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Imaginez que vous êtes un noir, un noir de l'Alabama, dans la "Cotton Belt", dans les années 1950... Imaginez que vous vous appelez Claudette Colvin, que vous habitez à King Hill, l'un des quartiers les plus pauvres de Montgomery et que vous êtes âgée aujourd'hui d'une quinzaine d'années... A Montgomery, dans ce bus qu'elle prend quotidiennement, une règle et une seule s'applique: les blancs ont la mainmise sur les noirs. S'il n'y a plus de place parmi les sièges réservés aux blancs, un noir doit obligatoirement laisser sa place. C'est le jeu des chaises musicales. Or, un jour, Claudette, qui aurait normalement dû se lever et laisser son siège, ne le fait pas, malgré les protestations du chauffeur qui lui ordonne de se lever et les regards accusateurs des autres noirs. Arrêtée puis jugée, elle plaidera tout de même non-coupable et attaquera la ville en justice. Elle ne sait pas encore qu'une autre femme noire, Rosa Parks, agira de la même façon, quelques mois plus tard... et l'histoire écrira le reste...

Tania de Montaigne dresse le portrait de Claudette Colvin, certes moins connue que Rosa Parks mais au geste tout aussi courageux, qui décida de ne pas laisser sa place dans le bus. Une personne qui aura marqué l'histoire même si elle restera toujours dans l'ombre. L'auteur nous plonge dans cette Amérique des années 50 et nous offre une belle leçon d'histoire. de Rosa Parks qui devient malgré elle le symbole de la lutte contre la ségrégation raciale à Martin Luther King qui n'était alors qu'un tout jeune pasteur, en passant par E.D. Nixon ou Jo Ann Gibson Robinson, elle n'en oublie pas Claudette Colvin. Elle met en lumière le rôle important qu'ont joué ces femmes pour lutter contre toutes ces inégalités.
Tania de Montaigne dénonce également le racisme quotidien auquel les noirs sont encore confrontés de nos jours... avec l'espoir que tout cela s'améliorera.

Imaginez que vous êtes Noire...
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Prenez une profonde inspiration, soufflez, et suivez ma voix… Désormais vous êtes noir, un noir de l'Alabama dans les années 1950. Vous pourriez jouer de la trompette ou du saxophone, dans un club de jazz. Non à la place, vous êtes dans un bus à Montgomery, dans ce qu'on appelle encore la Cotton Belt, et vous n'êtes pas à votre place. Parce que cette place elle est pour ce blanc qui veut s'asseoir et qui attend debout que vous leviez votre cul sale de ce siège, sale nègre, parce qu'il est hors de question qu'un blanc reste debout dans ce bus, sale pute noire. D'ailleurs le chauffeur vous regarde du mauvais regard à travers le rétroviseur, lui aussi attend prêt à soulever son bras du levier de vitesse pour attraper sa winchester, comme dans un bon vieux western. Tout le monde attend. Jusqu'à ce qu'on fasse intervenir la police pour vous embarquer. Voilà ce qu'est prendre le bus à Montgomery, Alabama, dans les années 1950, lorsque vous êtes noir.

Ainsi est la vie méconnue de Claudette Colvin, quelques mois à peine avant la mise en lumière de Rosa Parks. Claudette refusa non seulement de se lever de son siège mais plaida également non coupable face au tribunal blanc. Et ainsi ce jour-là, un jour, après tout, comme les autres, commença le combat d'une enfant de quinze ans pour une justice moins blanche et qui l'entraînera vers l'oubli… Parce qu'à quinze ans dans les années 50, on est encore qu'une enfant, parce qu'à seize ans être enceinte d'un homme blanc marié n'est pas le meilleur étendard de la NAACP (Association nationale pour la promotion des gens de couleur) et des proches du jeune pasteur Martin Luther King.

Même si Rosa Parks a fait énormément bouger les lois ségrégationnistes du Sud cotonnier, Tania de Montaigne rend ainsi hommage à la première, cette enfant noire qui bouscula à sa manière les faits et sans qui Rosa Parks n'aurait peut-être pas été Rosa Parks, sans qui Rosa Parks serait peut-être, elle-aussi, restée une couturière inconnue de ce monde. Sans Claudette, le temps aurait été peut-être encore plus long avant qu'un noir puisse s'asseoir dans le bus à côté d'un blanc ou puisse boire dans le même robinet qu'un blanc, de ce côté de la Cotton Belt. Un jeune pasteur croisera ainsi la route de Claudette et de Rosa. Il deviendra quelques mois plus tard l'icône du peuple noir, mais pour cela L Histoire effacera les noms de Rosa Parks et surtout de Claudette Colvin. La politique ne laisse pas passer certains détails et la cause revient au plus charismatique ou au plus "bien présentant".
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Avec beaucoup de talent Tania de Montaigne donne voix à cette jeune fille des années 50, Claudette Colvin dans ce récit Noire, signé aux éditions Grasset.

