We Live, tome 1

Déjà presque une semaine que j'ai terminé cette étonnante BD, offerte par Babelio et 404 éditions, que je remercie bien évidemment de ce beau cadeau. Je n'emploie pas l'adjectif "beau" à la légère ici, mais parce que j'ai réellement admiré l'esthétique de cette BD, que ce soit sa couverture au toucher "pêche", son illustration sans conteste superbe, et sa mise en couleurs que je trouve particulièrement réussie. Cette édition spéciale regroupe les cinq premiers chapitres de ce qui s'avère être non pas une histoire complète, comme je le pensais, mais la première partie d'une saga. Elle comporte en fin de volume une série d'extras, galerie de variantes des couvertures pour chaque chapitre, croquis préliminaires, mini "strip" explicatif concernant les bracelets pour les enfants destinés à être sauvés de l'apocalypse, carte présentant les lieux où se déroule l'action, et une présentation des trois enfants qui ont inspiré les héros de l'histoire.
Autre bonus (mais que je n'ai pour l'instant pas exploité, j'y reviendrai par la suite) : chaque chapitre s'accompagne d'un QR-code à flasher pour accéder à des musiques destinées à accompagner la lecture.

Venons-en à l'histoire. Les attentifs auront déjà noté qu'il est question d'apocalypse et d'enfants qui y échapperont peut-être. On est en 2084, et après une succession de catastrophes et de guerres, l'humanité ne compte plus qu'un dixième de sa population. Et la fin est proche pour les derniers représentants de la race. Ils laisseront bientôt place aux créatures mutantes qu'ils ont contribué à faire proliférer, animaux parfois extrêmement féroces face auxquels ils n'ont aucune chance d'avoir le dessus ou plantes dotées de particularités étonnantes, comme de se nourrir des cellules mortes d'autres organismes. Les humains sont également victimes d'un terrible virus qui les transforme en "putrides", sorte de zombies qui s'attaquent à eux pour les contaminer. Bref, un avenir pas très riant, et dans lequel il ne reste d'espoir que pour 5000 enfants, ceux équipés du fameux bracelet évoqué plus haut, un bracelet très particulier qui développe une réaction symbiotique avec son porteur afin de le préparer à son futur environnement. Ces enfants, ce sont les habitants d'une planète lointaine qui ont décidé de les exfiltrer pour les sauver de l'extinction programmée de l'espèce humaine. Par pure bonté, ou cela cache-t-il d'autres motivations moins altruistes ? Nous ne le saurons pas dans ce volume, qui raconte le difficile voyage de quatre personnages, trois enfants et une créature nommée Alice. Alice est chargée d'accompagner et de protéger Humbo, un jeune garçon doté de surprenantes qualités pour maîtriser les technologies les plus diverses. Tala est quant à elle l'accompagnatrice de Hototo, son petit frère à qui elle a confectionné un formidable costume de super-héros afin de lui conférer un sentiment d'invincibilité face aux multiples dangers qu'ils vont affronter lors de ce voyage. Hototo et Humbo font partie des heureux porteurs de bracelets, mais ils doivent impérativement parvenir à temps à une des neuf balises d'extraction, avant la fin du compte à rebours lancé par les extra-terrestres. Ils embarquent dans un bus conduit par un vieil homme, Simon, qui s'est chargé de les convoyer jusqu'à la gare d'une des neuf mégalopoles, seules cités encore habitées sur terre, avec quelques villages isolés comme celui où vivaient Hototo et Tala. Mais les ennuis vont commencer dès la première halte...

Cette histoire avait tout pour me plaire, à priori : j'aime les ambiances post-apo, les récits dont des enfant sont les héros, et les créatures fantastiques. Trois éléments réunis ici, avec en prime des dessins d'une qualité incroyable, encore mieux mis en valeur grâce à un papier soyeux qui fait flamboyer les superbes couleurs. Qu'est-ce qui m'a empêchée d'être complètement emportée alors ? C'est le scénario, parfois trop elliptique pour moi, j'ai eu du mal à suivre certains enchaînements (d'autant plus qu'il y a des retours en arrière signalés un peu trop discrètement, ce qui fait que j'ai mis quelques cases à comprendre). C'est très foisonnant, même si le récit est centré sur quelques personnages il y a une multitude de protagonistes autour (humains et autres), ce n'est pas toujours évident de s'y retrouver. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai renoncé à utiliser les QR-codes, j'avais besoin de rester concentrée sur l'histoire et les images, une stimulation auditive en plus aurait nui à ma lecture. Mais lorsque je le relirai, j'accompagnerai volontiers avec la bande-son.

