Depuis qu'"
Edmond" m'a éblouie, je suis devenue une inconditionnelle d'
Alexis Michalik, que ce soit en tant que spectatrice (surtout en tant que spectatrice à vrai dire) ou en tant que lectrice (parce qu'après tout, il faut bien trouver le moyen de prolonger la magie de la représentation!).
"
Le Porteur d'histoire" trônait en bonne place dans ma bibliothèque mais j'avais juré que je ne lirai la pièce qu'après l'avoir vue. Les dieux du théâtre, et mes amis surtout, m'ont exaucée puisque j'ai eu le bonheur d'assister à une représentation au théâtre des Béliers il y a quelques jours à peine.
J'ai été si transportée par la mise en scène, le jeu des comédiens et l'intrigue surtout que je me suis jetée sur le livre comme une assoiffée sur une fontaine.
1988: Martin, un homme tourmenté et un peu cabossé par la vie, vient de perdre son père. Au volant d'une voiture mal-acquise, il se jette sur les routes pluvieuses des Ardennes afin d'aller enterrer ce père qu'il n'a pas vu depuis des années et de fermer la maison. Il y retrouve une incroyable bibliothèque et un vieux carnet manuscrit qui l'attire inexorablement, lui qui n'aime pourtant ni lire, ni écrire. le jeune homme ne se doute pas encore que cette découverte va l'entraîner dans une quête haletante sur les pas d'une belle et mystérieuse aristocrate qu'ont follement aimée Dumas et Delacroix et au coeur du désert algérien où une mère et sa fille détiennent elles aussi et sans le savoir les pièces manquantes du puzzle évoqué par le carnet...
L'intrigue de la pièce est romanesque en diable, cadencée comme un roman feuilleton et toute entière nimbée de réminiscences du "Comte de Monte-Cristo" et de ce XIX°siècle littéraire que j'aime tant et cela suffirait à mon plaisir sauf qu'il y a bien plus.
En effet, "
Le Porteur d'Histoire" est aussi une très belle réflexion sur le pouvoir de la fiction et des histoires, sur la transmission et enfin sur l'engagement, servie par des répliques qui tantôt font mouche, tantôt sont d'une sensibilité et d'une poésie confondante.
Alexis Michalik a tout d'un grand, d'un Dumas, d'un Rostand ou d'un
Mouawad. Il me réconcilie avec le théâtre contemporain, moi qui suis si méfiante à son égard, me donne envie de belles histoires, de rideaux rouges et de grands frissons. de beauté dans ce monde qui en manque souvent.
Bientôt "
une histoire d'amour", que je tombe en pâmoison.