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En 1945, au Japon, un graffiti en latin rapproche deux dissidents. L'un est musicien, l'autre étudiant, tous deux succombent avec l'empire nippon. L'un a confié un violoncelle à sa tendre amie, l'autre a laissé sa bibliothèque à ses proches. Soixante dix ans plus tard, la providence permet aux deux familles de se connaitre et de communier dans le souvenir des disparus.

De cette romance, où se retrouvent quelques protagonistes et des lieux d'Âme brisée, Akira Mizubayashi, dégage une série d'enseignements en montrant comment l'accès à une langue étrangère permet de se libérer de l'endoctrinement d'un régime dictatorial, comment la culture classique (les « humanités » aujourd'hui jugées démodées) est la base de la liberté de pensée, d'expression et de conscience.

L'auteur, un japonais qui écrit et publie en français, rappelle l'importance d'une bibliothèque familiale : « Le but de mes parents consistait, à n'en pas douter, à proposer des lectures éclairantes et émancipatrices qui allaient dans le sens opposé à celui du chemin des sujets bruyamment prôné par les autorités militaires et impériales. C'était là mon école. C'était là mon monde séparé de celui qui m'encerclait. En transportant partout cette école avec moi, en moi, en poursuivant la voie qui était celle de mes parents, j'ai fini par me trouver vers l'âge de vingt ans dans l'immense forêt des livres en français. Et c'est là que j'ai bâti ma demeure. C'est là que j'ai construit ma forteresse. »

La prière de Bach « In terra pax hominibus bonae voluntatis. Dona nobis pacem » ou la musique de Pablo Casals, sont un hymne à la paix ; la dictature, l'oppression, l'impérialisme brisent la paix et l'âme. La musique, la lecture, la culture sont l'ultime rempart d'une civilisation contre la folie humaine.

« Suite inoubliable » conclut la trilogie entamée avec « Ame brisée » et prône l'esprit critique, la curiosité intellectuelle et la liberté de penser qui sont l'apanage de tout Babeliote !

Pour mémoire, ma lecture d'Ame brisée
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Après le violon dans Ame brisée et l'alto dans Reine de coeur, Akira Mizubayashi complète sa trilogie musicale – son trio à cordes littéraire ? - avec le violoncelle. Cette troisième partition romanesque, jouant elle aussi l'alternance entre les années quarante et nos jours, est une nouvelle variation sur le thème de la résistance et de la transmission, à travers la musique, des valeurs humanistes mises à mal par la guerre.


Violoniste prodige formé à Paris dans les années 1930, le jeune Ken Mizutani, revenu à Tokyo, reçoit en 1945 « le fatidique petit papier rouge d'incorporation ». Forcé de rejoindre les rangs d'une armée impériale que « le démon de la guerre et du despotisme, bafou[ant] les consciences », emmène de manière suicidaire vers une déroute inexorable, le jeune homme doit se résoudre à quitter les siens et son violoncelle. Quelque soixante-dix ans plus tard, Pamina, la luthière à qui l'illustre violoncelliste Guillaume Walter a confié pour révision son Goffriller de 1712 à la si particulière teinte « rouge cerise sombre », découvre en détablant l'instrument, cachée dans un tasseau, une lettre datée de 1945 et signée d'un certain Ken Mizutani...


Découpée en six danses comme chacune des six suites pour violoncelle de Bach, qui, avec le concerto d'Elgar et le chant des oiseaux – devenu un symbole de paix et de liberté depuis son arrangement pour violoncelle par le catalan Pablo Casals engagé contre le franquisme –, forment la bande originale du roman, la narration est une nouvelle fois une ode vibrante à la musique, en même temps qu'un chant d'amour à la langue française. Comme l'auteur, à ce point épris du français que c'est en cette langue qu'il choisit d'écrire ses romans, le personnage Ken Mizutani sent « en lui la musique parler français depuis qu'il l'a vécue en France ». Alors que son pays, « gangrené par une dictature exacerbée fondée sur le culte fanatique de l'empereur », sombre dans une « folie cauchemardesque », cette musique et cette langue, qu'il associe à l'époque des Lumières en Europe, représentent pour lui « une lueur d'espoir », la voix de l'humanité qui survivra aux ténèbres passagères de l'Histoire.


