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Citations sur La deuxième femme (94)

Se laisser le droit d'être curieuse, décider que son attention n'était pas indigne, ridicule. Elle a lu de la même manière les livres imposés à l'école et puis ce que la bibliothécaire du lycée lui recommandait, elle n'est pas cultivée, non, il le lui répète assez, elle vient de la crasse et elle n'a pas à péter plus haut que son cul, mais elle a eu dans sa vie une légitimité à aimer les choses, à les savourer de manière simple, à ne pas s'interdire, c'était avant.
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Elle a encore dû grossir, cette pensée lui coule dessus comme un souffle sur un cygne. Elle devrait se recroqueviller toute entière, paniquer, perdre pied à cette idée, mais comment faire tomber quelqu'un qui se débat déjà, à genoux, lentement et avec des gestes patauds, dans des méandres de sable mouvant?
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Le petit garçon sait ce que signifie « les hommes ça pleure pas », cela veut dire que lui ne doit pas pleurer. Il ravale ses sanglots, Sandrine l’a déjà vu faire, c’est comme de voir un tremblement de terre, une déchirure. Mathias ouvre quelque chose, avec violence, et cache ses larmes à l’intérieur. Chaque fois elle a l’impression de le voir s’avaler, se déglutir.
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Elle baisse la tête, elle ne sait pas quoi répondre, elle ne sait jamais quoi répondre, de toute façon quand il est comme ça il vaut mieux ne rien dire. Il ajoute Et puis ça te tuerait de te changer un peu ? C’est vrai qu’elle s’habille toujours pareil, il a raison, elle se concentre sur ses pieds, compte les dalles dans son champ de vision, elle attend que ça passe. Je t’ai acheté une chemise, je t’achète des habits, mais non, tu préfères tes fringues, pour aller faire la belle c’est ça ? Six, sept, huit dalles. Elle ne comprend pas si elle s’habille trop sérieux ou trop pareil ou trop avec des habits que lui n’a pas achetés mais elle sait que ce n’est pas la peine de poser la question. Neuf, dix, onze, la sonnette de la porte retentit, et Sandrine adresse un « merci » silencieux à qui vient de sonner, quel qu’il soit.
C’est la flic. C’était d’elle alors, qu’il parlait. C’est elle le grain de sable qui vient entraver leur retour à la normale, c’est elle qui l’a foutu autant en rogne, il a raison, quelle connasse cette femme, elle a gâché leur soirée.
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Parce que dans le monde des adultes on n’héberge pas sa première femme revenue à la vie sous le toit où on a installé une nouvelle conjointe. Sandrine devrait rentrer dans sa coquille, navrée de déranger, désolée d’exister, mais non, elle est la deuxième femme, elle aussi elle porte un enfant de cet homme, elle est à sa place maintenant auprès de lui. Alors elle reste assise, sans rien dire, elle a mérité sa chaise.
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Elle n’aime pas les médecins, elle n’aime pas se faire remarquer, déranger, parler d’elle, de toute façon ils sont toujours pressés et c’est toujours qu’elle fait mal ; elle doit dormir plus, boire moins, marcher mieux, manger comme ceci ; Sandrine ne leur dit plus jamais toute la vérité de toute façon, pas depuis que le vieux chez lequel sa mère l’emmenait parfois quand vraiment elle délirait de fièvre, a vu les bleus et n’a rien dit, rien fait, à part palper ses seins minuscules sous prétexte de vérifier elle ne sait trop quoi. Elle n’en a jamais parlé bien sûr, il arrive des choses plus graves, mais une petite voix en elle, celle qui est furieuse et qu’elle enterre profond car elle pourrait lui attirer des problèmes, a hurlé ce jour-là Putain, mais on n’a pas besoin de toucher les seins à une fille de quatorze ans qui a une sinusite !
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Mathias aime les chiens et les chiens aiment Mathias. C’est incroyable à observer : tous les chiens aiment Mathias. Les roquets et les énormes chiens de garde. Ils le sentent à cent mètres et l’attendent derrière les clôtures, le guettent de derrière leurs fenêtres, viennent à sa rencontre dans la rue. Ils lui lèchent les mains, donnent des coups de tête suppliant pour réclamer des caresses. Quand Sandrine se promène avec ses deux hommes, c’est presque une comédie. Le chien tourne la tête vers Mathias et sourit, puis observe son père et grogne, le poil hérissé. Joie, hargne, joie, hargne. Quand elle a vu ça pour la première fois, Sandrine a dit Il faudrait en faire un numéro de cirque ! Mais bien sûr cela signifie : pas de chien à la maison.
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Ils sont morts sur le coup, ils n’ont pas souffert, cela arrive parfois, dans les films, dans les livres ; des policiers disent ça, « Ils sont morts sur le coup, ils n’ont pas souffert ».
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Suggérer c’est risquer de s’imposer, les femmes bien ne font pas ça et Sandrine est déjà presque exilée, à la frontière de cette famille, elle sait qu’il l’aime mais elle ne parvient pas à être rassurée, par rien, elle se sait sur une branche fragile, qui menace de se briser et de l’emporter loin, très loin de son homme, son tronc, son repère. D’ailleurs il se reprend, la panique est passée, ils n’en parleront plus.
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Sur l’écran, un visage de femme. Elle est brune, son visage est dessiné avec rigueur. Elle fume, adossée à un pilier de pierre dans une cour arborée, le lieu semble imposant, ancien. Elle a le cou haut, long, l’ombre accroche à ses clavicules, à ses épaules sèches. Elle a des seins ronds ; quand elle lève la main pour porter la cigarette à ses lèvres, on voit son avant-bras, les muscles galbés.
La femme sur l’écran est tout ce que Sandrine n’est pas, mais qu’elle connaît déjà. La femme sur l’écran est en photo sur le buffet, dans un cadre jaune.
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