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Un excellent roman historique. Mais ce livre est très noir, très dur puisqu'il nous conduit dans les chambres à gaz et les fours crématoires d'Auschwitz. Obéîr sans réfléchir, sans activer sa conscience, uniquement pour faire son devoir, peut amener à des conséquences dramatiques, désastreuses, voilà la leçon que nous enseigne entre-autres Robert Merle. Un texte qui émeut, qui ne laisse pas indifférent. Un livre capital à découvrir absolument. Je le recommande à tous les lecteurs qui se sont déjà documentés sur la shoa et on lu par exemple des témoignages comme ceux de Primo Levi. Ce roman me semble être un excellent complément à tous les témoignages des survivants des camps de la mort.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Comment appelle-t-on un homme qui fait du massacre en masse ? Un bourreau ? Un tyran ? Un "génocidaire" ? La réponse de Robert Merle donne son titre à l'ouvrage : il s'agit d'un homme dont "La mort est le métier". Sur la base des rapports de psychiatrie de Rudolf Hess et des rapports du procès de Nuremberg, Merle nous livre la vie, l'histoire et les pensées de Rudolf Hoss, commandant du camp d'extermination d' Auschwitz-Birkenau.
Au premier abord, on est pris de sympathie pour l'enfance du futur nazi, auprès d'un père chrétien intégriste qui le voue à la carrière religieuse et d'une mère et de soeurs transparentes. On suit avec soulagement son adolescence et son entrée dans le régiment des dragons. Puis l'on devient inquiet lorsque, las du chômage et de la misère qu'il connait lors de son retour en Allemagne, il sympathise avec un groupe politique qui commence à prendre de l'importance, le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (ou parti nazi). Car après un séjour en prison et une période de calme, Rudolf est ravi de déposer sa vie, son obéissance et son honneur aux pieds de ses supérieurs, eux qui ont une vue stratégique de l'ensemble des actions demandées à leurs subalternes, eux dont les décisions, quelles qu'elles soient, sont justes et eux qui, enfin, légitiment toutes les conséquences des actions qu'ils auront demandées. Y compris lorsqu'il s'agit de rendre opérationnel et de faire un modèle de rendement du futur camp d'extermination d'Auschwitz.

Robert Merle est un conteur, lui qui mêle dans ce livre, sur le même ton et avec la même précision clinique, des morceaux de vie de famille et d'horreur. Cet ouvrage fait partie des livres qui ne se lâchent pas, que l'on dévore, qui nous obsèdent tant qu'ils ne sont pas finis, et bien après encore. Merle ne nous épargne aucune image, ni la misère des camps, ni les fumées asphyxiantes de la graisse versée sur les corps pour brûler les os, ni les stratégies pour convaincre les juifs d'entrer en bon ordre dans les chambres à gaz. Parce qu'au final, le problème "de la solution finale", c'est l'optimisation du rendement des camps comme celui d'Auschwitz : ce n'est pas de tuer en masse qui est compliqué, mais de savoir quoi faire des corps de façon à tuer encore plus encore plus vite.
Et que tout ce qui est décrit est réel, a eu lieu, dans un passé dont des rescapés nous parlent encore.

Au final, je ne sais pas si je suis convaincue par la thèse de Merle sur la naissance d'un bourreau. Pour moi, l'énigme demeure sur le déroulement qui amène un homme, au choix : à tuer, à torturer ses semblables, à massacrer, à ignorer sa part d'humanité pour mieux nier celle de l'autre. Je ne peux pas croire que tous les nazis étaient des « fous ». Alors, comment se peut-il… ? Ce roman de Merle m'a marquée, en décrivant un parcours possible. Et s'il me laisse toujours aussi démunie face à la folie de certains hommes, il permet au moins d'informer et de faire se poser quelques bonnes questions.
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Rudolf Lang a existé.Il s'appelait en réalité Rudolf Hoess.
Ce livre écrit le récit de sa vie durant laquelle il devint un bourreau nazi.
Écrit de 1950 à 1952 il est contemporain du conflit, ce roman est complexe et peut donner de l'espèce humaine une opinion désolée.
Il fallait tout le talent de Robert Merle pour donner sa force à ces lignes qui dénoncent la soumission à l'ordre, l'impératif catégorique, la fidélité au chef et le respect pour l'état lorsqu'ils mènent au pire de la tragédie.
Ce grand livre courageux et philosophique est écrit par un des plus grands auteurs français de son époque.
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J'ai ouvert ce livre culte sans lire aucun retour, j'ignorais avant de le commencer qu'il s'agissait ici de l'histoire d'un commandant SS, Rudolf Lang (de son vrai nom Hoess) prédestiné à devenir un monstre.

Un monstre qui lors de son procès de Nuremberg rectifie le juge, il n'a pas exterminé 3 millions et demi de juifs mais 2 millions et demi. Un cynisme qui fait froid dans le dos.