Est-ce la répétition du schéma narratif d'un livre à l'autre de la trilogie ? le charme de la jolie parabole qui, dans l'opus initial, prenait pour la première fois tout son sens, perd de sa puissance dans cette ultime variation qui, faute d'ajouter au propos, parvient aussi beaucoup moins bien à occulter la récurrence des stéréotypes et la tendance à l'idéalisation de la narration. Reste une lecture agréable, non dénuée de beauté, emplie d'un plaisir mélomane et tout entière vouée au culte de la musique et des hommes qui la composent, l'interprètent et en fabriquent les instruments d'exception.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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* Ahhhh Bach et le violoncelle *

Tout d'abord, j'aimerais en lisant cette critique que vous écoutiez ceci : https://www.youtube.com/watch?v=XqPGnyWk9zc
Ce sont les Suites pour violoncelle de Bach, celles dont on parle dans ce bouquin.

Suite inoubliable, c'est une histoire d'amour multidimensionnelle.
Celle d'un violoncelliste et de sa luthière, amour qui survivra par-delà la mort grâce à un violoncelle exceptionnel.
L'amour d'un père pour son fils, qui survivra au travers d'une inscription de paix.
L'amour d'une jeune luthière digne successeur sa grand-mère et qui découvrira l'histoire de sa famille au travers l'"Amor" et la "Pax animae".
C'est l'amour de la musique qui transparait à chaque page.

Cette musique nous transporte à travers les âges, époque contemporaine, seconde guerre mondiale et l'appel sous le drapeau des jeunes japonais.

Un très joli roman d'amour qui m'a transportée... comme la musique de Bach.
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Le musicien et son ombre

Ils sont unis par un lien indéfectible, indestructible. Ken Mizutani et son violoncelle ne forment qu'un. Mobilisé par l'armée impériale d'un pays en plein conflit mondial, le jeune virtuose doit pourtant se séparer de son Goffriller, une pièce rare du 18ème siècle qu'il confie à Hortense Schmidt, une luthière talentueuse, après une dernière interprétation pour le moins émouvante..
Bien des années plus tard, Pamina, la petite fille d'Hortense, se voit confier le précieux violoncelle afin de le réparer.
En le démontant, elle découvre une lettre d'amour qui la mènera sur les traces de destins que la guerre a fait voler en éclats..

Une partition fine et délicate dans laquelle passé et présent s'entrelacent dans l'écho de notes intemporelles.
Les émotions et les sentiments traversent le temps et résistent à l'Absence , sublimés par la musique qui unit, qui console.
La musique qui transcende , plus forte que la folie meurtrière des hommes.
Ce roman, qui flatte la sensibilité des mélomanes, souffre aussi de la présence de boucles redondantes qui peuvent parfois mettre à mal la patience de certains lecteurs.
La lecture n'en reste pas moins plaisante et chargée en émotions.






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Ayant fait l'acquisition de cet ouvrage l'année dernière pour la bibliothèque dans laquelle je travaille, je m'étais promis, je ne sais pas pourquoi (peut-être est-ce parce que j'adore la littérature japonaise que je le lirai un jour et maintenant que c'est chose faire, je suis à la fois ravie - que dis-je, enchantée et bouleversée par cette lecture mais aussi déçue de l'avoir déjà terminée.

L'histoire s'étale sur plusieurs époques, dans différents endroits de la planète (de la France au Japon plus exactement mais avec un point crucial : celui de la musique qui apaise l'horreur de notre inhumanité durant la période du III Reich, mais aussi celle de toutes les guerres passées, en cours et malheureusement à venir. Ici, c'est l'oeuvre de Jean-Sébastien Bach qui bouleverse les uns et les autres mais grâce à un instrument particulier : le violoncelle. Pas n'importe quelle violoncelle vous vous en doutez bien, celui réalisé en premier lieu par Matteo Goffriller en 1712 puis plus tard reproduit à l'identique par Hortense Schmidt. Vous devez bien penser que les oeuvres composée par Bach n'ont ps non plus été interprétées par des violoncellistes quelconques mais par des musiciens exceptionnels qui entretenaient tous deux des relation très particulière, fusionnelles mêmes avec leurs luthières respectives. D'un côté, il y a Hortense donc qui, en ce début de Seconde guerre mondiale, entretint une relation avec Ken Mizutani, un jeune japonnais âgé de 25 ans qui fut appelé sous les drapeaux en ce début de conflit mondial et qui, malheureusement, y laissa la vie et de l'autre, plus joyeux cette fois ci Pamina, une jeune luthière qui n'a de cesse d'apprendre (son père tenait lui-même un magasin de musique) sous la tutelle de Jacques et qui se lia avec Guillaume Walter, un brillant violoncelliste lui aussi. Soixante-dix ans séparent nos deux histoire et pourtant, entre elle, ce violoncelle n'aurait pas pu les rendre plus proches les uns des autres.

