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A la fin du tome 3, je reste mitigée entre la fascination pour le grand écrivain, capable de fouiller, ciseler, décortiquer les plus fines nuances et plus sombres méandres de l'âme humaine, les beautés d'une floraison, les raffinements d'une lumière, d'un jardin ou d'un paysage, les lumineux emballements de la passion, l'implacable fatalité… tout en narrant le Japon ancestral, héroïque ou quotidien, puis battu en brèche, puis américanisé et modernisé, tout en gardant entremêlées les diverses strates de ses états antérieurs. Ça c'est pour l'ampleur, l'espace, la richesse et la maîtrise du roman, qui laissent béat d'admiration. Mais il y a le revers, par moment, je me plains d'un écrivain prolifique, qui (se regarde) écrire les complexités de la pensée et de l'action des jeunes anarchistes de droite, (cf Chevaux échappés, tome 2) nostalgiques du culte de l'empereur et des dieux (c'est pareil) : le complot d'Isao Iinuma raconté par le menu est quand même indigeste, même s'il met en scène l'étrange personnage d'isao, dont Honda se persuade qu'il est la réincarnation de Kiyoaki, l'amoureux de Neige de printemps, un Isao forcené de pureté et de fidélité à ses idéaux. Un sorte de diamant inaccessible à rien d'humain, farouchement corseté dans ses valeurs et fidèle à lui-même. J'avais quand même hâte qu'il parvienne à conclure. le dernier tiers (arrestation, prison, procès et final) reprend de la vigueur et de la grandeur.
De même la première partie du tome 3 (Le Temple de l'aube) laisse complètement désemparé devant ce foisonnement de concepts, quand Honda accomplit son voyage en Inde, avant l'entrée en guerre du Japon. Même si les descriptions de Bénarès sont magistrales, saisissantes et dantesques, il reste toutes les spéculations sur les avatars de la pensée hindouiste et bouddhiste pour cerner la vérité de la réincarnation. Pour un esprit occidental moyen, c'est totalement abscons, et je me suis contentée de survoler cet océan d'érudition, me disant au passage que j'étais là pour lire un roman, et pas une compile philosophico-religieuse. Bref. La deuxième partie change du tout au tout, on retrouve Honda et son esprit analytique curieusement entaché de croyances irrationnelles, embarqué dans une quête étrange fixée sur la personne de Ying Chan, la princesse Thai, 2ème réincarnation de Kiyoaki. On est dans le Japon d'après-guerre, une ère d'enrichissement, de modernité (et de vulgarité ?). le personnage de Honda, avocat riche et arrivé, révèle sous ses dehors de grand bourgeois prospère une nature calculatrice et perverse. Il est dénué d'illusion sur lui même comme sur le genre humain, empreint de l'aridité de la lucidité et du pessimisme et toujours en quête de l'inaccessible réalité de la mort et de la réincarnation. On a envie de deviner Mishima à l'arrière-plan.
Je commence L'Ange en décomposition. Séquence inaugurale : l'observation de la mer, du soleil et l'étrange personnage de Toru Yasunaga, 16 ans, celui qui guette, « l'oeil qui n'a rien à faire que de chercher à voir »… « tout à fait convaincu qu'il n'appartenait pas à ce monde ». On devine le 3ème sujet de réincarnation.
Honda a 76 ans -20 ans plus tard, donc - et se plaît à la compagnie de sa vieille complice, la brillante Keiko : ils sont « devenus de parfaits compagnons de vieillesse »… J'attends avec curiosité et impatience les circonvolutions que va prendre l'affaire.
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Cette fois-ci le personnage principal des deux premiers romans semble se réincarner dans une princesse Thaï, dans deux époque différentes. Tout d'abord, la princesse est une enfant, pendant la Seconde Guerre Mondiale, et semble faire des références assez précises au passé de Kiyoaki-Isao lors d'un voyage de Honda en Thaïlande, auprès de la famille royale. Ce passage est agrémenté d'une réflexion très théorique sur le bouddhisme. Puis la princesse grandit et voyage au Japon. Elle semble avoir oublié ses prémonitions d'antan, et Honda, devenu vieux, tente de s'en approcher, non sans un certain désir et une certaine perversion, notamment afin de vérifier si elle est pourvue des trois grains de beauté sous la poitrine, à l'instar de ses deux prédécesseurs, Kiyoaki et Isao. La fin contient un grand retournement de situation. Je ne vous surprendrai pas en vous apprenant qu'elle est tragique.
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« le temple de l'aube » est un pur chef d'oeuvre balayant instantanément toutes les réticences que j'ai pu exprimer pour les deux premiers tomes de « La mer de la fertilité ».

Très différents des deux premiers volumes, notamment du second nationaliste et morbide, « le temple de l'aube » élève incroyablement les débats pour développer une réflexion philosophique ultra poussée sur les théories hindouiste liée à la réincarnation.

Cette partie riche et métaphysique est néanmoins la plus ardue à décrypter mais bénéficie des descriptions hallucinantes du voyage de Honda en Inde et de l'éveil spirituel qui en découle.

