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3,94

sur 234 notes
Je critique ici les 2 tomes, que je traite comme un tout.

Perdido Street Station est mon second contact avec Miéville, et j'avais été un peu échaudé par le très moyen le Roi des rats. J'ai donc sorti mes gants Mappa et ma pince à nez avant d'ouvrir l'ouvrage. Rassurez-vous, je les ai rapidement remisés car, je le dis tout de suite, Perdido Street Station est un livre brillant.

Avec malice, l'auteur prend les codes de la fantasy et, comme dit le poète, se torche avec. Exit les nains, les elfes, adieu l'univers médiéval. On est ici dans un univers construit, fourmillant de détails, crédible, mais totalement inventé par l'auteur. le monde décrit par Miéville est dantesque, terrifiant, quelque part entre le steampunk (évidemment) et du Terry Pratchett sous acide, l'humour en moins et la cruauté en plus.
Miéville a une excellente plume, il sait se donner un style et il a en outre l'intelligence malheureusement trop rare, d'amener plus de questions que de réponses. Ici, l'évocation d'un squelette cyclopéen dont l'ombre tombe sur la ville. Là, la déscription d'un mythe étrange. Des images fugaces, sans explications, qui rendent cette orgie d'imaginaire et de néologismes crédible.
Je reproche à Perdido Street Station quelques longueurs, quelques mécanismes narratifs redondants. Toutefois, c'est captivant, bien fichu, ça ose être cruel et laisser le lecteur dans l'ombre. Que demande le peuple?
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Perdido Street Station est un roman publié en deux partie en France. J'ai fait une erreur stratégique en attendant trop entre la lecture des deux parties, ce n'est pas le genre d'univers qu'il faut laisser reposer sous peine d'oublier des détails clés. C'était vraiment une lecture très intéressante sombre, glauque, cracra au possible, de la dark fantaisy bien dark. le nom du roman évoque la gare de la ville, centre d'une partie de l'intrigue. Ici la ville est le personnage principal, son fonctionnement et sa survie forme le coeur de l'intrigue tandis que les différents personnages servent l'accès aux lecteurs. Parmi ceux-ci, nous avons un chercheur et une artiste. le scientifique est très gris, a un petit côté savant fou ce qui va entrainer certains nombres de soucis qui le dépasse. Quand on lui donne une énigme à résoudre, il se lance à corps perdu et ne voit pas venir le fait que ça va mal tourner. Il a aussi une relation cachée inter-espèce avec une merveilleuse artiste. Celle-ci va être recruté par le chef de la pègre. Tout comme notre chercher, l'appel d'un sacré challenge fait perdre toute prudence. Travailler pour le grand chef de la mafia en quoi est-ce que ça pourrait mal tourner ? Si c'est vraiment la ville, l'héroïne, on se focalise en particulier sur les bas-fonds. Comment on survit ? Comment on s'entraide ou se dénonce ? Comment on se retrouve mêlé à des histoires qui nous ne dépassent ? La première partie pose l'univers et déploie la toile de l'intrigue. C'est dense, lent, on ne sait pas où on va mais on y va car c'est fascinant. La seconde partie est centrée sur l'action, pas le temps de reprendre son souffle tout s'enchaine. C'est un contraste bien maitrisé mais qu'il faut accepter.
L'univers est dingue mais attention c'est une histoire à découvrir quand on a le moral, l'estomac bien accroché et une bonne capacité de cerveau disponible. Entre la complexité de l'univers, l'intrigue où tout s'enchevêtre et la plume très travaillée, ce n'est pas une histoire facile d'accès mais elle en vaut la peine.
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Bizarre, inventif et immersif. Tels sont les qualificatifs qui me viennent immédiatement à l'esprit à l'issue de ma lecture. Paru initialement en un seul volume outre Atlantique, l'éditeur français à choisi de diviser le roman en deux parties que je trouve assez logiques.

