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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Emboîtements boiteux : dans cette BD, une pièce dans une pièce.
Et vu l'ampleur de la pièce d'origine (Cyrano de Bergerac), ça risque d'être gêné aux entournures.
Ça l'est. On s'y perd entre producteurs, financeurs, acteurs (les 2 Roxane se ressemblent trop), et les différents rebondissements trépidants donnent le vertige.
.
Le film de Rappeneau (1990) avec Depardieu dans le rôle de Cyrano est magistral, inoubliable. Heureusement que j'avais ces références pour me sentir de temps en temps en terrain connu - je ne me lasse pas des tirades sur le nez.
On m'avait vanté le dramaturge & metteur en scène Alexis Michalik.
L'histoire des débuts difficiles de Rostand en tant qu'auteur, et la genèse de cette pièce ne m'ont pas intéressée (récit trop foutraque ?), d'autant que je n'ai pas su démêler la part de fiction.
J'essaierai d'autres pièces plus 'lisses' de Michalik, et d'abord en format texte.
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En racontant et en romançant la création de la pièce mythique, étudiée par tous les petits français à l'école, particulièrement appréciée notamment par ceux qui ont plutôt réussi par l'école, Michalik flatte, cultive la nostalgie du spectateur amateur de théâtre depuis le collège… Cyrano, anti-héros bagarreur à la verve digne d'un rappeur, avec ses pointes en guise de punchlines… Amoureux silencieux à l'amour idéalisé, comme tout collégien-collégienne rêveur sur sa chaise en cours de français… Hormis la reconstitution historique, sur quels enjeux humains repose la pièce ? sans doute sur la problématique de création. Edmond, l'auteur en panne, réussit à force de persévérance, en puisant pour constituer ses scènes en lui-même et dans son observation de la vie quotidienne (comme Michalik place dès le début le thème contemporain des discriminations raciales), mais surtout en répondant idéalement aux attentes d'un public – comme Michalik.

Dans un contexte de triomphe du vaudeville, Rostand met en scène un triangle amoureux évident mais à l'inverse des classiques : le jeune est bête et le vieux moche est le vrai amoureux (de quoi rassurer le bourgeois allant au théâtre…). Michalik cultive la romance tout en exploitant cette manie moderne pour l'intimité des stars : Rostand bien-sûr, mais aussi les légendes Sarah Bernardt et Coquelin. Cyrano, écrivain baroque, anti-classique et libertin, transformé en anti-héros romantique sous la plume de Rostand, devient l'acteur à l'égo monstre mais gentil chez Michalik, rappelant inévitablement un autre interprète resté immensément célèbre pour son Cyrano, jouissant de qualités et défauts comparables : Gérard Depardieu. Rostand répond aux demandes populaires et aux caprices des stars comme il le peut : duel, grandes portions de texte pour mettre en avant les qualités des stars… Michalik enchaîne les petites scènes rapides, les points de tension dramatique. Mais contrairement à son aîné, il n'a clairement pas le génie du verbe, et place dans la bouche de ses personnages le texte même de Rostand, à l'envie, à l'excès (on aurait peut-être préféré, à la manière du Porteur d'histoire et du Cercle des illusionnistes, que les personnages racontent de belles anecdotes historiques enchâssées pour épaissir le contexte et les autres caractères…). Jeu de références, de citations et de clins d'oeil qui fonctionnent très bien sur scène, mais qui après coup laissent bien peu de traces comme la pièce dans son ensemble qui n'a que peu à dire sinon à redire.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
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J'ai passé un bon moment en allant voir la pièce, même si elle me laisse un peu partagé. C'est ce qui m'a poussé à écrire cette critique, pour mettre des mots sur mon ressenti. Étant un fan absolu du film de Rappeneau avec Depardieu dans le rôle-titre (je n'ai pas encore vu la pièce originale au théâtre), et pour tout dire, Cyrano étant un héros tellement attachant, forcément, « Edmond » ne m'a pas laissé indifférent.

Je connaissais déjà Michalik pour avoir vu sur scène « le Porteur d'histoire », qui m'avait moyennement convaincu, malgré d'indéniables qualités... Je me suis donc retrouvé en terrain connu avec « Edmond ». Clairement, Michalik a un vrai sens de la mise en scène, rythmée et ingénieuse, avec une grande économie de moyens bien utilisée, qui fait marcher l'imagination à plein régime, aidée par de belles trouvailles visuelles.

C'est plus dans l'écriture des personnages et des dialogues qu'il pèche. Car le comble c'est qu'on tombe souvent dans du boulevard, avec un humour gras, pas loin d'être lourd, qui revient de façon un peu trop récurrente et qui dénote avec les extraits de la pièce d'origine (eux toujours aussi renversants).

Et puis franchement, Michalik pompe quasiment toute sa pièce sur celle de Rostand, nous faisant le coup de la mise en abyme (c'est un petit malin). Car la narration, et plus largement l'écriture globale de la pièce est elle aussi un peu trop linéaire et prévisible, manquant singulièrement d'inventivité et d'audace, et puisant allègrement dans ce qui fait l'attrait de la pièce d'origine (cette histoire d'amour contrarié et cette célébration du verbe). Pour qui connaît plusieurs pièces de Michalik, on perçoit vite qu'il a ses trucs, des ficelles un peu grosses qu'il tire facilement pour faire vibrer telle ou telle corde chez le spectateur. Après tout pourquoi pas, comme Cyrano, son art ne manque pas de panache.

Mais voilà, le récit de la création de la fameuse (et sublime) pièce d'Edmond Rostand, ça vaut son pesant de cacahuètes. On ne s'ennuie pas une seconde, et le personnage d'Edmond est à la fois intéressant, touchant et inspirant. C'est un créateur qui doute, qui rame pour trouver l'inspiration, et pourtant qui a un bel et grand idéal, qui s'épanouira pleinement dans « Cyrano ».

Et puis les comédiens sont tous excellents, avec une mention particulière pour ceux qui incarnent Edmond et Coquelin, l'acteur qui créa le rôle de Cyrano. Leurs rôles sont bien écrits, on sent que Michalik s'est concentré sur ces deux personnages, leur servant une partition ample et généreuse, à l'image de la pièce, et bien sûr - et avant tout - de celle de Rostand.

On sent l'amour qu'a Michalik pour le théâtre, on sent aussi qu'il connaît son métier, et il nous le partage bien volontiers avec cette pièce. On sent également sa grande admiration pour Edmond Rostand, et on peut dire qu'il a eu au moins le mérite de remettre « Cyrano de Bergerac » sur le devant de la scène. Cette pièce qui risque bien de devenir immortelle, et à laquelle il est si bon de toujours revenir...
Lien : https://artetpoiesis.blogspo..
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