" IL fut un temps où je n'étais pas noire. C'était avant la collision, avant l'école maternelle. IL fut un temps où j'étais simplement une petite fille de pas encore trois ans. "

Il faut faire les premiers pas en société, pour que les autres vous renvoient votre couleur. Tout commence sur les bancs de l'école et cela ne se termine plus jamais.

Claudette Colvin était une brillante élève, mais un jour, à quinze ans, son destin a basculé alors qu'elle était tout simplement assise dans un bus. Mais pas à la bonne place.

Certes elle ne fut pas l'unique femme maltraitée, violentée parce qu'elle n'était pas à la bonne place, parce qu'elle n'avait pas la bonne couleur de peau.
D'autres avant elle, d'autres après elle. Mais deux ou trois nom seulement seront retenus.
Pourquoi ?
Tatiana de Montaigne nous raconte les coulisses de l'Histoire. Je l'a remercie infiniment, c'est par des plumes sensibles, que des voix peuvent aujourd'hui être à nouveau entendues. Aujourd'hui quand nous savons mais ne voulons pas voir que le racisme est toujours bien présent parmi nous.

" IL faudrait être fou pour penser que depuis les années 1950 tout a changé, que le racisme n'existe plus, que chacun avance sans préjugés; mais il faudrait être aveugle pour ne pas voir que cent reculs il y a mille avancées. "
Lien : https://www.facebook.com/lec..
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On sent l'autrice animée de la volonté de faire sortir Claudette Colvin de l'oubli et son intention est fort louable. le résultat, cependant, est un peu désordonné. le sujet est bien documenté, les sources sont abondantes et fréquemment citées, ce qui entretient malgré tout l'ambiguïté sur la place de la fiction dans ce récit.
En effet, dès le début, l'autrice s'adresse directement à nous pour nous faire voir l'Amérique des années 1950 comme si nous étions noirs. Ce parti pris intéressant est pourtant rapidement délaissé pour faire connaissance avec Claudette Colvin, qui, comme Rosa Parks mais avant elle, a aussi refusé de céder sa place à un blanc dans un bus de Montgomery, Alabama, en 1954. Elle aurait pu aussi devenir célèbre, mais toutes les conditions pour cela n'étaient pas encore réunies.
Mettre en lumière Claudette Colvin, placer le lecteur dans la peau d'un noir d'Amérique sudiste, évoquer le contexte historique et social, faire le portrait de personnalités connues ou tombées dans l'anonymat, citer ses sources authentiques, cela fait beaucoup d'objectifs pour un texte relativement court qui semble d'ailleurs plutôt destiné à la jeunesse. Peut-être que certains seront égarés en route. Cela dit, cette lecture peut être profitable à beaucoup, au moins pour donner envie d'en savoir et d'en lire plus.
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Cet ouvrage n'est pas un roman mais plutôt un essai historique tentant d'expliquer les faits s'étant déroulés dans les années 50 en Alabama, dans la ville de Montgomery.
Qui n'a jamais entendu parler de Rosa Parks ou de Martin Luther King ? Mais qui se souvient de Claudette Colvin ou encore Jo Ann Gibson Robinson ? Ces deux femmes ont pourtant beaucoup oeuvré pour la cause des droits humains mais leurs noms n'ont pas été retenus. La jeune Claudette Colvin est la première à avoir refusé de se lever dans un bus et à avoir plaidé non coupable ! Mais son nom est tombé dans l'oubli très vite… Tania de Montaigne a souhaité lui rendre hommage et rétablir la vérité historique sur les faits qui se sont produits.
Un gros travail documentaire a été mené et l'auteure a vraiment le souci d'expliciter les conditions de l'époque, les tenants et les aboutissants de ces affaires retentissantes. Elle retrace les faits et donnent des précisions, cite ses sources clairement, sources qu'elle a pris soin de diversifier. Elle tente de nous « mettre dans la peau » de son personnage en nous prenant directement à parti et nous poussant à réfléchir comme elle.
Le ton est original, factuel et explicatif à la fois.
Le texte est court, un format de 164 pages, donc il ne rebute pas le lecteur.
Toutefois, publié dans une collection jeunesse, je regrette qu'il ne soit pas un roman. Il me semble plus facile pour un adolescent de se sentir proche d'un personnage de roman en étant immergé dans une histoire. Je ne suis pas convaincue que le jeune lectorat ira au bout de ces pages, le style risque de le décourager. Peut-être en lycée mais difficilement avant…

Cela reste un texte instructif qui déconstruit une ou deux légendes et nous montre comment la vérité est parfois manipulée pour défendre une cause et se donner les moyens de la gagner.
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Tout se passe en Alabama, à Montgomery, dans les années 1950. L'ouvrage retrace la vie que Colette Colvin, jeune fille « noire » alors âgée de 15 ans, qui décide un jour de ne pas laisser sa place dans le bus à une personne « blanche ».
On suit ensuite le parcours de vie courageux, inquiétant car multipliant les jugements (juges, « noirs », « blancs ») et éprouvant de cette femme.
En effet, si Colette Colvin est à l'initiative du mouvement de protestation des lois de ségrégation, à travers le bus, elle paye le prix de son audace et de son courage et ne bénéficier quasiment pas de la reconnaissance du mouvement qu'elle provoque.
L'auteure présente donc la trajectoire de cette héroïne qui rencontre la dureté, la solitude puis l'oubli en voulant lutter pour ses valeurs.
L'histoire de Colette Colvin est contemporaine des débuts de Martin Luther King comme pasteur, et de Rosa Parks comme emblème de la lutte anti-ségrégationnisme.

