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sur 812 notes
C'est un roman à la fois déchirant et dérangeant. le récit intime d'un mal-être qui prend sa source dans l'incapacité de son auteur à trouver un équilibre entre ses obligations et ses penchants sexuels, équilibre pourtant si nécessaire à son bonheur. La preuve par A+B que toute la science du monde ne peut expliquer le fonctionnement de l'esprit, pas plus que le pousser dans une direction donnée. Un roman triste donc, qui laisse un goût d'amertume. Une envie furieuse de prendre l'écrivain par les épaules et de le secouer, de lui dire qu'il n'est pas l'être monstrueux qu'il s'invente, mais juste un homme déchiré entre ce qu'il est et ce qu'il veut paraître. Alphonse Karr disait que « chaque homme a trois caractères : celui qu'il a, celui qu'il montre et celui qu'il croît avoir ». Aucune autre phrase ne serait mieux résumer ce livre.

Toutefois si ce roman est intéressant pour les adeptes de l'auteur, je ne le conseillerai pas en première lecture. Étant essentiellement une confession, comme le titre l'indique, il n'y a vraiment ni début, ni fin. À vrai dire, si j'avais dû choisir un titre à ce roman, je l'aurais intitulé : Réflexions sur un masque, car l'exercice y est plus proche de l'essai que de l'autobiographie. En effet, Yukio y développe plus ses réactions et ses propres réflexions que les faits eux-mêmes.
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Tel l'oiseau migrateur qui d'instinct se laisse porter vers des paysages familiers, j'ai retrouvé avec enthousiasme l'univers de Yukio Mishima.

« Confession d'un masque » est un roman intimiste écrit par l'écrivain japonais à seulement 24 ans et s'apparente à une autobiographie de la première moitié de sa vie. Certes j'aurais gagné en cohérence à le lire avant bon nombre de romans qui lui sont postérieurs, mais peut-être alors ne l'aurais-je pas autant apprécié !

Le narrateur, Kochan, est issu d'une famille tokyoïte relativement aisée au sein de laquelle émerge la personnalité étouffante de sa grand-mère paternelle.
De constitution frêle, le jeune Kochan aime se déguiser et les accoutrements féminins ont souvent sa préférence. Il adore regarder les livres d'images et n'aime rien tant que d'admirer les chevaliers intrépides, l'épée levée dans des combats sanglants.
L'année de ses douze ans une image du martyr romain Saint Sébastien, le célèbre tableau de Guido Reni, déclenche son premier émoi incontrôlé et deux ans plus tard il est fasciné par un camarade de classe de constitution athlétique un peu plus âgé que lui.
Alors qu'il souffre d'anémie, il croit son insuffisance sanguine liée à son péché quotidien d'onanisme et va jusqu'à imaginer un rapport inverse entre son « manque de sang » et ses songeries sanguinaires…

Perturbé par la découverte de son homosexualité et gagné par un sentiment de culpabilité, le refoulement de son véritable moi s'impose au jeune homme comme seule échappatoire.
En recherche d'une prétendue normalité, s'imposant l'obligation morale d'aimer une jeune fille, Kochan surnage tant bien que mal dans ses contradictions et ses faux-fuyants.
La personnalité du narrateur, âgé de 20 ans en ce printemps 1945, est à peine moins tourmentée que le ciel de Tokyo où s'intensifient les raids destructeurs des bombardiers américains.

« Confession d'un masque » est un roman rédigé avec intelligence, un formidable plaidoyer pour le droit à la différence. Avec sincérité, sans tabou, Mishima dévoile les pulsions inverties qui taraudent le narrateur depuis son enfance et, par là même, offre un témoignage parfois cru, terriblement réaliste.
La maestria avec laquelle le jeune écrivain s'empare d'un thème aussi sensible fait de ce roman une oeuvre magistrale, incontournable.

C'est le dixième livre de Mishima que je découvre cette année ; pardonnez-moi je vous prie, de souligner une fois de plus la beauté singulière du style de cet écrivain !
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Quel beauté que ce texte! Une véritable plume classique qui m'a rappelé celle de Stefan Zweig.

La valeur du livre repose sur ce fameux masque: la dissimulation, vouloir se cacher. le petit garçon sent bien qu'il est attiré par la beauté masculine. Il se place en esthète, regarde les couvertures de ses albums préférés et imagine des aventures souvent tragiques. Car la mort et la beauté sont pour lui indissociables. Il souhaiterait être un héros tragique. Je me souviens notamment d'une scène où lors de ses lectures un héros combat un dragon et s'en sort. L'enfant est déçu. Il s'imagine alors des scènes tragiques pouvant le contenter.
Bien-qu'il puisse admettre la beauté d'une femme, la véritable passion, les premiers émois , ses pulsions de vie c'est envers les petits garçons de son âge qui les ressent. Notamment un jeune garçon qui est à l'opposé de ce qu'il est: fort, lui est chétif et malade, impertinent et téméraire lui a reçu une éducation stricte et imprégné par le traditionalisme japonais.

