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sur 546 notes
J'aime beaucoup les chroniques radiophoniques de Guillaume Meurice, et particulièrement la façon dont il met les politiciens face à leurs contradictions. Il est souvent critiqué pour le côté "facile" de ses micro-trottoirs, comme quoi il ferait exprès d'interroger les abrutis, ou en tout cas de ne garder que les perles. Je trouve que c'est lui faire un mauvais procès : depuis qu'existent les micro-trottoirs à orientation humoristique (Desproges, Prévost, Rouland), les coupes au montage ont toujours été abondamment utilisées.
J'étais donc curieux de voir ce que donnait Meurice comme romancier, et j'avoue être mitigé : je préfère de loin le chroniqueur à l'écrivain.
Cette histoire de bouffon n'est pas foncièrement mauvaise, mais elle ne m'a guère convaincu. On sent l'auteur et son combat contre la guerre et contre la chasse un peu trop présent derrière cet improbable bouffon, de sorte que pour un roman historique qui se déroule aux XVe et XVIe siècles, il souffre d'une modernité suspecte, pour ne pas dire anachronique.
Il pèche par ailleurs par quelques invraisemblances : que vient faire ce pitre difforme au beau milieu des champs de bataille des guerres d'Italie ?
François Ier y est présenté comme un abruti de première, ce qui ne paraît guère conforme à la réalité historique.
De même, les ellipses (sans chapitrage) sont parfois un peu brutales, le temps passe vite, on saute du coq à l'âne, on élude pas mal de questions, et tout cela manque un peu de liant.
Reste que la réflexion sur le personnage du bouffon qui peut tout se permettre de dire du moment qu'il est protégé par les puissants, est intéressante, même si Meurice n'est pas le premier à avoir abordé le sujet dans la littérature.
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Il était une fois, un étrange petit bonhomme qui naissait dans une famille particulièrement pauvre dans la ville De Blois. C'était en l'an de grâce 1479, où le roi Louis XII régnait en maître sur le royaume de France.

Manque de bol, en plus d'être mal né, il se trouve que ce petit bonhomme n'avait pas été non plus gâté par la nature. Affublé d'un physique particulièrement ingrat, tout tordu, bossu, il était sempiternellement maltraité par sa famille qui lui donnât le doux surnom de "laideron".

Du coup, comme notre petit ami "laideron" n'était pas trop dimensionné pour aider aux travaux des champs, ses parents l'envoyaient traîner en ville pour mendier. Et il faut dire qu'il était passé expert dans l'art de faire pitié, de piquer des trucs, voire d'escroquer quelques passants dans le marché du coin.

Parce qu'il faut bien avouer que si Laideron était vilain, très vilain, il était en revanche plutôt malin. Et c'est d'ailleurs cette dernière qualité qui lui permettra de survivre après que ses parents l'eurent définitivement chassé. Une malédiction pour la famille, qu'ils dirent ... une malédiction que ce "laideron".

Et cela dura pendant un bon moment, jusqu'à ce que le hasard lui fit rencontrer un certain Caillette, un véritable benet, en train de se faire harceler par un groupe de petites racailles, comme on dirait de nos jours. Il lui viendra en aide et se fera remarquer par du Vernoy, un homme tout à fait respectable, qui travaillait au service du roi Louis XII.

Parce que oui ... Caillette n'était autre que le fou du roi. Un espèce de jouet qui faisait marrer ce bon vieux Loulou de par sa bêtise sans nom. de fil en aiguille, du Vernoy présenta Laideron au roi, devant qui il aura l'opportunité de faire la démonstration de toute son intelligence pour amuser le roi.

L'impertinence, l'insolence, l'irrévérence de Triboulet envers non seulement tous les membres de la cour mais aussi envers le roi lui même ont fait mouche et le roi devint totalement gaga de son nouveau protégé.

Et c'est comme ça que Laideron devint Triboulet, le fou du roi le plus célèbre de l'histoire de France puisqu'il exerça son "activité" avec succès grâce à son intelligence et à sa répartie à la fois sous le règne de Louis XII et de François 1er.

Un peu comme MacFly et Carlito avec Emmanuel Macron, dans les jardins de l'Elysée... toutes proportions gardées évidemment.

Enfin, c'est ce que la légende raconte. En fait, d'après notre ami Wikipedia, il y aurait eu trois fous nommés Triboulet qui eurent plus ou moins de succès auprès des rois, la moindre blagounette ratée conduisant immédiatement à l'ecartèlement, à la roue ou au bûcher.

