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EAN : 9782711772391
319 pages
Vuibert (05/03/2007)
4/5   2 notes
Résumé :

Longtemps le passage de la vie à trépas a été réglé par "un prêt à penser". La religion prenait en charge l'organisation de la sépulture. Les pompes funèbres n'en étaient que le bras sécularisé, mise en scène théâtrale souvent enviée, respectée, solennelle ou dernière expression de l'émouvante dernière misère. Depuis plus d'un demi-siècle, le... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La canicule de 2003 est l’exemple même de la situation de crise en matière funéraire. Quinze mille morts, cela mérite que l’on s’y attarde. Comment respecter l’éthique de notre métier en situation de crise extrême, alors que l’on doit agir dans l’urgence, pour éviter une crise sanitaire qui touchera les vivants ? Comment réagit le système lorsqu’il s’agit de s’occuper des morts plutôt que de préserver les vivants ? Comment revenir ensuite à la normale ? Avant de réfléchir à ces questions, il n’est pas inutile de se mettre « en situation » pour appréhender ce que peut être une crise funéraire et combien celle-ci peut bouleverser l’approche de notre action.
Le cas de Paris est certainement le plus intéressant en ce qu’il est caricatural de la situation urbaine au cours de l’été 2003.
[…]
Le travail était si dur que les personnels de l’entreprise de sécurité que nous avions sollicitée, pourtant des personnels aguerris, anciens militaires, policiers, ne tenaient, dans deux cas sur trois, pas plus d’une demi-journée. Les personnels des Services funéraires, comme ceux des SEM venus en renfort, ont relativement mieux résisté à cette pression parce qu’ils sont entraînés à effectuer des opérations difficiles tout au long de l’année.
Mais ce type de travail a ses limites. Il y a d’abord l’effet d’accumulation : enlever quinze corps dans une nuit, dans quinze appartements différents, comme on le fait déjà depuis des jours, sans en voir la fin et en sachant qu’il en sera de même le lendemain, c’est épuisant physiquement mais aussi moralement. Être obligé d’aller à toute vitesse, « emballer » des cadavres innombrables, les entasser parfois pour ne pas trop perdre de temps dans les rotations, comme si l’on était en pleine guerre, pour des porteurs dont le métier est associé à la lenteur, au respect du corps, à l’attention aux proches et à la dignité, c’est aller contre nature et c’est insupportable.
Nous avons tenté de les faire assister psychologiquement pendant le plein de la crise. C’est ainsi que nous avons essayé de travailler avec la cellule médico-psychiatrique du SAMU. Mais cela s’est avéré impossible.
J’ai encore le souvenir très vif de la rencontre que j’ai eue avec cette cellule. Nous étions réunis dans le bureau contigu au mien avec les deux psychiatres et l’un de mes cadres qui avait en charge le management des équipes de porteurs. Après avoir exposé la situation et commencé à réfléchir à ce que l’on pouvait faire, j’ai été interrompu et ai dû rejoindre mon bureau pour un coup de téléphone urgent. Quelques minutes plus tard, alors que je reviens dans la pièce, j’aperçois mon collaborateur en larmes. Il était resté dix petites minutes, un quart d’heure au plus, avec les deux psychiatres, il avait raconté ce qu’il vivait, dans les mêmes conditions sans doute que celles dans lesquelles auraient pu se passer des entretiens individuels des acteurs de terrain. Cela avait suffi pour qu’il décompense complètement. Dans le feu de l’action, tout arrêt sur soi-même est un arrêt définitif : on ne peut plus reprendre. La cellule psychologique ne pouvait faire autrement, m’ont expliqué les médecins.

Chapitre II, La mort « moderne ». Éthique et urgence, La canicule de 2003, p 68
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Vidéo de François Michaud Nérard
Avec Karim Si-Tayeb, Miguel Jean et François Michaud-Nérard
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>Sciences sociales>Coutumes, savoir-vivre, folklore>Coutumes funéraires (15)
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