Le premier tome s'attache à nous décrire Nouvelle-Crobuzon, une ville imaginaire dans laquelle se cotoient humains et créatures humanoïdes, selon un bestiaire halluciné et selon des quartiers bien définis. « Nouvelle-Crobuzon était un vrai nid de nuisibles, une ville morbidifiante. Parasites, épidémies et rumeurs y grouillaient de façon incontrôlable ». Insectes humanoïdes, cactacés évoluant sur leurs deux pieds, homme-oiseaux, des mélanges de plusieurs types tels les serpents-libellules qui font froufrouter leurs longues ailes graciles en sifflant à grand bruit, l'auteur s'est laissé aller à construire des personnages absolument incroyables.
L'univers est un autre monde : « A travers sa fenêtre sale, il distinguait l'énorme cercle froid de la lune et les lentes pirouettes qui décrivaient ses deux filles, ces satellites de roche nue, ancienne, qui brillaient comme des lucioles rebondies au fil de leurs révolutions autour de leur mère. »

Au milieu de cet essaim bigarré, Isaac est un scientifique renégat à qui un homme-oiseau va lui demander de reconstruire ses ailes. Ses recherches vont l'amener involontairement à une série de conséquences insensées pour lui-même et ses camarades.

Le second tome est plus dans l'action. le groupe doit lutter pour sa survie et l'auteur fait preuve d'une imagination fertile pour captiver le lecteur tout le long du récit.
Le récit s'étoffe au niveau des personnages : une araignée cosmique fait son entrée, en même temps que l'ambassadeur des enfers ainsi que des vampires qui se nourrissent des pensées.
La ville a toujours une place de choix et devient physiquement un personnage à part entière

Ce roman, pilier de la new weird fiction, a été une révélation en ce qui me concerne.
J'ai adoré l'originalité du récit et les personnages que j'ai trouvé extrêmement bien construits.
L'auteur a également réussi à faire de la ville un personnage à part entière tant ses descriptions sont réalistes.
Perdido Street Station est une histoire sur le traumatisme et la tragédie, non dénuée d'une certaine poésie. La multiplicité des thèmes abordés (pluralité des races, liberté, consentement, processus artistiques) offre un panel d'émotions tout autant différentes.

