Le héros est fatigué, usé même par ces mois de service auprès du Colonel. Il a mis une balle entre les deux yeux d'un journaliste. Cela ne lui a pas plu. Les meurtres sur commande, il s'en lasse. Il veut reprendre sa vie en main et pouvoir choisir de lui-même qui tuer. C'est pour affirmer cela qu'il rencontre une dernière fois le Colonel, afin de lui présenter sa démission.
A travers l'histoire de ce héros, je retrouve l'univers des « brigades spéciales » du Mexique. Entre corruption et meurtres, ces brigades se mènent la guerre. Conçues comme des entités distinctes de la Police, elles s'affrontent entre elles pour garder la main mise sur le pouvoir et sur la ville.
L'écriture est nerveuse, fluide, quelques morts des coups de feu, et des héros qui tombent de sommeil. Cela ferait un bon scénario de film. Ce second volet « de certaines façons de mourir » de l'écrivain salvadorien en exil mexicain est encore plus captif que le premier (il peut d'ailleurs être lu indépendamment). Les années flétries. le rythme est fluide, la conscience s'interroge.
Mais avant de prendre sa retraite, le héros se voit proposer une dernière affaire : éliminer le rival du Colonel, tout en évitant la boucherie de sa brigade. La mort certaine, fin d'une époque. Et là, je me dis que certains métiers sont si passionnants que l'on décroche difficilement. le héros doit rempiler, une dernière fois non ? Même s'il tombe de sommeil, même s'il veut choisir ses morts. Ou son camp. Apprendre à relativiser, s'il ne le tue pas, il sera tué. Là-bas, on meurt ou on tue.
Le parabellum alors en poche, je me promène dans la poussière du Mexique. La bière est fraîche, une rondelle de citron. J'entends des trompettes mariachis qui volent dans ce vent chaud et tourbillonnant. Pétarades dans la rue, l'oeil aux aguets, il n'y a pas de repos, toujours sur ses gardes, la tête se vide, l'esprit se lasse, la tête reçoit une balle, la cervelle explose, le sang gicle, la chemise s'imbibe de sang rouge puis noir, plus de trace de sueur. le corps s'effondre dans l'indifférence. Méritait-il d'être tué ?
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