Citations sur Suite inoubliable (64)
"_Il paraît que Casals à dit, dans un discours qu'il a prononcé à l'ONU à l'occasion de la remise de la médaille de la Paix, que les oiseaux en Catalogne chantaient "Peace, peace, peace...". Nous entendons en effet dans ce chant à la fois merveilleux et si profondément triste, sa douleur devant le spectacle des atrocités de la guerre et la force de sa prière pour la paix qui monte vers le ciel à l'image de l'envolée des oiseaux catalans. C'est magnifique., tout simplement. J'aimerais tant que ce chant résonne sur tous les chants de bataille, dans la tête des présidents qui commandent les armées, dans la conscience des soldats qui se livrent à des tueries aussi bien que dans le cœur de ceux qui tirent profit de l'industrie du commerce des armes...Ce chant, je voudrais le croire, c'est peut-être parce que je suis musicien, possède une puissance susceptible d'attirer l'attention de ceux qui sont capable de rentre en eux-mêmes dans le calme de leurs passions..."
Une musique profonde, tout intérieure, émergea du silence de la salle. Les auditeurs retenaient leur souffle. D’emblée, après un déploiement de sons graves, la musique de Bach créait un monde intérieur, sincère, authentique, celui d’un homme qui réfléchit, qui aspire à l’être universel en dialoguant avec lui-même. Elle avançait à un rythme singulièrement lent, imperceptiblement mouvant, parfois volontairement changeant, comme la voix grave d’un moine prononçant une longue et intense prière sans paroles, secouée de temps à autre par une émotion forte montant des profondeurs de son cœur.
" Mais il est impossible, pensait Jacques, de revoir toutes les images d'Hélène, de tous les instants de ma vie avec elle pendant plus de soixante ans. ça reviendrait à revivre toute une vie. Non, la vie n'est pas une revie.... Au contraire, c'est perdu à jamais... "
J'ai souvent pensé qu'en écoutant la musique de Bach, de Mozart, de Beethoven, nous pourrions nous encourager réciproquement. C'est risqué, bien sûr, dans cette sombre période, mais le désir de résister ensemble à la torture infligée à l'esprit est plus fort que la peur.
"_Naoko, je compte sur toi pour Aki. Je reviendra le plus vite possible dès qu'on m'aura relâché ...Tu sais bien que je n'ai rien fait de mal ni de honteux...Je suis en paix avec moi-même...Personne n'a le droit de te dicter ce qu'il faut penser, ce qu'il faut croire. Personne n'a le droit de violer l'enceinte sacrée de ta conscience. Ce qui me guide, c'est la voix de la justice universelle de l'humanité bien au-dessus des ténèbres passagères de ce pays..."
Écrire est un acte d'espoir tout autant que de résistance.
"Honda ajouta, de son côté, qu'ils souhaitaient que les interprètes et les auditeurs se trouvent unis par un doux lien d'amitié fraternelle...
_C'est une chose si rare à notre époque, fit Ono.
_Nous sommes tous égaux, n'est-ce pas, devant la musique que vous allez jouer, ajouta Honda d'une petite voix accompagnée d'un sourire épanoui.
A l'écoute des mots prononcés par les deux maîtres d'oeuvre du concert clandestin, de ces mots si différents qu'on entendait partout chaque jour ailleurs , les trois jeunes chambristes étaient ébahis."
"Dans un monde où la raison s'égarait au profit du déferlement du fanatisme, où les libertés fondamentales, la liberté de pensée, la liberté d'expression et la liberté de conscience, étaient bafouées, l'âme souffrait, criait et, finalement, se brisait."
"_Tu ne verras pas ton grand frère pendant un certain temps, dit le père d'une voix sombre et résignée, comme s'il essayait de se persuader qu'il lui fallait supporter en silence son triste sort. Il va devenir soldat dans trois jours et il sera loin de la maison, même très loin de la maison...
_Mais il reviendra, quand la guerre sera finie...N'est-ce pas ?
La mère tourna le visage
pour ne pas montrer à sa fille les larmes qu'elle ne pouvait retenir.
_Oui, cette guerre finira tôt ou tard, plus tôt qu'on ne le croit...Le pays est à bout. Ca ne peut plus durer. C'est ce que papa pense...Alors Ken reviendra aussitôt que la guerre sera terminée.
_Et à l'école, on ne te rabattra plus les oreilles avec des fadaises sur le Pays divin, murmura le père."
Le Divertimento de Mozart fut sublime. Tatsuya Ono fut touché jusqu’au plus profond de son être. Il se dit que le trio à cordes était une vraie conversation amicale, une discussion intellectuelle et courtoise à l’image des échanges d’idées qui se pratiquaient entre les personnes raisonnables dans les salons du siècle des Lumières européennes.
— Quand j’écoute une merveille pareille, je crois apercevoir une lueur d’espoir.