Petite aparté : ayant récemment assisté à un ballet de Tchïikovski "Le Lac des Cygnes" interprété par un orchestre et des danseurs en grande partie de nationalité ukrainienne donc pour la plupart en recherche d'un endroit sûr pour résider, je me dis que je boucle la boucle avec ma petite expérience personnelle tant j'ai moi-même été emporté dans un autre monde en écoutant l'orchestre jouer (dans lequel il y avait bel et bien un violoncelle).

La musique apaise les moeurs, les tensions mais peut-elle rapprocher des individus aussi éloignés les uns des autres, tant sur le plan géographique que dans leur manière de vivre ? Oui, j'en suis convaincue car la musique, elle est universelle et elle nous rapproche, nous émeut et c'est la raison pour laquelle je ne peux que vous recommander cette lecture car en ce qui me concerne, j'ai vraiment eu un gros coup de coeur pour cette dernières
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En démontant un violoncelle très rare pour le réparer, Pamina, une jeune luthière, découvre une lettre qui la mène sur les traces de son passé…
Comme les précédents opus, ce nouveau texte de Akira Mitzubayachi se décline autour de la musique et de la seconde guerre mondiale, entre passé et présent, le Japon et la France. On y retrouve d'ailleurs (avec plaisir) certains personnages d'âme brisée et de reine de coeur.
Étonnamment, bien que je connaisse la chanson (la mélodie de ce 3eme volume est sensiblement la même que celle des 2 précédents romans), je n'ai pas pu résister à la musique et je me suis laissée embarquer 😉
Certainement la douceur japonaise…
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À trente-six ans, Hortense Schmidt est luthière à Tokyo. Elle passe une unique nuit d'amour avec Ken Mizutani, avant que ce dernier rejoigne les troupes japonaises à la toute fin de la Deuxième Guerre mondiale. Cet évènement aura une résonance plus de soixante-dix ans plus tard. le titre Suite inoubliable fait à la fois référence à la suite de cet épisode et aux Suites pour violoncelle seul de Bach jouées par Guillaume Walter.

Vous retrouverez les thèmes chers à Akira Mizubayashi : la guerre, la musique, les coïncidences heureuses. Si vous avez lu d'autres livres de l'auteur (Âme brisée ou Reine de coeur), vous risquez de trouver beaucoup de ressemblances : la surprise de la première lecture n'est plus au rendez-vous. Il reste une intrigue agréable, même si j'ai pensé que la fin, gorgée de bons sentiments, était interminable.

Lien : https://dequoilire.com/suite..
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Les suites pour violoncelle seul de Bach sont un ensemble de six oeuvres qui rythment les différentes parties de ce roman : Prélude, Allemande, Courante, Sarabande , Menuet et Gigue.

Comme dans les précédents romans de l'auteur, nous retrouvons deux temporalités : l'une de 1934 à 1945 entre le Japon et la France, l'autre, principalement en France .

Ken Mizutani est un jeune violoncelliste japonais prodige que ses professeurs envoient en France pour suivre les cours des meilleurs maitres , il rencontrera à cette époque là d'ailleurs Pablo Casals qui lui fait découvrir sa transcription d'un chant catalan : le chant des oiseaux, un petit bijou musical.

La seconde guerre mondiale oblige Ken à rejoindre sa patrie .
Il fait alors connaissance avec une jeune femme française, Hortense Schmidt, luthière qui va bichonner le Goffriller , un violoncelle remarquable de 1712 prêté à Ken.
La mobilisation des jeunes japonais n'épargne personne et Ken reçoit sa feuille d'incorporation et confie son précieux violoncelle à Hortense.

