Un livre de SF, écrit avec un crucifix braqué sur la tempe !
Très bon livre d'anticipation...bien que l'apocalypse dont il est question au début du récit se déroule au début des années 1960 (Ce livre est paru en 1960 aux USA).
Il se divise en trois parties distinctes: la première se situe environ 600 ans après l'apocalypse, puis nous effectuons à nouveau des bonds d'environ six siècles en avant à chacune des deux parties suivantes. le récit, étalé sur plus de mille ans ne tourne donc pas autour des mêmes personnages (quoique...).
Il y a cependant unité de lieu; l'abbaye de Saint Leibowitz. Ses résidents se sont donnés pour mission de préserver des écrits scientifiques pré-apocalyptiques (devenus incompréhensibles) jusqu'à des temps meilleurs.
Voici, de façon non exhaustive et sans hiérarchie, des thèmes qui eux, traversent l'ensemble de l'ouvrage: L'abbaye de Saint Leibowitz et son activité (passionnante, si si !!), la foi religieuse, la connaissance, l'éthique, les scientifiques, les hommes de pouvoir, les humains, la vie, la mort, le monde, l'histoire.
On devine progressivement où l'histoire pourrait nous mener, et quelle est la thèse de ses principaux protagonistes (ce n'est peut-être pas celle de l'auteur), puisqu'on est à l'intérieur d'une congrégation religieuse, héritière du catholicisme.
"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme": formulation toute chrétienne que plaçait
Rabelais dans la bouche d'un de ses personnages (et que connaissent presque tous les lycéens). Ceci donne l'orientation de ce livre de
Walter M. MILLER.
Tout ceci teinté de pessimisme et de morne fatalisme, façon
Barjavel.
D'ailleurs, tout comme
Barjavel, Miller n'hésite pas à broyer ses personnages. L'auteur ne considère pas les choses à l'échelle de l'homme, à l'échelle d'une minuscule vie humaine.
L'éthique religieuse comme seul garde-fou possible à la science? Je n'adhère pas du tout à cette idée. Certains voient dans cette fiction un avertissement aux scientifiques, à la connaissance (ça, c'est une rengaine religieuse). La science a bon dos! En fait, les sciences proposent et les sociétés disposent.
Personnellement, j'opte pour une éthique de la science, et surtout une éthique des sociétés qui en font usage, sans en appeler à la transcendance.
Cependant j'ai vraiment passé un très bon et trop rapide moment de lecture avec ce GRAND ROMAN.