On va suivre ici la vie de cet homme dans ses grands événements depuis sa tendre enfance. Prisonnier enfant d'un père autoritaire et dictateur qui voyait en son fils un futur prêtre pour absoudre ses péchés. Rudolf grandira dans une honnêteté absolue, sans la moindre once d'empathie ni d'humanité. Seuls les ordres le sécurisent et lui tracent son chemin. Chemin tout tracé pour venir à bout du problème juif.

Décontenancée au premier abord par une narration clinique, froide et dépourvue de jugement de valeur, j'ai été progressivement happée par la monstruosité de l'histoire. Robert Merle dans un souci informatif authentique s'appuie sur des événements clés qui nous dévoilent l'engendrement d'un futur monstre. J'aurai aimé que l'enfance de Rudolf soit plus travaillée et fouillée car on sent que c'est là-bas que la mutation s'est opérée.

Que dire de toute cette partie dans les camps de concentration qui ne nous épargne aucun détail… L'odeur, les cris, la famine, la maladie. C'est terrible et étouffant cette immersion au coeur de l'horreur. Au côté de Rudof, ce SS qui voyait les juifs comme des unités et ne se préoccupait que de la logistique, des chiffres, des résultats sans une once d'humanité.

Un livre terrible qui décrit le parcours d'un homme dépourvu d'amour, qui considérait Himmler comme son père.
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La terrifiante réalité des atrocités de la Seconde Guerre Mondiale servie par la plume brillante et sans concession d'un auteur rompu à tous les exercices de style, cela vous donne un grand roman tel que "La Mort est mon métier".

Sans chercher à stéréotyper l'homme allemand, Robert Merle cherche à nous faire partager la pensée d'un individu endoctriné parmi d'autres, comme tant d'autres. Un homme prisonnier d'un passé de souffrance, d'un présent de conviction et d'un avenir d'espérance ; un avenir à construire sur les ruines d'un monde décrété corrompu.

Tel un bon ouvrier appliqué à sa tâche sur le chantier d'un Etat à reconstruire, le personnage principal (je ne peux quand même pas le nommer "héros") nous glace le sang par ses actes et par ses pensées mais nous permet de mieux "comprendre" ce qui s'est passé dans la tête et l'existence de millions d'Allemands dans l'entre-deux-guerres pour aboutir à cette catastrophe humaine et politique qui n'a pas encore fini de nous traumatiser.
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Robert Merle a cette capacité de peler les histoires à vif pour n'en garder que la substantifique réalité. Pour raconter l'histoire d'un des plus grands criminels de guerre de tous les temps il était alors obligé de basculer dans l'horreur, dans l'indicible et l'insoutenable, afin de respecter la rigueur historique.

Il nous invite à l'expérience dérangeante et perturbante de se mettre dans la tête d'un nazi. On comprend la mécanique de la froideur, du manque d'empathie et de l'incapacité à déroger aux ordres. Mais il est tout simplement impossible d'intégrer l'insensibilité et la déshumanisation.
Certains passages sont à la limite du soutenable, de véritables concentrés d'horreur, qu'on aurait préféré ne jamais avoir eu connaissance tellement on sait que ces phrases vont hanter nos pensées.

Rudolph Hoess aurait agi pour ainsi dire sans mobiles, sans conflit de conscience, en fonctionnaire zélé et obéissant qui ne pense pas une seconde aux finalités de ses actes. Seule l'aurait intéressé la raison instrumentale qui domine sa tâche : comment organiser au mieux le rendement de l'extermination dans les camps de concentration.

Himmler disait : « Un SS doit être prêt à exécuter sa propre mère si un ordre lui en est donné »
Rudolf Hoess a obéi.

L'émotion palpable qu'éveille ce roman constitue un témoignage universel contre la barbarie de tous les temps.
Une lecture éprouvante mais nécessaire pour ne jamais oublier.