L'autre point qui explique ma note un peu mitigée, c'est que je pensais réellement découvrir une histoire complète, et j'ai éprouvée une certaine frustration en découvrant qu'il ne s'agissait que d'une première partie. J'ai eu l'impression de me faire un peu gruger, parce que bien évidemment je vais avoir envie de lire la suite, qui paraîtra...je ne sais quand !
Mais mes réserves sont bien légères comparées aux qualités de cette oeuvre, et je suis ravie d'avoir été sélectionnée pour cette MC Graphique, d'autant plus que je n'avais coché que deux titres pour une fois. Petit conseil : si vous avez la curiosité de découvrir l'extrait proposé, ne vous arrêtez pas sur le graphisme des pages 8 à 10, sorte de dessin animé de propagande pour les bracelets, il n'est pas représentatif du reste de l'album. La couverture est bien plus dans l'esprit.

* AN 2022, nous nous réveillons un matin et -- c'est déjà demain, AN 2084 *
Coup d'oeil, s'il nous en reste 1, dans le rétro

Y avait des animaux partout dans la forêt,
Au début du printemps, les oiseaux revenaient (*)


* 2084: L'histoire du genre humain tire à sa fin. Vol I, le jour de l'extinction *
Trop d'abus, trop de guerres -- la nature, les animaux, les virus eux-mêmes se révoltent contre les hommes.
Tout là-haut, à des milliers d'années-lumière d'ici, Allo la terre ?!, les Douze se réunissent en conseil extraordinaire. Pouce vers le haut, pouce vers le bas ? Vont-ils intervenir (encore une fois) pour sauver l'espèce humaine de l'extinction ? Les avis sont partagés (ça colore dans tous les sens)
Un peu à la manière des politiques, ce sera une solution intermédiaire
- Seuls quelques uns, les élus des élus, 5000 enfants seront sauvés -


Le récit commence avec le vieux Simon et un compte à rebours adressé à toute la population 5 jours avant * l'extinction finale *', tout juste le temps aux enfants qui auront trouvé LE bracelet (sorte de billet de loto) de rejoindre les balises permettant leur extraction vers un autre univers.


* 2084, c'est dans 62 ans, c'est demain et ça fait peur pour nos gamins *


Une BD post-apo avec des influences graphiques fusant dans tous les sens: mangas, comics américains, cartoons, classiques. Des références aux univers de Walking Dead, Miyazaki, etc. C'est We Live


Le plein réussi (vu le prix des carburants, oups) de couleurs flashy, acidulées, très mode eighties, à s'en éclabousser les yeux et pour les oreilles, 7 + 1, comme dans le jeu des familles, pistes sonores aux intonations chaudes - la voix cassée d'El Hombre Viento, découverte ici, est un régal, le violon et les mélodies également - préférences: I will follow you, We live (thème principal) & The Travelling.

Une immersion dans l'univers de We Live à vivre dans son entièreté: QR codes et vidéos parsèment l'album en séparant les 5 épisodes de ce 1er Vol.
Trois types de lecture accessibles: images, musique solo, images & musique.
- Comme Sylvie, j'ai d'abord commencé par la BD, version en bulles solo, pour ensuite explorer l'univers musical séparément et enfin lier les 3 pour en profiter pleinement - c'est assez bluffant -


La volonté du duo fraternel était manifestement d'allier leurs forces, picturales et musicales, pour créer un univers entier, fait de contrastes entre horreur de la réalité et espoir à yeux d'enfant que tout reste possible tant que 'WE LIVE'
Les auteurs ont réussi le pari avec l'utilisation de couleurs chatoyantes pour les personnages marquants: Simon, les 2 frère & soeur, Humbo & Alice, les étripeurs du Bengale et la rondeur volontaire des dessins.


