Citations sur La deuxième femme (94)
L'échange [avec la gynéco] dure, jamais [elle] n'a décrit son sang de manière aussi précise. Un jour elle a voulu demander au professeur chic pourquoi elle saignait souvent beaucoup le quatrième jour [des règles], et puis presque plus rien le cinquième, et puis re-le sixième, et il a eu l'air indifférent et un peu révulsé, comme si elle le gênait avec ses questions dégueulasses, dans son beau cabinet avec les tableaux au mur [et les dépassements d'honoraires].
Il fait un pas vers elle et la claque part d'un coup, elle ne comprend même pas ce qu'il se passe ; ce n'est pas tant la douleur qui l'étonne, c'est le bruit, et puis la familiarité de la brûlure, la connaissance intime qu'elle a de cette douleur qui arrive juste après l'étonnement, une chaleur mauvaise et étrange.
Mathias a une manière bien à lui de jouer aux soldats, en traitant ses jouets en plastique comme d'autres enfants traitent des poupons. Ses soldats passent leur temps à être blessés car ils se sont défendus. Alors il les étend, il les borde, il les berce.
Pour l'instant, il semble qu'il ait choisi la voie de la procédure officielle. Poursuivre en justice, passer pour un bon père, se servir de Mathias pour punir Caroline, pour vous punir vous. On va tout faire pour qu'il ne récupère pas l'enfant. J'ai déjà prévenu Caroline : Il est très, très rare que les pères, même violents, même incestueux, même condamnés, soient déchus de leurs droits parentaux.
La porte est fermée, le son est coupé, assise sur les toilettes, Louise regarde son genou la croute marronnasse qui s'est formée sur la plaie.
Elle est de celles qui portent des jeans par temps de canicule, de celles qui frémissent quand l'époque des étoffes légères revient. Si elle le pouvait, elle vivrait dans un perpétuel hiver, cachée sous ses pelures de honte et d'embarras. Dissimulée dans les vêtements, parce que c'est ce qu'on fait aux grosses vaches comme elle, grosse, grosse moche, tête de conne, tête de conne, on les cache.
Finalement dans les repas de famille tout le monde joue plus ou moins la comédie et cette fois le trait est seulement un peu plus appuyé.
Elle connaissait deux regards, deux regards d’homme seulement, celui qui détaille et qui rejette ; et celui qui détaille et qui a faim. L’indifférence et la menace, seulement, dans toute sa vie.
Elle est de celles qui portent des jeans par temps de canicule, de celles qui frémissent quand l'époque des étoffes légères revient. Si elle le pouvait, elle vivrait dans un perpétuel hiver, cachée sous ses pelures de honte et d'embarras.
Il retire ses chaussures et sa veste. Elle regarde ses mains qui défont les lacets, le front, elle guette la veine de la colère. Il faut lire les petits signes. C'est comme un livre très important qu'il faut observer lettre par lettre pour connaître la fin de la journée.