J'ai eu un vrai coup de coeur pour cette histoire et j'ai bien envie de poursuivre ma découverte de cet auteur.
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Si vous flânez habituellement sur les pages de ce site, vous savez que j'ai une tendresse particulière pour l'écriture de China Miéville. Et au coeur de l'été, l'envie me prit de relire l'oeuvre par laquelle je l'ai rencontré : Perdido Street Station. Ce roman est le premier de sa trilogie se déroulant à Bas-Lag et fut couvert de prix lors de sa sortie. Et ? La magie a de nouveau opéré. Une fois de plus, je me suis plongée avec délice dans la Nouvelle-Crobuzon et ses habitants divers et variés. Si vous ne connaissez pas du tout l'oeuvre du romancier, ce livre — divisé en deux tomes dans la version française — est un endroit particulièrement riche où commencer.
Nous sommes à La Nouvelle-Crobuzon, cité cosmopolite dominée par la gare de Perdido (qui donne son nom au livre). Dans la moiteur de l'été, nous y découvrons un couple trans-espèce : Isaac Dan der Grimnebulin, savant fou humain vivant en marge de la fac, et Lin, crachartiste khépri (regardez la couverture du tome 2 pour vous faire une idée de son apparence). Tous deux vont se trouver mêlés à une sombre affaire de trafic de drogue et à une épidémie de cauchemar qui s'abat sur la ville et laisse les victimes physiquement vivantes, mais ayant perdu leurs consciences.
Au fur et à mesure de l'histoire, Perdido Street Station vous fera découvrir l'ensemble de la Nouvelle-Crobuzon avec ses quartiers aux noms évocateurs : Chiure, Bercaille, Crachâtre, le Marais-aux-Blaireaux, le Palus-du-Chien, La Serre… Non seulement China Miéville s'est ingénié à la peupler d'une foultitude de races étranges (cactus humanoïde, garuda à tête de rapace, mainmises parasites allant par paire une dextrière et une senestre), mais également d'un tissu social, économique et politique très dense et très riche. La science, propre au monde de Bas-Lag pourrait s'apparenter à certains talents magiques ou parapsychiques, mais elle a ses règles propres et donc ses limitations. Elle se mêle également étroitement à la vie sociale et politique de la ville notamment avec la bio-thaumaturgie et les ReCréations que celle-ci permet et leurs conséquences judiciaires et sur le marché de l'emploi. Et non seulement, China Miéville dévoile couche après couche, personnage par personnage, page après page, un monde fascinant, mais il n'en oublie pas de raconter une histoire qui happe son lecteur ou sa lectrice et l'entraîne jusqu'à la dernière page. Attention toutefois, l'auteur n'est pas amateur des happy ends. Traverser des événements aussi impressionnants et épiques ne sera pas sans traces pour ses protagonistes et tous n'obtiendront pas forcément l'issue espérée. le voyage les aura changés et pour certains grandis. Et pour qui le lit ? Perdido Street Station est un récit riche, foisonnant et passionnant. À condition d'accepter de se perdre dans l'univers de Bas-Lag et de se laisser surprendre par votre guide China Miéville.
Lien : https://www.outrelivres.fr/p..
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Ouvrage d'une richesse impressionnante. Critique sociale, quête désespérée , onirisme et violence , espoir comme seule solution à un monde qui se désagrège face à ces prédateurs sans merci.
Ce livre de fantasy vous entrainera bien loin des sentiers battus de ce type de littérature . On a l'impression que rien ne peut brider l'imaginaire de l'auteur. La découverte de la ville de Nouvelle Crouzon donne l'envie de parcourir ce monde, cet univers à travers d'autres aventures.
Attention le foisonnement de livre demande un investissement de la part du lecteur sous peine de rester en dehors de l'oeuvre.
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Sur l'édition originale on peut lire sur la couverture “ It's the best steampunk novel since Gibson and Sterling's » John Clute*. Je suis heureux que l'éditeur français se soit gardé de mettre un commentaire similaire. Il est, en effet, extrêmement réducteur de classer ce livre dans un genre particulier. Certes, on y trouve des ingrédients chers au mouvement Steampunk, mais pourquoi occulter le coté Fantasy ou encore Fantastique.
China Mieville a su, avec cette oeuvre, s'affranchir des stéréotypes de tel ou tel genre. Il nous offre ici un roman hors norme dont la principale force est justement le mélange.
Mélange que China Mieville qualifie lui-même de « Weird fiction ».
Oubliez donc, tous les clichés sur la Fantasy, la SF, le fantastique ou l'horreur et plongez-vous avec délice dans cette aventure riche et hors des sentiers battus.

La mégapole de Nouvelle-Crobuzon est véritablement le personnage principal de cette histoire. Ses nombreux quartiers qui départagent la ville, sont autant de communautés ou se mêlent races et peuples divers. Ses ruelles sombres et glauques, encrassées par la pollution des usines sont donc peuplées par des Humains, des Khepris – sorte de cafard géant mais uniquement femelle, des Garudas –Hommes oiseaux, des Hommes cactus, des transformés – mi-hommes mi-machines à vapeur et bien d'autres. le maire de la ville avec l'aide de sa milice et des differents accords passés avec la pègre locale, dirige Nouvelle-Crobuzon d'une poigne de fer, ne laissant que peu de liberté à ses habitants.
C'est dans cet environnement qu'évolue Isaac Dan der Grimnebulin, sorte de « Géo trouve-tout » ventripotent. Sa petite vie paisible est partagée entre ses différentes recherches et sa relation amoureuse secrète avec une artiste Khepri du nom de Lin.
Et puis tout bascule le jour où un Garuda vient le voir pour lui demander de l'aide. L'homme-oiseau, condamné par les siens, s'est vu retirer ses ailes. Il propose donc une forte somme d'argent à Isaac pour que celui ci lui redonne la possibilité de voler à nouveau. Intéressé par le défi scientifique, Isaac se lance corps et âme dans ce nouveau projet. Il ne se doute pas encore que ses recherches vont plonger la ville de Nouvelle-Crobuzon dans une crise sans précédent.