Mais « le temple de l'aube » n'est pas qu'un livre introspectif sur le bouddhisme hindou, il contient plusieurs niveaux de lectures, notamment la poursuite obsessionnelle d'un homme vieillissant découvrant une passion dévorante pour une jeune adolescente de noble nature, et par essence inaccessible.

Face à ce mur naturel et social, le vieil homme va développer un monde intérieur de fantasmes et de pulsions voyeuristes qui contribuera du fait de sa quête sans fin à le tenir en éveil.

Fantastique sur le fond, « le temple de l'aube » l'est également dans la forme, avec la beauté colorée et misérable de l'Inde ou à un niveau moindre de la Thaïlande mais également par son incroyable teneur érotique.

Bien que homosexuel, Mishima décrit à la perfection les fantasmes pulsionnels d'un homme autour d'une jeune femme à la peau bistrée et au corps parfait.

Difficile, riche, complexe et divin sur le plan du style, « le temple de l'aube » est un monument de la littérature et sans doute l'un des meilleurs livres de Mishima.

Il sera sans doute difficile de faire mieux voir aussi bien...
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Ce roman est le troisième de la tétralogie nommée « Mer de la fertilité », écrite par Mishima peu avant sa mort volontaire par seppuku. Il est en continuité avec les deux romans précédents. le héros central est cette fois Shigekuni Honda.
Honda fut le grand ami de Kiyoaki Matsugae dans le premier tome, « Neige de printemps ». Ce dernier, mort à 20 ans d'une infection, après avoir vécu un amour passionnel mais contrarié avec une jeune fille promise à un prince, avait promis de revoir un jour Honda avant de mourir. Dans le deuxième tome qui commence en 1932, Honda est juge à la Cour d'appel d'Osaka. Venu voir un jeune champion de kendo, Isao, il remarque sur le torse de celui-ci les mêmes marques qu'avait Kiyoaki. il est sûr qu'il y a là un phénomène de réincarnation. Isao est un idéaliste, partisan d'un Japon traditionnel, impérial, fermé à la modernité et condamnant le capitalisme corrupteur. Il fomentera des actions violentes et échouera. Honda troquera sa toge de juge pour une robe d'avocat pour le défendre. Tel un samouraï, son modèle, Isao ira au bout de sa pureté et se suicidera par seppuku.
Dans ce troisième opus, Honda se trouve à Bangkok, capitale du royaume de Siam, future Thaïlande, à défendre les intérêts d'une société nippone. On est en 1941, le Japon est en guerre et connaîtra la défaite et l'occupation américaine à l'issue du conflit mondial. Bangkok, c'est les tropiques, chaleur, humidité, forêts, nonchalance... également de très beaux temples. Il part pour un voyage initiatique en Inde dont il reviendra ébranlé, notamment après avoir vu Bénarès, le Gange, les pèlerins, les bûchers. de retour à Bangkok, il rencontre Ying Chan, princesse de sept ans, qu'on dit folle, et qui est la fille d'un prince siamois qu'Honda et Kiyoaki avaient connu au Japon où il était étudiant. Ying Chan dit dans une crise être la réincarnation d'un Japonais.
S'ensuivent des pages et des pages sur l'hindouisme, le bouddhisme, le samsâra et la réincarnation, le karma et la conscience alaya. Il faut s'accrocher : complexité des concepts ? problèmes de traduction ?
En 1952, Honda est un vieil homme de cinquante sept ans ! Ying Chan est devenue une jeune et séduisante étudiante depuis peu installée à Tokyo. Devenu riche, Honda abandonne son cabinet d'avocat et fait construire une villa avec piscine pour voir Ying Chan nue et vérifier qu'elle a ou non la marque de Kiyoaki et d'Isao. Fantasque, instable, elle semble se moquer de ce pauvre Honda, devenu un amoureux transi, qui finira tout de même, voyeur honteux, par apercevoir les marques cutanées identiques à celles de Kiyoaki et Isao. Tout comme eux, la princesse Ying Chan mourra à vingt ans, mordue par un cobra.
Après les thèmes de la sensualité, de l'amour, puis de la pureté originelle du Japon et de la révolte dans ses précédents romans, Mishima s'attaque à celui de la religion qui semble gagner son combat contre la rationalité de son héros vieillissant, chez qui s'installe par ailleurs une sorte de désordre mental. Au passage, il fétichise le Mont Fuji et dresse une galerie de portraits qu'il traite en observateur peu délicat, poursuivant sa peinture critique d'un Japon qu'il voit évoluer au fil des années vers une nation occidentalisée et s'éloignant de ses valeurs, ce qu'il semble condamner douloureusement.
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A peine une petite centaine de lecteurs enregistrés pour un tel chef d'oeuvre ? Je vais débuter la nouvelle décennie avec le Tome 3 ! Une merveilleuse année à toutes et à tous riche en lecture!
Phil
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Ce troisième volet le temple de l'aube (de la saga La mer de la fertilité) de l'écrivain japonais Yukio Mishima est hyper long, trop centré sur de la politique... Personnellement, je l'ai trouvé ennuyeux et j'ai eu beaucoup de mal à arriver simplement au quinzième chapitre.
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