Avec leurs jeunes héros, The Miranda Brothers parviennent à exprimer toute la naïveté de l'enfance, l'espoir et le pouvoir de l'imagination: Hototo, sa pleine confiance en sa grande soeur Tala (11 ans) qui le protège au mieux, promesse faite à leur maman, contre la réalité de l'apocalypse, la laideur du monde, les dangers qui parsèment leur chemin de vie; l'ingénieux Humbo plus âgé et plein de ressorts les accompagne.


* Mention spéciale émotions au mensonge de Tala à son petit frère pour lui masquer la vérité avec La Lettre à Hototo, dans le 4ième épisode, intitulé "le Jour de l'extinction"
Un mensonge tellement beau & magique qu'il en devient réel, une page de l'album en particulier (pages non numérotées) qui m'a marquée *

= Les deux petits héros se retrouvent seuls dans un wagon, chacun à un bout d'une rangée de sièges, avec focus, zoom avant, sur leur visage.
La grande soeur détourne le regard pour cacher à son petit frère qu'elle pleure, consciente qu'elle n'y arrivera peut-être pas; Hototo refuse de lui parler, tourne la tête pour masquer ses yeux pleins de larmes, il commence à se rendre compte de l'horreur de la situation et ne veut pas peiner sa soeur. =

Chacun protège l'autre, les rôles commencent à s'équilibrer et/ou à s'inverser.

De belles et touchantes bulles également en début et fin de récit, comme une boucle à l'histoire, avec l'effet rôle/reflet inversé dans le miroir du frère et de la soeur.


Pour savoir si les humains seront sauvés de l'extinction, comment, quand, par qui, Rdv en 2087, à l'ère des Palladions, annoncée vs FR, chez 404 éditions, Comics, avec 5 nouveaux épisodes regroupés en 1 Volume.
(surprise, ce 1er n'est pas un réel one-shot, la série continue)


- An 2022. Merci @ Babelio & @ 404 éditions ! MC avril
pour ce très bel album au papier intérieur glacé & à la toute douce couverture.
Le plaisir régressif était au rdv avec les Etripeurs du Bengale, Putrides, Zeus, Secte des Acceptistes, Gardiens de la paix assermentés - quel (joli) cauchemar !

- Ouf, je me suis réveillée, c'était juste un mauvais rêve lointain - quoique ?


- AN 2000 - Mickey 3 D, Paroles, musique & anime (vidéo) - clin d'oeil (1)

Approche-toi Hototo, écoute-moi gamin,
Je vais te raconter l'histoire de l'être humain

Au début du printemps, les oiseaux revenaient

- 2000, 2020 et suivantes -

D'ici quelques années on aura bouffé la feuille
Et tes petits-enfants ils n'auront plus qu'un oeil
En plein milieu du front ils te demanderont
Pourquoi toi t'en as deux tu passeras pour un con
Ils te diront comment t'as pu laisser faire ça
T'auras beau te défendre leur expliquer tout bas
C'est pas ma faute à moi, c'est la faute aux anciens
Mais y aura plus personne pour te laver les mains
Tu leur raconteras l'époque où tu pouvais
Manger des fruits dans l'herbe allongé dans les prés
Y avait des animaux partout dans la forêt,
Au début du printemps, les oiseaux revenaient

https://www.youtube.com/watch?v=Iwb6u1Jo1Mc

? Respirons, nous n'allons pas mourir de rire ? 'We Live'

Ce genre de production va certainement se multiplier sur le genre d'un monde en perdition suite à ces cataclysmes naturels liés par exemple au changement climatique. Et puis, il y a les guerres et les épidémies. Et cela rappelle incontestablement quelque chose que nous sommes tous en train de vivre collectivement comme le prélude à quelque chose de malheureusement plus puissant qui balayera nos civilisations si nous n'y prenons pas garde.

L'originalité de cet ouvrage est qu'une race supérieure d'extra-terrestre offre 5000 bracelets à des enfants de la Terre en 2084 afin de les emmener avec eux avant l'extinction finale. Attention, il n'y aura pas de la place pour tout le monde.

Cela me fait penser à un film au cinéma avec Nicolas Cage traitant exactement de la même problématique de cette arche de Noé. le film réalisé par Alex Proyas s'appelait « Prédictions » et il était déjà sorti en 2009.

