Amérique, sans faire l'économie de la question de la race, ce livre qui évoque l'arrivée aux E.U de 3 jeunes Ethiopiens brille en revanche par son innocuité politique.
Avoir fui les affres de la violence d'un régime totalitaire ne dispense pas de porter un regard un peu situé socialement sur un pays ou quand meme 50% des Afro-américains vivent sous le seuil de la pauvreté.
On se prends à espérer sur quelques chapitres que la question de la gentrification va prendre la place qu'il se doit dans ce récit. en lieu et place il faudra se contenter d'une vague romcom assez fade, accompagnée d'une ode à la culture occidentale et à la méritocratie et ou les gens qui résistent à la préemption de leur quartier par les promoteurs sont ravalés au rang de rageux ingrats et communautaristes.
le livre a obtenu en France - pays obsédé par la normativité comportementale - le Prix du Livre Etranger.
Ca ne s'invente pas...
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Sepha Stéphanos tient une petite épicerie dans un quartier pauvre de Washington. Dix sept ans auparavant, il a quitté son Ethiopie natale après avoir vu son père battu et emporté par l'armée. Il vit seul, sa vie est monotone. Il lit beaucoup derrière le comptoir de sa boutique où peu de monde entre. Son seul plaisir est la venue certains soirs de ces amis Kenneth et Joseph avec qui il s'amuse à énumérer les différents dictateurs et coups d'état africains. Mais un jour, Judith (qui est blanche) et sa petite fille Naomi s'installe dans la grande demeure de l'autre coté de la rue où travaille Stéphanos. La vie de Stéphanos va-t-elle enfin commencer ?
Un beau premier roman, plein de douceur qui sans l'air d'y toucher aborde des sujets importants comme la place de l'immigré africain en Amérique, la solitude, la difficulté de communiquer ses sentiments… Malgré une certaine distanciation du narrateur, on ne peut qu'être touché par ce récit sensible.
Lien : http://puchkinalit.tumblr.com/
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A peine sorti de l'adolescence, Sépha Stéphanos a fui l'Éthiopie après l'assassinat de son père, soupçonné d'activités subversives.
Cela fait maintenant dix-sept ans qu'il vit à Washington. Propriétaire d'une petite épicerie dans un quartier modeste, il vivote, recevant la visite régulière de ses amis Joseph et Kenneth, eux aussi immigrés africains.
Les trois compères discutent de longues heures durant, et s'amusent, l'un d'entre eux lançant le nom d'un pays de leur continent d'origine, à retrouver le nom de son(ses) dictateur(s) et les dates de ses coups d'état.

Sépha se définit lui-même comme un homme sans ambition. Sa seule aspiration est de mener un vie discrète et tranquille.
Lui qui, lors de son arrivée aux États-Unis, entretenait de longues et imaginaires conversations avec ses parents, croyait reconnaître dans les visages noirs qu'il croisait un oncle ou un cousin, évite depuis longtemps les lieux fréquentés par sa communauté d'origine, ne vit pas selon les coutumes de son pays natal, et n'appelle que rarement sa mère et son frère restés en Éthiopie.

Le ton sur lequel il déroule le récit est empreint d'une douce mélancolie, à l'image de ce narrateur humble et paisible, voire nonchalant. Les changements qui vont bouleverser sa solitude, liés à l'embourgeoisement du quartier, et plus précisément à l'arrivée de nouvelles voisines, Judith et sa fille Naomi, sont eux-mêmes décrit avec une sorte de détachement passif.
Je n'ai pas eu l'impression qu'il s'agissait d'indifférence de sa part, mais plutôt d'une forme d'ignorance quant à la manière de s'y prendre pour... vivre, tout simplement. Sépha, finalement, est resté comme coincé entre deux mondes, n'appartenant plus à l'un, et peinant à réellement s'intégrer dans l'autre. Il est, définitivement, quelqu'un de différent. Non pas tant en raison de sa couleur de peau que par son refus d'être assimilé à quelque communauté, ou à quelque groupe d'individu que ce soit.
Il voudrait vivre en homme, simplement, mais vit dans un monde qui ne le lui permet pas.

Un joli titre, un synopsis alléchant, une manière de traiter le déracinement ainsi que la difficulté à communiquer avec tact et intelligence... et une lecture en demi teinte, agréable, mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. L'écriture de Dinaw Mengestu est d'une fluidité plaisante, et ses héros sont d'une bienveillance touchante, mais la neutralité avec laquelle s'exprime le narrateur confère au texte un caractère monocorde, comme "décoloré".
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Adolescent, Sépha a quitté son Ethiopie natale pour s'installer dans la banlieue de Washington. Alternant chapitres sur son passé récent et présent, nous suivons la vie de cet épicier qui tente de survivre. Avec de ses deux amis africains, son loisir favori est de se tendre des pièges en se posant des questons sur les coups d'état africains. Mais quand une blanche et sa fille aisées s'installent dans ce quartier défavorisé, marquant ainsi le début d'un changement d'habitants du quartier, il s'attache à elles.