En 2016 , Pamina est une jeune luthière qui travaille chez Jacques Maillard , célèbre luthier que ceux qui ont lu Âme brisée du même auteur connaissent bien.
Le vieux violoncelle, reconnaissable à sa couleur rouge foncée arrive dans l'atelier ...

Pour ceux qui découvrent l'écrivain par cette histoire, elle est émouvante mais , en ce qui me concerne, j'ai déjà lu les deux précédents, Âme brisée et Reine de coeur et la trame et le corps du roman sont plutôt similaires , modérant la fraicheur de la découverte d'histoires croisées traversant les mers et les années.

Reste le plaisir de lire une belle prose, et de découvrir ou de redécouvrir des oeuvres comme les Suites de Bach, le Concerto pour violoncelle d'Elgar et le magnifique Chant des oiseaux de Pablo Casals .
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Je ne savais pas que ce roman faisait partie d'un cycle de trois,aussi ai- je été surprise de retrouver Jacques Maillard dont le coeur avait été brisé en même temps que l'âme du violon de son père, arrêté brutalement sous ses yeux d'enfant impuissant.
Suite inoubliable se cristallise autour de l'histoire d'un violoncelle Goffriller. Ce sont deux époques et deux générations qui se croisent,ainsi que trois familles ,toutes déchirées par l'absurdité et la cruauté de la guerre.
Autour de l'unique nuit d'amour d'hortence et Ken, Akira Mizubayashi va déployer l'éventail des souffrances que la guerre va infliger à chacun ,mais aussi le lien d'amour inaliénable qui lie les différents personnages ,avec la même passion pour la musique. Hortence est luthiere, Ken un jeune violoncelliste prodige. le petit billet rouge reçu par Ken l'emporte vers une guerre sans sens et à l'opposé de ses valeurs,vers une mort certaine.
Ce roman est une valse qui unit l'amour,la musique et les âmes brisées. C'est aussi un récit qui prône l'importance de la lecture,de la culture et de l'amour comme rempart à l'impérialisme et seul moyen de garder sa liberté de penser.
Je n'ai pas pu résister au besoin d'accompagner ma lecture de l'écoute des suites de Bach,mais aussi du Chant des oiseaux de Pablo Casals qui est un pur enchantement! Ce chant incarne l'esprit de ce roman car son origine est un hymne à la paix.
" il paraît que Casals a dit, dans un discours qu'il a prononcé à l'ONU à l'occasion de la remise de la médaille de la Paix,que les oiseaux en Catalogne chantaient " peace,peace,peace..."."
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«Suite inoubliable» fait référence «aux suites pour violoncelle seul» de Jean-Sébastien Bach. «Suite inoubliable» est le «Prélude» de la «première suite» de Bach joué par Ken Mizutani pour Hortense Schmidt, luthière. Elle est la suite inoubliable de leur nuit d'amour. «Suite inoubliable» est la «suite n°1» que Ken, inlassablement joue, répétant, s'enivrant, profitant de son instrument avant son incorporation dans l'armée impériale japonaise dans la guerre qui ravage son île. Là, dans les sons graves et aigues du «sol majeur» et du «ré», il oublie son destin, se réfugiant dans la mélodie de son «Goffriller» de 1712. «Suite inoubliable» sont les «Suites pour violoncelle seul», l'intégrale jouée par Guillaume Walter, violoncelliste lors de son concert à Tokyo en 2017, au succès retentissant.

Après le violon dans «Ame brisée», puis l'alto dans «Reine de coeur», Akira Mizubayashi nous raconte l'histoire du violoncelle dans «Suite inoubliable». D'ailleurs le 1e tome de cette saga musicale s'intègre dans ce dernier opus à travers le personnage de Jacques-Rei Mizusawa, luthier à la renommée internationale, qui en 2016 recrute Pamina. C'est avec joie que nous retrouvons ce personnage qui nous avait tant ému.

Pamina Schmidt est luthière elle aussi, et possède un bagage impressionnant de connaissances et d'expérience dans son art, celui de créer ou de fabriquer, de restaurer ces instruments à cordes.
C'est ce qu'elle fait avec le «Goffriller» de Guillaume Walter dont l'âme se fracture au cours d'une répétition. C'est en procédant au détablage du violoncelle qu'elle découvre, caché dans le tasseau du bas, une missive datant d'avril 1945 et une photo représentant un jeune homme jouant du violoncelle. Chose insolite, Pamina reste persuadée d'avoir, déjà, vu cet instrument. Il ressemble étrangement à celui exposé dans le magasin de musique de son père. Elle reconnait la signature de sa grand-mère et découvre un frère jumeau au «Goffriller», violoncelle à la couleur rouge cerise virant sur le noir, créé en 1712 par Mattéo Goffriller, luthier vénitien. Comme lui, une lettre d'un autre temps y est cachée.