Le graphisme ? Magnifique et extraordinairement immersif. le dessin d'une tendance un peu japonisante est magnifique et bourré de détails. On se surprend à contempler une faune et une flore impeccable. Voici une BD que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire.

Car il n'y a pas qu'un dessin magnifique, il y a aussi une histoire prenante. C'est vrai que tous les éléments semblent être réunis pour qu'on frissonne avec cette soeur et son petit frère qui tente d'échapper à leur funeste destin.

Ce sont des babéliotes comme par exemple entre autre Sylvie ou Présence qui m'ont prévenu de l'existence de ce titre qui m'était totalement passé inaperçu. C'est dommage car cela mérite vraiment une lecture d'autant que les thèmes sont très intéressants. J'ai adoré ce système de QR code qu'on scanne et qui nous emmène vers des images un peu animées sur fond sonore en écoutant une play-list spécialement dédié à cet album. C'est très inventif.

Le traitement de ce récit est également très mâture même s'il apparaît parfois comme un peu enfantin. Il y a des scènes d'une violence inouïe surtout pour des lecteurs enfants. Et puis, il y a cette fin étrange qui offre une suite basée sur le thème des super-héros dont je ne suis guère friand. Mais bon, rien n'est encore définitif. On ne sait jamais. A suivre par conséquent.

N'étant pas trop fan ni des récits post apocalyptiques ni des super héros, cette BD ne fera pas partie de mes coups de coeur.

Néanmoins, je reconnais un talent certain pour la création de cet ouvrage notamment dans les illustrations. Une grande qualité dans les dessins et des couleurs éclatantes qui contrastent avec la noirceur voire l'horreur de la situation font de cette BD un très bel objet livre.
La couverture est magnifique et une belle qualité des pages glacées en font un roman agréable à lire.

Nous sommes en 2084, évidemment l'homme a réussi à détruire sa planète (depuis le temps qu'il y travaille !) Les guerres, les virus, les violences fratricides, le non respect de la planète, tout cela a amené l'extinction de 90% des humains. Les survivants habitent dans 9 mégalopoles faisant partie d'un monde nouveau mais pas charmant du tout.
"Une nature furieuse nous a attaqués et décimés pendant des années. Cela a créé de nouvelles espèces sauvages, des dégénérescences génétiques qui nous ont rapprochés de la mort."

A la veille d'une nouvelle et probablement dernière attaque environnementale (car la Nature ne se laisse pas faire), les survivants reçoivent un message venant des étoiles.
Grâce à 5 000 bracelets, 5 000 enfants vont être sauvés à condition d'arriver à temps à la balise d'extraction hors de la Terre.

Les bracelets récupérés, les enfants partent vers leur destination et là ça fait peur ! Des monstres sanguinaires surgissent de toutes parts dans des planches magnifiquement détaillées et nombreuses (tout va très vite). de la noirceur, de l'horreur sur cette planète arrivant à sa fin mais aussi de l'émotion et beaucoup d'amour entre les enfants que nous suivons notamment entre un frère et une soeur qui, jusqu'au bout, feront tout pour se protéger mutuellement .

Dans l'intervalle, on remonte le temps pour assister au conseil intergalactique suprême, qui doit décider si l'Humain mérite d'être sauvé ?

L'histoire est prenante. La musique proposée en QR code tout le long du livre (j'ai écouté après) apporte un plus dans la lecture et l'ambiance de cette BD. L'histoire est à suivre donc forcément, on reste sur notre faim.

J'ai apprécié le travail et le message, un peu moins la violence mais c'est post apocalyptique alors...

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute, qui se suffit à elle-même, et qui peut également être considérée comme une première saison. Il regroupe les épisodes 1 à 5, initialement parus en 2020/2021, coécrits par les frères Roy & Inaki Miranda, dessinés et encrés par ce dernier, avec une mise en couleurs réalisée par Eva de la Cruz. le recueil comprend également une introduction rédigée par les frères Inaki en mars 2021, ainsi qu'une postface également écrite par eux, indiquant que les bons chiffres de vente devraient leur permettre de réaliser une deuxième saison. Il contient également les couvertures originales d'Inaki Miranda, ainsi que les couvertures variantes de Dustin Nguyen, Peach Momoko, David Sanchez, Igor Lomov, David Williams, Ryan Browne. Se trouvent également un strip de 2 pages expliquant pourquoi on ne peut pas récupérer un bracelet sur un enfant et le mettre sur un autre enfant, une carte satellite des lieux du récit, la présentation des trois enfants ayant servi de modèle pour les trois personnages principaux, et 8 QRcode permettant d'accéder à autant de morceaux de musique composés spécialement pour accompagner la lecture de la bande dessinée.