Au premier abord et en lisant la 4ème de couverture, on peut être rebuté par le bestiaire hétéroclite de ce monde. Des hommes-cactus, hybrides mécaniques, femmes-cafards, araignées géantes aux bras humains et navigant entre differents plans de réalité, et ce n'est qu'une petite liste non exhaustive. le plus impressionnant est que cet étalage de bizarrerie ne perturbe le lecteur que l'espace d'un instant. Sauf, il est vrai lorsque que Mieville nous décrit la relation amoureuse et sexuelle entre Isaac et Lin, la femme-cafard. Difficile, de prime abord, d'imaginer qu'un homme puisse tomber sous le charme d'une femelle cafard, fut-elle de taille humaine. Mais passé le choc initial, leur histoire d'amour devient au fur et à mesure une évidence, tant Mieville humanise cette relation contre nature. Ce qui en soi, constitue déjà une prouesse remarquable.

L'intrigue de cette histoire est très bien menée et non dénuée d'intérêt, mais elle n'est qu'une sorte d'ustensile qui permet de mener les personnages dans tous les recoins de la ville afin d'en découvrir toute la noirceur et les bizarreries. Ne croyez pas pour autant, que ces quelques 800 pages ne sont qu'un fastidieux guide du routard d'un pays imaginaire. Non, la ville, ses habitants – aux moeurs et coutumes si contrastées – les personnages et l'intrigue constituent un tout qui prend forme petit à petit pour donner un résultat exceptionnel qui restera gravé dans la mémoire du lecteur pour longtemps…

Espérons que son dernier roman « The Scar » sera vite publié en France. Il se situe dans le même univers et a, lui aussi, remporté un grand succès outre-manche et outre-alantique.

* Illustre inconnu en France, John Clute est l'auteur – entre autres - de l'encyclopédie de la Sf et de son équivalent de la Fantasy.
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J'avais découvert China Miéville avec Les scarifiés, une oeuvre sidérante qui prenait place dans une ville pirate flottante. le Hold my SFFF m'offre l'occasion de me relancer dans un autre livre du subversif auteur anglais en découvrant l'un de ses romans phares, Perdido Street Station, séparé en deux tomes dans mon édition.

L'auteur déploie dans ce roman ce qu'il sait faire de mieux : créer un monde unique, très original. China Miéville allie des éléments très hétéroclites mais qui parviennent à devenir un ensemble cohérent. Au-delà de la cohérence, il ressort de Perdido Street Station une sensation d'étrangeté mêlée de foisonnement qui crée un réel dépaysement. Il y a dans un premier temps un véritable mélange des genres : fantasy, avec un monde qui mêle plusieurs races et des notions de magie assez sombres, science-fiction, avec le personnage de Dan der Grimnebulin et sa science ainsi que du steampunk, avec des créatures mi-machines mi-organiques... Bref, autant de choses qui ne semblent pas au premier coup d'oeil faire bon ménage.

Mais Perdido Street Station séduit aussi grâce à une ambiance très sombre ! En effet, la Nouvelle-Crobuzon n'a rien d'une ville paradisiaque. Peuplée de savants fous, d'artistes décadents, de politiciens égotistes et d'ouvriers laborieux, c'est un vrai capharnaüm divisée en plusieurs quartiers, des riches sphères en ghettos décrépits. le tout donne l'impression d'osciller constamment entre grandeur architecturale et décadence, comme si l'endroit avait connu de meilleurs jours. Un peu comme ses habitants, qui se composent de créatures mi-humaines mi-plantes/insectes, notamment des gens mi cactus ou mi-scarabées.

Le scénario est un peu long à se mettre en place ! Nous suivons d'abord un couple dépareillé, une femme scarabée artiste qui a quitté son peuple d'origine, Lin, et un savant fou, Isaac, touche-à-tout mais aussi un paria. L'histoire s'accélère un peu à l'arrivée de Garuda, un homme-oiseau dont on a coupé les ailes. Avant, le récit entrecroise plusieurs scènes de la vie quotidienne qui permettent de mieux comprendre Nouvelle-Crobuzon, se quartiers, les espèces qui s'y trouvent… Cela aide à la compréhension du monde et ç l'immersion, mais il faut attendre un peu avant que les choses se déclenchent.