Stepha et ses deux amis représente différentes facettes de l'immigrant. Alors que Stepha et Joseph n'arrivent pas à s'adapter à ce nouveau pays, préférant vivre dans la nostalgie de leur pays, Kenneth est toujours tiré à quatre épingles et il fait de son mieux pour plaire à ses collègues, travaillant par exemple le jour de Noël pour que les autres le passent en famille. C'est dans le regard de la jeune Noami que Stepha se rend compte de la saleté de son épicerie, c'est le regard de l'autre qui permet de ne pas se laisser aller.

Je n'ai pas été emballée par ce roman. Nul doute que Mengestu sait camper des personnages attachants mais je me suis ennuyée.
Lien : http://vallit.canalblog.com/..
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Premier roman de Dinaw Mengestu.

Stéphanos l'Ethiopien, Kenneth le Kenyan et Joseph le Congolais sont trois amis que l'histoire sanglante de l'Afrique a contraint à trouver refuge en Amérique, terre de promesses et de fumée. Stéphanos possède une petite épicerie dans un quartier délabré de Washington, sur Logan Circle, une grande place où trône la statue du général Logan. Les trois hommes se retrouvent régulièrement dans l'arrière boutique de Stéphanos. Ils s'adonnent à leur jeu favori, répertorier les dictateurs et les coups d'état qui ont secoué et secouent l'Afrique. L'existence de Stéphanos change quand Judith, une riche blanche, achète une des maisons en ruine qui bordent Logan Circle et la fait entièrement rénover pour s'y installer avec sa fille Naomi, une adorable fillette métisse. Entre les trois voisins se nouent une douce relation faite de timidité, de gêne et de fossés à franchir.

Très beau texte sur l'impossibilité de s'intégrer totalement à une société. Et les exclus ne sont pas vraiment ceux que l'on croit. Si Stéphanos et ses amis sont plus que déçus par les promesses vaines de la grande Amérique, c'est Judith qui est la plus perdue. Entre un ex-compagnon noir et une fillette qui la repousse et la teste, dans un quartier qui n'a d'américain que la statue qui trône en sa place, la femme blanche est celle qui a le moins de racines.

Stéphanos résume en quelques mots son intérêt pour Logan Circle et en tire des conclusions sur l'histoire de l'Amérique: "J'aimais cette place à cause de ce qu'elle était devenue: la preuve que la richesse et le pouvoir n'étaient pas immuables, et que l'Amérique n'était pas aussi grandiose que cela, après tout." (p. 25)

Avec l'Afrique toujours présente, représentée sur une carte des années 1980 ou revisitée en mémoire par les trois hommes, le récit devient un conte de l'errance, de la perte de la terre originelle, de son manque, mais aussi du dégoût qu'elle provoque et du mépris qu'elle suscite. C'est une terre qui tue ses enfants, qui les force aux pires exactions, qui les pousse à s'enfuir. Loin des yeux, près du coeur, mais tout de même dans la haine.

Troublante ressemblance entre le nom de l'auteur américain, dont le personnage est éthiopien, et celui du dictateur éthiopien Mengistu Haile Mariam. Comme un petit clin d'oeil et un rappel: entre le génie et le monstre, il n'y a qu'un pas.

Avec de belles références à l'Enfer de Dante, à qui le roman doit son titre, et aux Frères Karamazov de Dostoïevski, le texte est riche d'une profondeur littéraire et historique tout à fait agréable à découvrir au fil des pages.

Un grand merci au site Chezlesfilles et aux éditions Livre de Poche qui m'ont offert ce livre.


