Mishima nous invite dans son intériorité la plus profonde et on descend avec lui dans les abysses de ses fantasmes, depuis l'enfance jusqu'à l'âge adulte. Mais
Confessions d'un masque ne peut pas être réduit au journal intime d'un homosexuel dans une société qui ne l'accepte pas: le style est travaillé minutieusement et accompagne des réflexions universelles sur l'amour et l'amour propre, la pulsion, la vie, la mort et la tension qui les unit.
Le miroir de la société japonaise vient croiser ses confessions: son homosexualité refoulée le poussera à s'interroger sur la norme au point de tout faire pour aimer une femme, qui est selon lui l'incarnation de “l'amour pour la normalité”. le temps du roman s'étale de 1925 à la fin de la Seconde Guerre mondiale qui est vécue par le narrateur/auteur et qui donne lieu aux passages les plus poétiques du livre.
Certains moments sont crus, d'autres imagés et souvent, les deux en même temps. Ses fantasmes l'accablent, le tabou est trop lourd: Mishima porte le masque du refoulement pour que son homosexualité ne soit jamais révélée, pour que ses désirs ne soient jamais percés au grand jour
Ce livre, publié en 1949 quand Mishima n'a que 24 ans, ne cache pas ses influences occidentales: ses inspirations sont mentionnées explicitement (Zweig,
Stendhal et
Sade notamment) et on ne lira pas son premier ouvrage pour y trouver le Japon qui fascine.