J'ai beaucoup apprécié l'arc narratif une fois lancé, et je trouve dommage d'avoir fait le choix de diviser l'oeuvre original car on a l'impression d'un rythme bâclé. Pourtant, une fois la machine lancée, c'est assez fascinant : une menace indicible pèse sur la ville et l'auteur montre un grand talent pour la mise en scène et la construction de ce danger. Je ne spoilerais pas plus, mais j'ai hâte de voir ce à quoi la suite va ressembler.

China Miéville a une écriture très spécifique vite reconnaissable. Il est notamment capable de mettre en place des descriptions captivantes et imagées des lieux comme des personnes, ce qui permet dans tous les cas de créer de réelles personnalités, même aux quartiers et aux objets. Cela se traduit parce que j'ai expliqué dans la première partie, à savoir un univers unique. de plus, la plume de Miéville n'est pas dénuée d'humour ou de dramaturgie, ce qui rend l'ensemble bien équilibré même lorsqu'il ne se passe pas grand chose.

On pourrait craindre que les personnages manquant un peu de couleur, mais Miéville est capable de construire en quelques mots des personnages attachants. Son écriture permet de ménager un beau suspens autour d'eux, car ils ne révèlent que petit à petit leurs mystères et leurs projets. Un effet qui crée parfois une sensation de lenteur et d'inertie, mais qui est inévitable quand on crée des univers denses qui nécessitent une mise en place longue. J'ai en tout cas beaucoup apprécié la diversité des personnages et leurs histoires. Ils ne sont pas forcément tous attachants mais ils ont assez de substance pour être tous intéressants.

C'est une oeuvre définitivement bizarre et inclassable, qui fourmille de créativités et d'idées. China Miéville crée un roman réellement unique qui oscille entre plusieurs genres, de la fantasy en passant par le steampunk. L'univers très riche est bien soutenu par une écriture détaillée qui offre une foule de descriptions précises et dépaysantes, mais aussi des personnages variés. Comme beaucoup de romans qui reposent sur leur atmosphère et leur univers, Perdido Street Station peut paraître un peu long à se mettre en place ! Mais l'angle choisi par l'auteur est tellement original que ce serait dommage de s'en priver.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Chronique commune au deux tomes du roman.
Perdido Street Station est un roman doté d'un worldbuilding dense et original, marqué par l'esthétique grotesque du New Weird, qui convoque et combine des topoï de plusieurs genres de l'imaginaire, à commencer par la Fantasy, la science-fiction et l'horreur, avec une technologie industrielle, de la magie, et des créatures cosmiques dépassant la compréhension humaine, au sein de la ville de Nouvelle Crobuzon.
China Miéville y aborde des problématiques sociales, notamment l'aliénation et la paupérisation d'une classe laborieuse par une classe dirigeante, qui va jusqu'à modifier les corps des travailleurs pour qu'ils accomplissent des tâches spécifiques ou leur faire porter les marques de leurs crimes. Il décrit également la manière dont le système cherche à briser les porteurs des luttes sociales, à savoir les grévistes et les journaux dissidents, avec l'aide d'une milice armée et omniprésente. Il aborde également le racisme, à travers la description des rapports entre les humains et les différents peuples Xénians, qui sont marqués par un certain anthropocentrisme et de l'incompréhension.
L'intrigue met en scène la manière dont Isaac Dan der Grimnebulin, un scientifique réprouvé, libère malgré lui des gorgones, des créatures plongeant la ville dans le cauchemar. Aux côtés de compagnons marginalisés au sein de Nouvelle Crobuzon, il tente de les neutraliser, alors que des drames sociaux, politiques et personnels se jouent.
Pour moi, ce roman est magistral par le monde qu'il décrit, le mélange des genres qu'il opère, son esthétique grotesque, et les thématiques qu'il aborde. Je ne peux que vous le recommander !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Un chef d'oeuvre d'originalité qu'on ne referme qu'à contre-coeur. J'ai rarement pris une telle gifle et pourtant j'ai lu plus d'1 millier de livres...

une sorte de Brazil sauce gaborit que Spinrad aurait écrit pour faire simple... Bref unique en son genre, un pur moment de bonheur jusqu'à la dernière ligne.