Le personnage se pose beaucoup de réflexions et sent bien que ses désirs sont en contraction avec la tradition avec la norme. Il tente de théoriser les épisodes de sa vie. Ce n'est en l'occurrence pas de l'amour qu'il ressent pour son ami de pensionnat mais de la jalousie.

Il va cependant croire tomber en amour de la soeur d'un ami. Véritable passion ou soucis des conventions et création de sentiments factices?

Il tente de persuader pourtant.

Tiré de la propre vie de Mishima, un récit émouvant, poignant et encore actuel. Comment refuser inconsciemment une part de soi par soucis de la norme dictée par la masse.
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Yukio Mishima est un personnage énigmatique et son roman aux échos autobiographiques, Confession d'un masque, ne fait que le confirmer. Enfant chétif, élevé par une grand-mère sujette à la folie, il ne peut jouer avec les garçons de son âge. le narrateur nous dévoile ensuite sa fascination pour le sang mais surtout son attirance pour les hommes. Lycéen, il se lie d'amitié avec un autre garçon, Kusano, et rencontre alors sa soeur, Sonoko. le Japon entre en guerre et Kusano est mobilisé tandis que le narrateur, prétextant des ennuis de santé, n'est pas enrôlé. Il fréquente alors Sonoko, mais confronté à ses penchants homosexuels, il préfère arrêter de la voir.

L'auteur s'analyse, se découvre et se met à nu. Il apprend à cacher sa sexualité, autant dire qu'il n'est pas simple d'avoir de tels penchants dans le Japon de l'époque. Difficile de l'expliquer à qui ne l'a pas lu mais le livre fascine autant que le personnage.
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Yukio Mishima arrive à vous connecter sur des émotions longtemps enfuies en vous
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L'homme (comme la femme) ne choisit pas l'objet de ses désirs, il ne choisit pas sa sexualité. Yukio Mishima ne confesse pas une faute, il avoue que malgré tous ses efforts, sa vraie nature est la plus forte. Que porter un masque d'apparence n'apporte que souffrance et déception. Avec Mishima on est derrière le masque et derrière ce masque il y a l'Humain. Il fallait son génie pour analyser et mettre en mots, aussi justement, le tourment de ce jeune homme. Un livre intériorisé qui m'a vraiment touché, et par son contenu, et par la superbe prose poétique de son auteur. Une oeuvre magistrale.
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Confession d'un masque est l'un des plus forts roman de Mishima sur un thème délicat, celui de l'homosexualité refoulée. C'est une introspection brillante et douloureuse de l'auteur, qui nous fait vivre un grand moment de lecture qui ne laisse pas indemne le lecteur.

Au travers de ce premier roman autobiographique mais romancé, Kimitake Hiraoka, plus connu sous son pseudonyme Mishima, nous fait le récit de son enfance maladive sous l'emprise d'une grand mère possessive qui le force à rester auprès d'elle, le privant de sa mère. L'auteur se dévoile, enfant chétif, solitaire et rêveur ; puis nous raconte ses années de collège et d'étude . Mais, par dessus tout, Mishima nous fait le récit de son combat intérieur et extérieur contre son homosexualité, découverte avec les premiers émois de la puberté et que l'écrivain va s'attacher à masquer aux autres et à lui même, en s'interdisant ses désirs masculins et ses mauvaises habitudes, en acceptant une romance vouée à l'échec avec Sonoko, possible fiancée.

Cette confession d'un masque est fascinante et édifiante, car elle raconte la manière dont un individu est amené, par le poids de la société, à cacher une partie de ce qu'il est, par le mensonge et sa conviction personnelle que cette différence est une faute qu'il faut combattre. Toutefois, le personnage paie au prix fort les implications du mensonge c'est un combat contre sa nature profonde qu'il mène, combat exténuant qui est de toute manière perdu d'avance, puisqu'il amène la personne à se construire un univers artificiel, prêt à s'effondrer sous le retour de la réalité, ramenant de manière cruelle et définitive la personne à sa propre nature qu'elle s'est efforcée de combatte. Mishima, par le récit de son expérience personnelle, livre un message clair : un homme ne peut pas changer sa nature, au mieux peut il la masquer, ce qui ne saurait être qu'une solution provisoire.