Sans spoiler l'histoire, puisque c'est le titre du livre, il se trouve que le roi n'aura pas ri à la dernière blague de Triboulet. Reste à savoir ce qu'il adviendra de lui.

232 pages.

232 petites pages lors desquelles Guillaume Meurice, que je ne connaissais que de très loin pour ses chroniques à la radio sur France Inter, nous raconte avec une certain talent, une certaine émotion, une certaine tendresse, les tribulations de Triboulet auprès de Louis XII et François 1er et auprès de tous les membres de la cour qui n'attendent qu'une chose, c'est la vengeance. Ils sont tellement tous passés dans les fourches caudines piquantes de l'humour de ce gnome immonde mais plein d'esprit que rien ne leur ferait plus plaisir que de le voir pendouiller au bout d'une corde.

"On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde" est la version moderne de "On peut rire de tout, tant que le roi rigole."

Est-ce toujours d'actualité et déclinable à notre époque ? En entreprise ? En politique ?
Ça se défendrait ...
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Au début du 16ème siècle, en pleine Renaissance française et juste avant l'apparition de la Réforme, ce livre nous raconte l'histoire romancée d'un vilain disgracieux sortit du caniveau des bas-fonds des faubourgs De Blois, autrement dit, le trou du cul du monde de l'époque… Triboulet- c'est son nom- raconte lui-même son histoire, c'est ce qui est amusant dans ce livre. Outre les facéties authentiques du bouffon dirigées contre la noblesse hypocrite de la cour, on découvre aussi l'angoisse existentielle de cet être humain fondamentalement rejeté par les autres ainsi qu'un certain regard sur l'envers du décor des rois, seuls parmi les seuls.
Un fou appelé « mon cousin » par le roi François 1er, une autre façon de découvrir l'histoire de France.
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Ce que j'ai le plus apprécié dans ce roman, c'est son double niveau de lecture.

Certes, on peut s'arrêter sur cette narration de la vie d'un bouffon ayant (réellement) vécu entre le XVe et le XVIe siècle, mais certaines réflexions de ce bouffon nous posent la question du lien entre humour et politique dans notre XXIe siècle : l'humour est-il toléré par nos dirigeants, la faconde de certaines de ces chantres de l'humour ne leur apporte-t-elle pas quelque déconvenue ? Certaines personnes demeurent-elles intouchables sous peine d'une déchéance annoncée...Autant de questions et de réflexions que ce bouffon de la Renaissance nous pose, à nous, lecteurs du XXIe siècle, par l'intermédiaire de la plume acerbe et engagée de Guillaume Meurice, bouffon de France Inter.
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Triboulet est extirpé de la misère dans laquelle il vit pour servir de fou du roi à la cour. Il divertira plusieurs souverains, se mettant tous les courtisans à dos à cause de son humour cinglant. Jusqu'à la blague de trop...

Guillaume Meurice qui me fait marrer à chacune de ses chroniques sort un roman ? Je me devait de le lire ! Je m'attendais à un roman humoristique caricatural qui n'avait pas grand chose de littéraire ni aucune véracité historique. Mais l'écriture sonne juste, est poétique à certains passages. Meurice maîtrise parfaitement l'art des descriptions sans qu'elles soient surfaites ou trop longues et retranscrit à merveille la psychologie de ses personnages. Ce roman mène également une réflexion sur l'art du rire, ce que c'est que de faire rire un roi, une cour, des gens qui ont le pouvoir : leur dire ce qu'ils sont, leur tendre un miroir en se dissimulant derrière des calembours.

Ce roman est très intéressant ; il fait voyager le lecteur au Moyen Age et, de surcroit lui arrache souvent un sourire... Que demander de plus ? ;-) C'est donc une belle surprise ! J'ai hâte que l'auteur sorte un nouveau roman !!
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Triboulet fut le fou du roi Louis XII puis de François 1er.

Guillaume Meurisse, amuseur public et politique en conte son histoire de façon… un peu désabusée

L'humour n'aurait donc aucune autre utilité que celle de faire rire ?
Lien : https://www.noid.ch/le-roi-n..
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C'est avec une très belle plume que Guillaume Meurice nous peint ici le portrait de celui qui fut nommé "Triboulet", fou officiel des rois Louis XII et François 1er.
Il a le mot juste et réaliste tant dans la description des émotions que de l'ambiance grouillante des villes de la Renaissance.

