Cet ouvrage est un peu un OANI, un objet artistique non-identifié, puisqu'il est composé d'un roman, d'une collection de photos, d'une enquête journalistique, de douze chansons (à télécharger sur internet) et même d'un petit arbre généalogique.
Au départ, il y a le lot de photos qu'
Isabelle Monnin achète à un brocanteur et dont une vingtaine sont reproduites au milieu du livre. A partir de ce matériau, elle invente une histoire qu'elle nous raconte d'une manière assez originale. Pendant dix ans, c'est d'abord Laurence qui nous parle du départ de Michelle, sa mère, de l'attente vaine de son retour, de sa vie à elle, et finalement de son départ pour aller la chercher en Argentine. Puis, nous revenons dix années en arrière et nous suivons Michelle dans les deux années qui précèdent son départ. La troisième partie se passe seize ans plus tard autour de Simone, la grand-mère, le jour où elle décide d'arrêter de vivre. Elle met en ordre les souvenirs de sa vie, en parallèle avec les courriers que Laurence lui a envoyés depuis l'Argentine. Et puis, nous terminons avec un épilogue où Serge vide la maison et se débarrasse du fameux lot de photos.
Dans cette partie, l'écriture d'
Isabelle Monnin me plaît beaucoup. Elle est inventive, proche de ses personnages. Quand elle parle de Michelle et de sa course en mobylette pour couper les virages de la route du lac, j'ai l'impression d'être assis derrière elle et de sentir le bruit du vent et le goût du risque. Je retrouve cette inventivité dans la scène où Simone range les détails de sa vie en mangeant les photos de ses proches et surtout de l'Allemand qu‘elle a aimé, “son il flottant” !
La deuxième partie du livre, c'est donc le récit de l'enquête qu'
Isabelle Monnin a menée pour essayer de retrouver “les gens DE l'enveloppe”. Elle y est parvenue et comme souvent, la réalité est autant romanesque que la fiction. La vraie histoire des gens dans l'enveloppe n'entraîne personne jusqu'en Argentine, mais leur vie de famille a aussi été marquée par plusieurs drames et abandons.La petite fille qu'
Isabelle Monnin a prénommée Laurence s'appelle bien... Laurence ! Et dans cette histoire véridique, les femmes ont occupé une place aussi importante que dans celle qu'
Isabelle Monnin a inventée.
Ensuite, il y a les chansons qui se trouvent elles aussi entre l'imaginaire et le réel. En effet, il y a de “vraies” chansons qui ont compté dans la vie de Suzanne et de Laurence et qu'elles chantent elles-mêmes. Puis il y a les “nouvelles” chansons composées par
Alex Beaupain tout au long de l'enquête.
Pour finir, je parlerai un peu des photos. A les regarder, cela me fait penser aux vieilles boîtes de chocolat dans lesquelles ma mère rangeait nos photos de famille. Dans les gens de l'enveloppe, je retrouve presque certains traits de mes grands-parents et Laurence aurait pu être ma soeur. Et puis la rencontre entre Michel et Suzanne, c'est presque aussi celle de mes parents à quelques années de différence !