Ce livre est aussi bouleversant, puisqu'il raconte la difficulté qu'a eu Mishima à assumer son homosexualité, ainsi que la souffrance subie du fait de cette homosexualité. On ne peut être qu'attristé de voir les mensonges qu'un enfant et qu'un jeune homme peuvent s'imposer. de plus, cette construction d'une identité parallèle parait compromise et s'écroule cruellement et lamentablement quand, dans la scène finale, l'auteur confronte son désir réel, les hommes virils, à celui qu'il s'était artificiellement créé pour la jeune Sonoko. La confrontation l'amène à voir avec lucidité que son homosexualité l'emportera toujours. Ce livre est donc hautement émouvant.

De plus, l'écriture de Mishima, raffinée et élégante, apporte une puissance émotive et tragique au récit, qui se lit toutefois avec fluidité, l'auteur restant dans une écriture volontairement franche et claire. On est impressionné par la maitrise stylistique de l'auteur pour son premier roman, et de l'audace de publier un roman largement autobiographique sur son homosexualité dans le Japon de l'après guerre, où il fit scandale, la pédérastie étant un sujet tabou. le gout de la transgression de Mishima semble déjà s'affirmer.
Le titre est génialement choisi : Mishima, qui a toujours occulté son homosexualité, la révèle ici dans un roman, faisant les Confession d'un masque. Homosexualité que l'auteur n'assumera d'ailleurs jamais complétement, puisque qu'il se mariera et aura des enfants ( comme de nombreux homosexuels de cette époque...).

Le dernier aspect intéressant de Confession d'un masque est qu'il préfigure les thèmes majeurs que l'écrivain abordera par la suite dans son oeuvre : le tiraillement entre un Japon traditionnel et l'occident, le gout pour les sujets audacieux, l'écriture du désir, l'attirance morbide, l'appétence pour le théâtre...
Ce livre nous donne en outre de précieux renseignements sur la jeunesse de Mishima, et nous donne quelques clés de compréhension pour la lecture de sa trajectoire personnelle et artistique.

Un livre magnifique et douloureux sur un thème délicat, traité avec distinction, honnêteté et douleur par Yukio mishima.
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Roman autobiographique, "Confession d'un masque" nous fait découvrir la vie de Mishima depuis sa naissance jusqu'à son entrée dans la vie active. Plus qu'un récit événementiel, Mishima livre ici une vaste introspection. Il concentre plus particulièrement son attention sur ses tendances homosexuelles et sa lutte incessante pour revenir à une "normalité", plutôt que de persévérer dans sa "nature honteuse".
Dans ce roman apparaissent toutes les obsessions qu'on retrouve dans le reste de son oeuvre: sa fascination morbide pour la Mort grandiose, son penchant pour le corps masculin viril, ses pulsions perverses.

Le masque qu'il s'astreint à porter pour conserver un aspect "normal" lui sert également à s'illusionner. Tout au long des pages, il est tourmenté par la recherche du moyen qui lui permettra de revenir à la normalité. Ce, sur le plan sexuel mais également moral et mental. Introverti, il sait jouer un rôle dans cette vie plutôt que la vivre réellement.

Grande absente de cette autobiographie, l'écriture. A aucun moment Mishima n'évoque ses aspirations littéraires, alors qu'à 24 ans, il écrivait déjà depuis de nombreuses années et avait déjà publié des nouvelles.

Bien que de lecture assez ardue, ce roman force l'admiration quand on sait que Mishima n'avait que 24 ans à sa publication en 1949. Son écriture et la finesse psychologique de cette introspection démontre une profonde maturité. le récit prend également des allures prophétiques quand il annonce que pour lui, le but de sa vie est sa mort.
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Il me paraît assez difficile de parler de ce roman - sûrement - en grande partie autobiographique.
On suit le personnage durant son enfance et son adolescence : fragile, souvent solitaire, peu soutenu et aimé par sa famille. Il souhaite à tout prix cacher son identité et son homosexualité bridant ses désirs et sa sensibilité pour correspondre aux normes.
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Le masque se confesse, mais ne tombe pas. Pas encore. Dans une société nippone sanglée par ses codes, ses règles, un jeune homme doit affronter sa vérité. Il n'est pas et ne sera pas ce que cette société exige de lui. Il tente et combat mais découvre qu'il ne pourra pas survivre au mensonge. Il aime le corps des hommes et rien ni personne ne pourra changer ce fait. C'est à une auto confession que se livre le héros de ce roman. Il doit accepter de se reconnaître avant même d'imaginer pouvoir vivre tel qu'il aime.


Astrid SHRIQUI GARAIN
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