Les fantômes du passé font surface, des ombres tapies attendant d'être reconnues et découvertes. «Suite inoubliable» leur rend hommage. La mort transcende la vie par-delà les années et les affres de la guerre pour ne pas les oublier. Jean d'Ormesson disait «Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c'est la présence des absents dans la mémoire des vivants.»

Il est question d'héritage, de transmission et de mémoire dans ce 3e volet qui se découpe en six chapitres courts, précédés d'un prologue et suivis d'un épilogue sous la forme d'une lettre. Chacune des parties portent le nom d'une danse musicale : un prélude (introduction musicale comme une lueur d'espoir), l'Allemande (pièce musicale binaire à 2 ou 4 temps), une Courante (suite instrumentale classique : révolte intérieure), la Sarabande (danse passionnée, lente et grave à 3 temps provenant d'Espagne ; infinie tristesse), un menuet (forme musicale modérée à 3 temps, gracieuse et noble, musique baroque. Danse facultative de la Suite), enfin la Gigue (ancêtre du violon, dernier élément de base de la Suite baroque : une fougue).

En un roman, Akira Mizubayashi nous invite à suivre les variations d'une Suite, celle de Jean-Sébastien Bach.

Assurément, ce grand écrivain est aussi un grand mélomane. C'est avec émotion et excitation que nous autres, lecteurs, aimons le suivre et écouter ces fantastiques morceaux comme lire sa prose emprunte d'émotions et de poésie, maîtrisant la langue française à la perfection, amoureux de la France. Il nous fait vibrer musicalement par la musique de ses mots, la musique des compositions et des auteurs cités : Mozart, Bach, Casals, Schubert, Brahms, Haydn et Beethoven, sans oublier Edward Elgar.

On en sort ému : ému par la musique (Bach ne m'a pas quittée un seul instant), ému par les différentes histoires entremêlées, ému par la psychologie des personnages et leur destinée, ému par la nostalgique d'une lecture achevée, grandi par les connaissances développées et acquises. (J'ai plein de CD musicaux à m'offrir).

Ce dernier ouvrage de cette saga musicale vibre tout du long comme chez les précédents, du traumatisme de la guerre, celle du Pacifique de la seconde guerre mondiale et des bombes atomiques tombées sur Hiroshima et Nagasaki en août 1945; et celle qui opposa le Japon à la Chine, dans son expansion colonialiste impérialiste sur la Manchourie depuis 1931.

On y lit une souffrance et une colère contre les régimes fascistes et inquisiteurs, le fanatisme et l'aveuglement d'un peuple vouant un culte à un empereur divinisé. Akira Mizubayashi met en garde contre le totalitarisme et incite à la réflexion par le savoir et la connaissance, cristallisé dans le personnage de Ryo Kanda qui offrit sa bibliothèque personnelle à ses clients malades et à tout son village, tout en sacrifiant sa vie dans un acte résistant, résumé en deux phrases latines : «In terra pax hominibus bonae voluntatis. Dona nobis pacem.»

C'est une critique acerbe de tous les conflits engendrés par la folie meurtrière et destructive de l'Homme. Il n'existe qu'une seul échappatoire. Vraiment ?

La musique sera l'une d'elle, dissidente, elle aussi en la personne d'Edward Elgar et son concerto pour violoncelle écrit en 1918. Puis, la langue française, symbole de liberté et de démocratie comme un refuge et la marque dissidente dans le rejet de la langue japonaise avec laquelle, il se réconciliera des années plus tard.

Des traumatismes et des deuils, des vies déchirées, plaies ouvertes, non encore cicatrisées, malgré toutes ses années passées. La littérature, l'écriture comme une libération. L'écriture comme un témoignage. L'écriture et la musique comme un chemin vers la guérison. Des mots et des notes versés pour exorciser la colère et l'injustice.

Magnifique roman !
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