L'atlas des Afriques est un numéro hors-série du magazine
La Vie – le Monde :
« L'Afrique habite nos imaginaires mais son histoire reste méconnue. Ce récit passionnant court de l'aube de l'humanité au XXIe siècle et fait revivre les pharaons noirs, les richissimes royaumes médiévaux, les temps tragiques de l'esclavage et de la colonisation, l'enthousiasme des indépendances... jusqu'à s'arrêter sur les grands enjeux d'une Afrique émergente qui retrouve peu à peu sa place dans le monde. Servi par une cartographie inédite, cet atlas met enfin en lumière, par-delà les clichés, ce continent devenu incontournable. »
Difficile d'en faire le résumé mais j'y ai appris des choses intéressantes comme le nombre de langues et de dialectes, il y en a entre 1500 et 2000.
Entre 1563 et 1866 il y a eu près de 8 millions d'esclaves embarqués. En théorie la traite a été interdite en 1815 (Congrès de Vienne) mais il a encore fallu un demi siècle avant la mise en pratique. Ce que j'ignorais est « la face orientale du système esclavagiste » avec la traite des Indiens et des Indonésiens.
Comme j'ai déjà lu quelques livres sur le sujet – le partage de l'Afrique d'
Henri Wesseling – je connaissais déjà les grandes étapes de la colonisation. Ce n'était donc pas une surprise de lire que les
frontières des pays avaient été tracées par les puissances coloniales sans tenir compte de la réalité ethnolinguistique ni des constructions politiques locales.
J'ignorais totalement que le Liberia et le Sierra Leone étaient des pays « fabriqués » pour le rapatriement des esclaves affranchis par les États-Unis au 19ème siècle. S'opposeront alors les Freemen (« hommes libres ») et les Bushmen (« hommes de la brousse ») car le territoire n'était bien entendu pas inhabité.
Quoi d'autre ? Au cours de la Première Guerre Mondiale près de 500.000 Africains furent mobilisés par la France, une partie fut envoyée dans les tranchées. Un système d'hivernage a dû être mis en place car les Africains étaient fort atteints par le froid. Allemands, Britanniques, Français, Belges et Portugais se sont également battus sur le sol africain.
C'est la partie « une histoire ancienne et méconnue » qui m'a le plus passionnée avec « la splendeur oubliée des royaumes de Nubie » (actuel Soudan) et les les royaumes d'Afrique australe (Zimbabwe et Monomotapa) pour ne citer qu'eux.
La partie « Les défis d'un continent émergent » m'a moins intéressée (on est plus dans une réflexion socio-économique) excepté l'article sur la décolonisation des musées et restitution des oeuvres d'art. « Pour admirer ce que l'Afrique a produit de biens culturels inestimables, il faut encore se rendre à Paris, Berlin, Bruxelles, Londres, Rome, Lisbonne ou même New York. » 79 % des collections du musée du quai Branly-Jacques-Chirac sont concernées.
J'ai été surprise par certains points de vue comme celui de
Sylvie Brunel sur le Rwanda. Elle fait l'éloge du président Kagamé (président depuis 20 ans est-ce normal?) et parle du pays comme de la « Suisse de l'Afrique ». Quand on regarde des chiffres comme l'indice de corruption, je me demande pourquoi ce n'est pas le Botswana qui a été cité en exemple ?
Dans l'ensemble, une lecture instructive qui aboutira certainement sur d'autres lectures. Il y a une bibliographie à la fin.
Challenge livre historique 2020