Nous avons nos nuits insomniaques…
Les poètes proclament le vrai,
ils pourraient être dictateurs
et sans doute aussi prophètes,
pourquoi devons-nous les écraser
contre un mur incandescent ?
Et pourtant les poètes sont inoffensifs,
L’algèbre douce de notre destin.
Ils ont un corps pour tous
et une mémoire universelle,
pourquoi devons-nous les arracher
comme on déracine l’herbe impure ?
Nous avons nos nuits insomniaques,
les mille calamiteuses ruines
et la pâleur des extases du soir,
nous avons des poupées de feu
comme Coppélia
et nous avons des êtres turgescents de mal
qui nous infectent le cœur et les reins
parce que nous ne nous rendons pas…
Laissons-les à leur langage, l’exemple
de leur vivre nu
nous soutiendra jusqu’à la fin du monde
quand ils prendront les trompettes
et joueront pour nous.
Heures perdues en vain
Dans les jardins de l’hôpital psychiatrique,
A aller et venir le long des barrières
Rendues folles de rage par les fleurs,
Tous perdus dans le rêve
D’une réalité qui fuyait
Par je ne sais quelle chimère.
Et après une rencontre
Quelque malade sourit
Aux fausses fêtes.
Temps perdu en tourbillon de pensées,
Enserrés derrière les barreaux
Comme des hirondelles nues.
Alors nous avons écouté les sermons,
Nous avons multiplié les poissons,
Là-bas près du Jourdain,
Mais le Christ n’était pas là :
Il nous avait extirpé du monde