Simon, un vieil homme avec un casque d'aviateur et des lunettes, regarde par la fenêtre : il cherche la réflexion de son esprit quand il était jeune. Derrière lui, le poste de télévision diffuse une annonce publique. La Terre est vouée à l'extinction dans un proche avenir. Certes jusqu'ici, l'espèce humaine a survécu : à une mutation hostile en 2050, à des catastrophes naturelles d'ampleur globale, à l'apparition de nouvelles espèces animales agressives, à des dégénérescences génétiques, aux guerres civiles qui se sont déclenchées à toute la surface du globe, décimant littéralement la population réduite à un dixième de ce qu'elle était avant. La population humaine est maintenant essentiellement répartie dans neuf mégalopoles, et quelques camps de réfugiés. Puis l'humanité a reçu un message des étoiles : une race extraterrestre les prévenait que les êtres humains ne survivraient pas aux prochaines catastrophes. Ils leur envoyaient cinq milles bracelets de sauvetage à remettre à autant d'enfants qui seraient alors sauvés en étant emportés vers les étoiles. Il faut juste qu'ils soient présents à l'une des neuf balises d'extraction avant la fin du compte à rebours s'affichant sur lesdites balises.

En l'an 2084, il ne reste plus que cinq jours avant l'Extraction. Holoto dans son costume de superhéros est emmené par sa grande soeur Tala vers un point de rassemblement d'où doit partir un convoi vers une balise, car il a trouvé et mis un bracelet de sauvetage. Il a emmené avec lui un petit animal familier issu d'une des nouvelles races exotiques. Une fois sur place, ils montent dans l'autocar de Simon. À l'arrêt suivant, il remarque la montée d'un autre enfant aux habits bariolés : Humbo, accompagné par un être humanoïde de très forte carrure dont le corps est masqué dans un grand imperméable Alice. Après une nuit de route, le chauffeur arrête son transport en commun à une station-service pour faire le plein, et permettre aux enfants et à leurs accompagnateurs de passer aux toilettes. Des créatures agressives rôdent à l'orée des bois alentours.

Tout commence comme un récit de survie postapocalyptique : une Terre qui a été ravagée par les catastrophes naturelles, et une population humaine divisée par dix, avec un mélange de restes de technologies futuristes, et un mode de vie rustique en dehors des quelques cités restantes, sans oublier une faune et une flore ayant subi des mutations fantastiques. Effectivement, le récit prend la forme d'un voyage, la route se révélant particulièrement dangereuse, pour essayer d'atteindre cette balise où doit se produire un sauvetage réalisé par des extraterrestres altruistes. le lecteur peut être venu à cette histoire pour son intrigue, parce qu'il estime que les publications de l'éditeur Aftershock valent le coup d'oeil, ou parce qu'il a déjà apprécié les dessins effilés d'Inaki Miranda par exemple dans Fairest Vol. 2: Hidden Kingdom (2012/2013) avec Lauren Beukes, Coffin Hill (2014/2015) avec Kaitlin Kittredge, Ragman (2018) avec Ray Fawkes. Il découvre une histoire racontée au niveau des enfants, mais avec des informations apportées par des adultes. le lecteur ressent à la fois l'entrain des enfants et leur optimisme, l'immédiateté de leur expérience de la réalité, et l'inquiétude des quelques adultes quant à l'extinction probable de la race humaine. de temps à autre, il se dit qu'un enfant ou un adolescent fait des réflexions un peu trop matures pour son âge, mais ça n'arrive qu'épisodiquement.

