Il était une fois, un étrange petit bonhomme qui naissait dans une famille particulièrement pauvre dans la ville
De Blois. C'était en l'an de grâce 1479, où le roi Louis XII régnait en maître sur le royaume de France.
Manque de bol, en plus d'être mal né, il se trouve que ce petit bonhomme n'avait pas été non plus gâté par la nature. Affublé d'un physique particulièrement ingrat, tout tordu, bossu, il était sempiternellement maltraité par sa famille qui lui donnât le doux surnom de "laideron".
Du coup, comme notre petit ami "laideron" n'était pas trop dimensionné pour aider aux travaux des champs, ses parents l'envoyaient traîner en ville pour mendier. Et il faut dire qu'il était passé expert dans l'art de faire pitié, de piquer des trucs, voire d'escroquer quelques passants dans le marché du coin.
Parce qu'il faut bien avouer que si Laideron était vilain, très vilain, il était en revanche plutôt malin. Et c'est d'ailleurs cette dernière qualité qui lui permettra de survivre après que ses parents l'eurent définitivement chassé. Une malédiction pour la famille, qu'ils dirent ... une malédiction que ce "laideron".
Et cela dura pendant un bon moment, jusqu'à ce que le hasard lui fit rencontrer un certain Caillette, un véritable benet, en train de se faire harceler par un groupe de petites racailles, comme on dirait de nos jours. Il lui viendra en aide et se fera remarquer par du Vernoy, un homme tout à fait respectable, qui travaillait au service du roi Louis XII.
Parce que oui ... Caillette n'était autre que le fou du roi. Un espèce de jouet qui faisait marrer ce bon vieux Loulou de par sa bêtise sans nom. de fil en aiguille, du Vernoy présenta Laideron au roi, devant qui il aura l'opportunité de faire la démonstration de toute son intelligence pour amuser le roi.
L'impertinence, l'insolence, l'irrévérence de Triboulet envers non seulement tous les membres de la cour mais aussi envers le roi lui même ont fait mouche et le roi devint totalement gaga de son nouveau protégé.
Et c'est comme ça que Laideron devint Triboulet, le fou du roi le plus célèbre de l'histoire de France puisqu'il exerça son "activité" avec succès grâce à son intelligence et à sa répartie à la fois sous le règne de Louis XII et de François 1er.
Un peu comme MacFly et Carlito avec
Emmanuel Macron, dans les jardins de l'Elysée... toutes proportions gardées évidemment.
Enfin, c'est ce que la légende raconte. En fait, d'après notre ami Wikipedia, il y aurait eu trois fous nommés Triboulet qui eurent plus ou moins de succès auprès des rois, la moindre blagounette ratée conduisant immédiatement à l'ecartèlement, à la roue ou au bûcher.
Sans spoiler l'histoire, puisque c'est le titre du livre, il se trouve que le roi n'aura pas ri à la dernière blague de Triboulet. Reste à savoir ce qu'il adviendra de lui.
232 pages.
232 petites pages lors desquelles
Guillaume Meurice, que je ne connaissais que de très loin pour ses chroniques à la radio sur France Inter, nous raconte avec une certain talent, une certaine émotion, une certaine tendresse, les tribulations de Triboulet auprès de Louis XII et François 1er et auprès de tous les membres de la cour qui n'attendent qu'une chose, c'est la vengeance. Ils sont tellement tous passés dans les fourches caudines piquantes de l'humour de ce gnome immonde mais plein d'esprit que rien ne leur ferait plus plaisir que de le voir pendouiller au bout d'une corde.
"On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde" est la version moderne de "On peut rire de tout, tant que le roi rigole."
Est-ce toujours d'actualité et déclinable à notre époque ? En entreprise ? En politique ?
Ça se défendrait ...