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Un livre à lire. Un incontournable. Dur, sans pitié…
Incompréhension est le mot qui ressort à la fin de cette lecture.
Impossible de mettre des mots sur le ressenti après cette lecture. Seules des questions reviennent en boucle comme après chaque lecture sur ce sujet : pourquoi ? Comment ?
Je ne suis pas sûre qu'un jour quelqu'un puisse y répondre !
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Lu deux fois il y a un certain temps déjà, il s'agit d'une lecture troublante et dérangeante, celle qui consiste à suivre le cheminement d'un homme qui sera chargé de mettre en oeuvre une méthode d'extermination de masse dans le camp de concentration d'Auschwitz.
Ce livre ressemble à un documentaire par sa structure et son contenu. Qui est Rudolph Hoess ? Quel est son parcours ? Existe-t-il des éléments qui permettent de comprendre comment un être humain a pu s'atteler à cette tâche avec autant de zèle ?
J'ai lu ce livre avec sidération, difficile d'appréhender la personnalité d'un homme qui raisonne en terme "d'unités" et de rendement s'agissant de meurtres, dire que cela fait froid dans le dos nous laisse loin du compte.
Il s'agit d'Histoire et de mémoire, la genèse de ce projet, ses tâtonnements et ses améliorations progressives énumérés avec force détails se suivent avec un sentiment d'incrédulité.
Comment concevoir que Hoess, après chaque journée de "travail" retrouvait femme et enfants ? Jusqu'où peut-on aller dans l'obéissance inconditionnelle ? La conclusion elle-même est assez surréaliste si l'on songe que loin de manifester des remords lors de son procès, il fut surtout outré d'être lâché par ses chefs.
Robert Merle est un conteur hors pair qui a su avec ce livre aborder un sujet certes difficile mais qui doit être connu par le plus grand nombre, car savoir c'est se souvenir.
Cette lecture m'avait tout naturellement dirigé vers "Soumission à l'autorité" de Stanley Milgram qui fait partie des livres qui m'auront le plus durablement marqué et instruit sur la nature humaine.
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Je ne pourrai retrouver une certaine paix intérieure que lorsque j'aurai couché sur le papier mes réflexions au sujet de ce livre effroyable, d'autant plus effroyable qu'il s'agit là d'une biographie romancée et qu'on n'est pas dans le thriller, mais bien dans la description d'actions réelles de la part de bourreaux qui surent mettre leur intelligence voire leur génie au service du mal et de l'horreur.

Un écrit démodé après sa parution, parce que la littérature concentrationnaire gênait des personnes qui avait vécu la seconde guerre mondiale, et qui a toutefois survécu sans manquer de lecteurs, affirmera Robert Merle parce que les personnes qui, après les années 70, ont lu ce livre n'ont en général pas vécu cet enfer. Il reste donc un écrit majeur et indispensable au devoir de mémoire.

Cette biographie romancée nous livre le parcours de Rudolf Hoess, commandant du camp d'Auschwitz-Birkenau entre 1942 et 1945. Un personnage que l'on ne peut absoudre mais dont le cheminement est concevable quand on prend connaissance des éléments déterminants de son enfance. Une enfance jusqu'à l'adolescence aux côtés d'un père qui entretient dans le milieu familial, une austérité maladive, baignant ses enfants dans une pratique religieuse de fanatique, faisant subir à l'enfant Rudolf, harcèlement et mauvais traitement moral, lui demandant un comportement parfait afin qu'il expie les fautes d'un géniteur obnubilé par la crainte de voir sa progéniture faire ne serait-ce qu'un pas de travers, ce qui ne peut laisser un individu indemne.

Elevé dans un contexte d'obéissance absolue à un être supérieur, il s'engage naturellement dans l'armée et devient un bon petit soldat qui apprend à exécuter les ordres sans réfléchir, son chemin semble bien tracé. On remarquera dès lors, une absence quasi totale d'empathie chez ce personnage et on comprendra aisément les raisons pour lesquelles sa hiérarchie après la prise de pouvoir d'Hitler, lui refusera une affectation sur le front russe pour lui confier une « action spéciale », Himmler ayant constaté cette absence d'émotion et cette obéissance aveugle à l'autorité supérieure.

Et l'horreur est décrite, mais cette fois, contrairement à beaucoup d'écrits de cette littérature concentrationnaire, nous nous retrouvons dans les coulisses, du côté organisateurs de l'enfer : les déportés ? une gestion comme une autre, un cheptel que l'on envoie sans émotion vers l'abattoir, des hommes, des femmes, des enfants éliminés sans aucun remort. Ce qui devait nécessiter une organisation sans faille.

Témoignage terrible que l'auteur a reconstitué en se servant de documents issus des écrits du psychologue qui interrogea Rudolf Lang (nom du personnage dans le livre) et des traces écrites laissées lors du procès de Nuremberg.

Un écrit édifiant, quoique difficile à lire et qui ne peut laisser indemne.
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C'est, certainement le livre le plus complet, le plus édifiant, le plus documenté, sur la vie de cet « homme » qui a conçu, élaboré la solution finale, l'extermination des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Rudolf Lang (Höss), Obersturmbannführer du camp d'Auschwitz, aveuglément dévoué à l'idéologie nazie narre sous la plume de Robert Merle son histoire, de son enfance à sa condamnation à mort par un tribunal polonais. C'est là tout l'intérêt de ce roman. L'auteur nous livre un remarquable témoignage qui ne doit jamais nous faire oublier les mécanismes qui conduisent une société et un individu vers les sommets de l'horreur. Un livre à lire absolument, parce que ça a existé, et que nous pourrions le revivre surtout lorsque l'on voit la montée de l'antisémitisme qui gangrène certains esprits peu éclairés et nos civilisations soi-disante évoluées.
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