Lien : http://lililectrice.canalblo..
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Dans « Les belles choses que porte le ciel (The Beautiful Things that Heaven Bears) », l'écrivain d'origine éthiopienne Dinaw Mengestu nous raconte l'histoire de Sepha Stephanos qui a quitté très jeune Addis Abeba alors que son père avocat se faisait persécuter par le régime. Il tient maintenant vaille que vaille une épicerie sur Logan Circle à Washington, DC. Il retrouve souvent ses amis « Congo Joe » et « Ken the Kenyan » deux autres immigrants d'Afrique qu'il a rencontrés lors de son premier job dans un hôtel. Logan Circle est un ancien quartier prestigieux de la capitale, mais qui est maintenant devenu décrépit. Un endroit où peu de Blancs s'aventurent, sauf les policiers et les travailleurs sociaux. Pourtant voilà que Judith, une mère célibataire blanche s'installe avec Naomi, sa fille métisse, dans une des belles maisons de la place, maison qu'elle rénove avec goût. Naomi passe son temps après l'école dans la boutique de Sepha à lui tenir compagnie. L'attachement de Naomi rapproche Sepha de Judith et ils pourraient presque tomber amoureux. Mais les habitants du quartier n'apprécient guère l'arrivée de Judith, annonciatrice de la gentrification des lieux. Encore un roman écrit avec beaucoup de subtilité et sans aucun pathos et qui raconte merveilleusement les espoirs, les attentes, les malentendus et les déconvenues qui jalonnent le parcours des Africains s'installant aux USA.
Lien : http://www.lecturesdevoyage...
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La petite épicerie d'une banlieue pauvre de Washington est tenue par un réfugié éthiopien. L'ambiance y est chaleureuse, dans le fouillis et le désordre. Quelques réfugiés africains s'y retrouvent et font la palabre, recensant indéfiniment les coups d'État qu'ils ont dû fuir. Certains ont réussi mieux que d'autres dans leur intégration au nouveau monde. L'épicier-narrateur, cultivé et philosophe, reste, quant à lui, au bord du chemin et vivote. Mais il remarque une jeune femme et sa fille qui viennent s'installer dans la grosse maison voisine. Elles deviennent ses clientes, puis ses amies. Une jolie relation s'établit avec cette enseignante, « bobo » un peu imprévisible, et avec sa fille qui adore la lecture à haute voix des auteurs classiques. On retrouve un peu l'ambiance Paul Auster de « Smoke » et « Brooklyn Boogie », mais aussi le procédé de « L'élégance du hérisson » dans l'improbable amitié entre l'épicier raffiné et la petite fille amatrice de livres. Flotte une nostalgie mélancolique : l'exil forcé devant la révolution qui a mis bas l'empereur Haïlé Selassié n'a pas effacé le regret de la vie protégée et favorisée d'antan. le narrateur ne peut se résoudre à s'imaginer et se reconstruire une vraie vie, sauf le temps de cette brève rencontre. « Les belles choses que portent le ciel » sont fugaces. Et le roman de Dinaw Mengestu, qui sait les évoquer avec délicatesse, est sensible et attachant.

http://diacritiques.blogspot.fr/2010/03/les-belles-choses-que-porte-le-ciel.html
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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Dinaw Mengestu a un réel talent pour décrire les états d'âme de son personnage, pour raconter ces journées passées à l'épicerie où rien d'important n'arrive jamais.
Sepha semble parfois peu concerné par tout ce qui se passe autour de lui, il a quitté son Ethiopie natale dans des circonstances dramatiques et vit aux États-Unis sans sembler vouloir s'y installer vraiment. Il est paumé, partagé entre le monde qu'il a quitté sans retour et celui où il a atterri sans espoir.
Arrivent Judith et sa fille Naomi, qui s'installent dans le quartier et qui sont un véritable rayon de soleil pour Sepha.

Mais un talent pour bien décrire les choses et les pensées ne suffit pas à faire un bon livre. Une chronologie parfois bizarre, une fin qui n'apporte rien et des longueurs dans le corps du livre font qu'on ne garde pas un souvenir impérissable de ce livre.
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Il s'agit d'un roman qui parle de la quête d'identité et de l'exil d'un jeune immigré éthiopien nommé Sepha Stephanos. Il quitte Addis-Abeba pour venir aux États-Unis dans les années 80 pour échapper à la guerre civile en Éthiopie. Une fois arrivé aux États-Unis, Sepha rencontre des difficultés à s'adapter à sa nouvelle vie. Mais avec l'aide de sa famille, il réussit à ouvrir une épicerie dans lequel il retrouve ses compagnons Africains pour échanger des réflexions cyniques sur le continent laissé derrière eux.

Naomi la fille métisse de sa nouvelle voisine Judith lui rend souvent visite dans son épicerie. Un lien se crée entre lui, la mère et la fille. Sépha finit par tomber amoureux de Judith et s'interroge sur sa place dans la société américaine. de l'avenir de son commerce, s'il est à la hauteur, et s'il ne devrait pas repartir sur le continent.

Sepha dans ses réflexions, voyage entre son passé en Éthiopie et son présent américain, explorant les thèmes de l'immigration, de la perte et de la reconstruction de soi. le roman montre comment les personnages cherchent à se connecter avec leur passé et à construire un meilleur avenir malgré les défis auxquels ils sont confrontés.

Le récit est touchant et profond. Les longueurs m'ont par moment gêné mais cela montre à quel point chaque détail peut nous transporter dans une nouvelle histoire. Un beau livre !
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