Je sais que c'est très "lieu commun" de dire ça mais PSS est aussi une critique en profondeur de nos sociétés modernes et de ses dérives: l'horreur des abattoirs, des foires aux monstres, des grèves réprimées par la police, des bidonvilles, des ghettos... de la à penser que c'est un prétexte politique pour diffuser la parole du Trostkyste Miéville il n'y a pas vraiment loin à aller
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Après trois semaines dans les ruelles de la Nouvelle-Crobuzon, j'en sors enfin pour vous livrer un avis franchement enthousiaste, même si j'ai quelques réserves sur des points particuliers.Donc, ce roman nous raconte les aventures d'Isaac (C'aurait pu être Newton, mais, non, pas là.), d'un homme aigle sans ailes, et de quelques uns de leurs amis.Le premier problème de ce roman, c'est de trouver une unité à la trame narrative. En effet, le début du roman concerne les recherches scientifiques d'Isaac, et celles, artistiques, de son amie la femme à tête de scarabée. Mais, au bout d'un moment, pour une raison que seul l'auteur connaît, on passe d'une chronique de la vie urbaine à une chasse au monstre qui, pour fascinante qu'elle soit, n'en a pas moins rien à voir avec la première moitié du roman, ce qui est encore plus visible de par le découpage en deux tomes.Bon, cela étant, c'est quand même un bouquin tout à fait excellent, et foisonnant d'une part de références, et d'autres part de liens pour moi avec d'autres oeuvres.Références et liensLe premier de ces liens concerne des romans traitant de la ville ... comme l'Ankh-Morpok de [a:Pratchett|1654|Terry Pratchett|https://images.gr-assets.com/authors/1235562205p2/1654.jpg], la Lankhmar de [a:Leiber|23001|Fritz Leiber|https://images.gr-assets.com/authors/1423163995p2/23001.jpg], ou [b:la cité du gouffre|26858016|La cité du gouffre|José Moselli|https://images.gr-assets.com/books/1443882094s/26858016.jpg|46896687] de [a:Reynolds|51204|Alastair Reynolds|https://images.gr-assets.com/authors/1369753656p2/51204.jpg], mais je reviendrai sur ce lien plus loin. Bref, la ville, hein. Comme dans les différentes villes dont je viens de parler, l'architecture est loin d'être élégante, loin d'être organisée, et, surtout, loin d'avoir une chance de résister à la prochaine pluie. Ca, tout de suite, ça pose une ambiance assez glauque. et cette ambiance, l'auteur prend un soin jaloux à en peaufiner chaque détail, en ne donnant à voir au lecteur que les parties les plus laides, décrépies, polluées de cette Nouvelle-Crobuzon. Et ça n'est à mon avis pas pour rien que la période choisie est une espèce de révolution industrielle rendant hommage à la Londres du XIXème siècle (Qui a bien évidement dû aussi servir d'exemple aux autres villes mentionnées).La ville est donc une première composante de cette ambiance glauque. Mais ça n'est pas la seule composante. Il y a aussi le côté tous pourris, mis en valeur par cette milice, ce gouvernement pas vraiment démocratique, et toutes les sortes de mafias peuplant les strates intermédiaires de cette ville démente.Un roman gothique ?Pour en revenir aux références, je voudrais parler du lien tout particulier unissant ce roman et ceux de [b:La cité du gouffre|26858016|La cité du gouffre|José Moselli|https://images.gr-assets.com/books/1443882094s/26858016.jpg|46896687]. En effet, ce lien a pour moi été flagrant très rapidement, pour devenir bientôt un guide de lecture tout à fait sensé pour cette oeuvre.Le premier lien, c'est évidement l'environnement urbain, déja mentionné plus haut, qui est d'une évidence absolue. Pourtant, il faut le voir dans le détail pour bien