On sent que Guillaume Meurice connaît son sujet.
En effet, comme Triboulet, il est audacieux à la limite de l'insolence, revendique une certaine liberté de parole, sait manier l'humour avec un sens certain de la répartie.
Ecrire un livre sur Triboulet et plus généralement sur le job de "Bouffon du Roy" est une façon de montrer le rôle important de ce personnage, qui -en plein coeur du pouvoir- s'avère être le seul à oser "parler vrai", s'opposant ainsi aux "flatteurs" toujours à la recherche de plus de pouvoir.
Guillaume Meurice pose ainsi les questionnements essentiels liés à cette position assez inconfortable : jusqu'où peut-on aller dans l'humour ? , la liberté n'a t-elle aucune limite ? , peux-t-on rire de tout ?
De fait, la conséquence directe pour celui qui accepte de jouer ce rôle, est d'être aimé de certains et détesté par beaucoup. La chute n'en est alors que plus rude quand le roi ne ri plus...
Un livre vraiment bien écrit, distrayant et...plein d'humour.
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Joli conseil reçu de lecture pour ce roman court, original, facile à lire et soulevant des questions d'actualité.
Tout d'abord nous voici plongé au Moyen-âge avec ses décors,ses costumes,son langage et la vie miséreuse des pauvres.Un adolescent né difforme et repoussé par sa famille va tenter de survivre dans la rue, suscitant le rejet et la risée de tous.
Par une incroyable chance et sa bienveillance naturelle, il est remarqué par un conseiller du roi Louis XII et va devenir le fou du roi,exerçant petit à petit sa verve,son humour et sa truculence.Mission de Triboulet : distraire le roi et implicitement réguler les tentatives de séduction et de pouvoir des courtisans. Ainsi il va oeuvrer durant le règne de Louis XII, souverain écouté , juste et bienfaisant puis celui de François 1er, plus soucieux de divertissement et appétent de bonne chair.
L'originalité de l'ouvrage est de soulever des réflexions fondamentales si proches de notre actualité : l'absurdité de la guerre, l'inégalité des chances, la position de l'exclu dans la société et la tolérance à la différence. Mais aussi des réflexions plus recherchées : le statut du bouffon insolent qui critique les gens de pouvoir, déstabilise le monarque face à sa toute puissance ou son incompétence.Le bouffon, garde fou de la société ?
A mon tour de vous conseiller vivement cet ouvrage!
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Rire de tout, se moquer des puissants, tendre le miroir au dirigeant ou incarner le jouet du pouvoir … Guillaume Meurice a expérimenté les limites de l'humour en tant que chroniqueur à la radio. Transposer ces questions philosophiques et politiques au XVI ème siècle révèle la pérennité et la fragilité de la liberté de s'exprimer. Triboulet, le fou des rois Louis XII et François 1er, personnifie les lois des extrêmes. Laid, difforme, il joue le rôle du bouffon osant les persiflages assassins et assénant de cruelles vérités . Ainsi, Guillaume Meurice présente la cour de France au début du XVIème siècle avec un décor historique qui va à l'essentiel . le style est alerte, contemporain dans les remarques des personnages, contrasté par les citations d' Erasme , de Marot … le bouffon Triboulet a laissé peu de traces . L'auteur lui donne la parole et imagine sa vie . Guillaume Meurice réussit une transposition aménagée, haute en couleurs et au rythme enlevé. Il reste que la permanence des questions soulevées et la fragilité de la liberté d'expression demeurent.
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Merci Guillaume pour ce drôle et délicieux roman.
Si je vous écoute régulièrement sur Inter, si je ris souvent de vos sallies et de vos commentaires sur la vie politique et les avis de vos concitoyens, j'ignorais que vous fussiez un si bon écrivain!
J'ai vraiment passé un excellent moment en compagnie de Triboulet et de cette cour de Louis, puis de celle de François.
En vous lisant, on ne lit bien entendu que votre propre interprétation de l'histoire, et je me suis dit à plusieurs reprises que notre époque est tellement transposable à celle que vous narrez !
Bien sûr, vous êtes un peu notre bouffon, vous et nos autres humoristes, et vous un peu plus que certains autres, Guillaume, car vous alliez connaissances, culture, critiques et amusement, tout comme Triboulet commence par apprendre et comprendre, et use en particulier de la pensée d'Érasme, se rendant ainsi plus crédible et drôle.
Je ne vais pas disserter sur le bien fondé de l'humour, car on le sait tous(enfin beaucoup d'entre nous) dire certaines vérités en faisant rire marque d'autant les esprits ( en chantant ça peut le faire aussi!)
Désormais, Guillaume, je vous écouterai avec plus d'attention encore, plus de respect aussi, plus de sérieux sans doute, même si j'espère toujours rire autant!
Et le jour où je ne rirai pas.......
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