L'artiste dessine dans un registre descriptif et réaliste, ayant un tout petit peu adouci le tranchant de ses contours qui restent très vifs. Dans ce genre de récit, le lecteur espère bien que les auteurs lui montreront concrètement à quoi ressemble ce futur, ce qu'il a de différent du présent, d'une certaine manière ce qu'il a d'exotique. le dessinateur représente des éléments attendus comme des pavillons abandonnés, des routes en mauvais état, des villes où la végétation a recouvré ses droits, des forêts luxuriantes, des campements de misère, des communautés peu accueillantes aux règles bizarres. Il montre également des éléments originaux comme le spot d'information sur les bracelets sous la forme d'un dessin animé pour enfant, l'animal familier capturé par Hototo, entre lézard et caméléon, les nouvelles races animales absolument magnifiques, les expérimentations génétiques sur des êtres humains, et bien sûr les événements qui surviennent lors de l'Extraction. Il ne se ménage pas pour représenter chaque élément dans le détail tout en conservant la lisibilité de ses cases et de ses planches. La metteuse en couleurs effectue un travail impressionnant pour conserver cette lisibilité, sans surcharger les cases, avec des quelques effets spéciaux extraordinaires pour la végétation, pour le sang, pour la surface de l'eau.

Le lecteur a vite fait de tomber sous le charme de la narration visuelle, de se prendre d'amitié pour la candeur de Hototo, pour l'assurance inconsciente de Humbo, pour l'inquiétude de Tala, pour le mystère d'Alice. Il prend les événements qui sortent de l'ordinaire au premier degré, accordant bien volontiers toute suspension d'incrédulité consentie qui s'avère nécessaire. D'accord, Humbo trouve une armure exosquelette et il sait la piloter sans difficulté, de manière intuitive, sans aucun accident fortuit, sans s'écraser au sol. Les coscénaristes déroulent le voyage en autocar, avec des empêchements attendus : l'attaque à la station-service, l'obligation d'abandonner l'autocar, la suite du voyage à pied avec les bêtes sauvages qui rôdent, et les maraudeurs bien humains, et tout aussi impitoyables. Bien sûr le pire se produit : des morts, mais aussi des tentatives pour s'approprier les bracelets. Il n'empêche que les auteurs ont su doser leurs effets pour quand même surprendre le lecteur que ce soit avec un rebondissement imprévisible (sans paraître artificiel pour autant), ou avec une mort soudaine inattendue. le lecteur se rend compte qu'il est totalement immergé dans l'intrigue, en totale empathie avec les principaux personnages, et aussi inquiet que les accompagnateurs pour la survie de ce petit monde. Il se demande également si cette destruction annoncée de la Terre est si assurée que ça, ou si les mystérieux extraterrestres ne sont pas si altruistes qu'ils l'ont annoncé.

Les coscénaristes ne font pas semblant, et répondent à ces questions sur les extraterrestres, sur l'Extraction, et le lecteur comprend que la situation n'est pas si manichéenne qu'elle en a l'air. Il se souvient également qu'en ouverture, Simon essaye de retrouver l'état d'esprit qu'il pouvait avoir quand il était un enfant. Il fait le constat que les coscénaristes ont très bien réussi à éveiller dans le lecteur, cet esprit de l'enfance, par le comportement de Hototo et Humbo. Ce n'est pas une mince affaire que de parvenir à cet équilibre entre une intrigue avec des enjeux adultes, et une vision d'enfant sur le monde. le lecteur en ressort tout ragaillardi, épaté par cette façon de voir le monde qu'il a vraisemblablement oubliée avec les années qui passent. Il se souvient de la formule de Saint Exupéry : nous n'héritons pas de la Terre, nous l'empruntons à nos enfants. Il voit qui va effectivement construire le futur de cette Terre en piteux état, et en quoi le regard des enfants doit primer sur celui des adultes. Les coscénaristes ont réussi leur pari.

À l'époque de la parution de ce récit, les comics américains connaissent un âge d'or incroyable en termes de diversité. Chaque mois, de nouvelles séries apparaissent et l'attention du lecteur est divisée entre tellement de sorties qu'il ne peut pas tout suivre. Il est très heureux d'être tombé sur celle-ci, a priori un récit postapocalyptique de plus, dans les faits une lecture divertissante, à la fois adulte avec une facette ingénue qui la rend unique.