comprendre le lien qui existe entre ces deux villes. Dans les deux cas, la construction est anarchique, souvent agressée par un environnement actif, que ce soit magiquement ou non.Ces deux villes sont par ailleurs peuplées de créatures plus étranges les unes que les autres. Pour la cité du Gouffre, je vous conseille la lecture de [b:Diamond dogs, Turquoise days|893590|Diamond Dogs, Turquoise Days|Alastair Reynolds|https://images.gr-assets.com/books/1348305802s/893590.jpg|878818]. Et pour [b:Perdido Street Station|68494|Perdido Street Station (Bas-Lag, #1)|China Miéville|https://images.gr-assets.com/books/1393537963s/68494.jpg|3221410], un rapide inventaire suffira : un homme-aigle, des femmes scarabées (Faut-il voir un clin d'oeil à l'Egypte antique ?), des hommes-grenouille sans costume, et en guise de feu d'artifice final, Madras, le recréé artistique, qu'on pourrait par exemple rapprocher du capitaine de [b:L'Espace de la révélation].Et puis, ces villes, sous leurs atours flamboyants, sous leur facade de centre culturel, ne sont que le dessus de poubelles sordides dans lesquels tout est possible.A ce sujet, la visite au bordel du collègue d'Isaac est une espèce de fantasme, du même niveau de pervesité que [b:Diamond dogs, Turquoise days|893590|Diamond Dogs, Turquoise Days|Alastair Reynolds|https://images.gr-assets.com/books/1348305802s/893590.jpg|878818], encore une fois, mais choisissant une orientation nettement différente ...Bref, il y a d'innombrables points communs entre ces deux romans et, comme je le disais de l'oeuvre de [a:Reynolds|51204|Alastair Reynolds|https://images.gr-assets.com/authors/1369753656p2/51204.jpg], [b:Perdido Street Station|68494|Perdido Street Station (Bas-Lag, #1)|China Miéville|https://images.gr-assets.com/books/1393537963s/68494.jpg|3221410] est une oeuvre gothique, flamboyante, mais aussi sale comme une cathédrale délabrée, et c'est peut-être cette saleté qui en fait tout le sel.Pas d'échappatoireEnfin, je dis sale, mais ça n'est pas le mot juste. Pour moi, ce qui décrirait mieux la philosophie sous-tendant l'écriture de cette chose littéraire, c'est l'absence complète de pitié. du début à la fin, j'ai en effet l'impression que l'auteur s'est imposé comme contrainte littéraire l'absence de pitié et d'espoir. A bien des reprises, il peut sauver des personnages, améliorer des situations. Mais le fait-il une seule fois ? Non, je ne crois pas. Et ça, pour dur que ce soit pour le lecteur, c'est bien.Naturellement, la conséquence logique, c'est qu'il n'y a pas de happy end. Et ça, c'est encore mieux.ConclusionVous vous en doutez déja, mais j'ai adoré. Pas pour l'histoire, qui est plutôt déséquilibrée, nous incitant sans cesse à nous demander où l'auteur veut donc nous conduire, mais pour la Nouvelle-Crobuzon, pour les recréés, pour Madras, et, même, pour les Gorgones. Tiens, tant que j'y pense, j'oubliais un dernier clin d'oeil : la Fileuse, qui m'a fait furieusement penser à Shelob et aux autres araignées Tolkieniennes. Bref, j'ai adoré, et j'adorerais, je crois, voir un Peter Jackson fou tenter une adaptation impossible. Bon, j'adorerais peut-être plus encore lire d'autres romans reprenant ce monde fou, invraissemblable, aux confluents de la fantasy, du steampunk, et de presque tous les autres courants de la SF sauf le space-op.Mais, soyons réalistes, ça n'est pas à mon sens un roman pour tous les publics. Donc ne vous lancez dedans que si vous avez le coeur bien accroché, l'esprit très ouvert et un goût certain pour l'étrange et, comme je l'ai déja dit, le gothique.
9782070455171"
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