Premièrement, ce document possède une richesse, celle de mettre en lumière une héroïne de société, de l'Histoire, comme elle se construit réellement, c'est-à-dire par des combats à taille humaine.
Les illustrations et anecdotes dramatiques de la ségrégation et du racisme qui constellent le livre permettent, malheureusement, de se rendre compte du fonctionnement de cette société des années 1950.
En effet, si le racisme reste un fléau conséquent de nos jours, la loi ne le protège plus.

Cependant, cette quantité d'images tragiques soulève la question du contexte quotidien et relationnel qui existait dans un quartier tel que King Hill pour les habitants. Pouvait-on trouver un semblant de bonheur et de bien-être malgré tout ou était-on totalement phagocyté par la ségrégation ?

Cet ouvrage est méritant d'avoir été consacré à Colette Colvin, qui constitue un sacrifice de l'évolution, de l'Histoire. En lumière, Rosa Parks… Dans l'ombre, la vie entière de Colette Colvin au service, malgré elle parfois, de cette lutte.
Ainsi, ce livre retrace la chronologie et le cheminement de la lutte contre la ségrégation avec le symbole Rosa Parks. L'éclairage est fait sur la construction de cet emblème, soulignant le paradoxe nécessaire pour la lutte : partir d'une situation réelle mais procéder à une idéalisation, à un lissage de figure choisie, notamment ici l'effacement du passé militant de Rosa Parks et la valorisation d'un statut de simple couturière aux pieds fatigués, dans le but de défendre le droit d'exister tel que l'on est.
Le livre rappelle également que derrière ces emblèmes, des vies humaines, des femmes sont brisées personnellement, professionnellement, dans leur dignité et leur respect.

Concernant le style d'écriture, il m'a paru compliqué de cerner de qui et à qui parle l'auteure au début du livre. Nous sommes convoqués en tant que lecteur pour prendre la mesure et être impliqué au maximum dans le contexte historique et la situation de l'époque. Mais cela devient poignant lorsqu'elle finit par s'adresser à Colette Colvin au terme de l'ouvrage.
Celui-ci se termine d'ailleurs sur des éléments biographiques de l'héroïne, qui sont assez peu approfondis… A nous, lecteurs, de choisir l'histoire à laquelle on croit.
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Noire de Tania de Montaigne paru aux éditions Grasset est un document qui nous éclaire sur une héroïne méconnue de l'Histoire Américaine, Claudette Colvin.
Cette adolescente de quinze ans, qui un jour, a osé dire non et s'est opposée à l'injustice des blancs à l'égard du peuple noir dans les années cinquante à Montgomery.

Grâce à Tania de Montaigne, le lecteur découvre que Rosa Parks, Mère du mouvement des droits civiques ne fut pas la première femme à avoir refusé de céder sa place à un blanc dans un bus.

Pourquoi Claudette Colvin ne fut donc pas le symbole de la lutte des noirs américains contre les lois ségrégationnistes de l'Amérique ?
Dans son essai, Tania de Montaigne nous explique pourquoi Claudette Colvin ne pouvait pas incarner le rôle qu'endossera quelques mois plus tard Rosa Parks.

Tania de Montaigne est romancière mais aussi journaliste et cela se voit dans cette biographie de Claudette Colvin.
Le roman est très bien documenté et se révèle être une source d'informations sur l'Amérique des années cinquante.

La plume de Tania de Montaigne est vive, dynamique. Avec beaucoup de talent, Tania de Montaigne embarque son lecteur aux Etats-Unis dans les années cinquante.

La lectrice que je suis a répondu à l'invitation de l'auteure ; « Prenez une profonde inspiration, soufflez, et suivez ma voix, désormais, vous êtes noir, un noir de l'Alabama dans les années cinquante. Vous voici à Montgomery. »
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Dans ce très intéressant document, Tania de Montaigne nous fait découvrir Claudette Colvin, héroïne oubliée du mouvement des droits civiques. Elle raconte l'histoire de cette jeune femme qui en 1955 refusa de céder son siège à un passager blanc dans un bus, bien avant que la célèbre Rosa Parks imitât son geste quelques mois après.
Elle explique également le système ségrégationniste mis en place par les lois Jim Crow, qui imposèrent une stricte séparation entre les noirs et les blancs. Elle met en perspective et revient sur la construction du mouvement des droits civiques et la façon dont les femmes furent gommées de cette lutte alors qu'elles en furent les instigatrices. Cette partie est la plus intéressante du récit. En retraçant les faits, Tania de Montaigne montre comment la grande histoire est souvent reconstruite comme une fiction. A travers de cet essai, elle nous raconte aussi son expérience d'être noire, le racisme aujourd'hui.
Ainsi dans ce livre, Tania de Montaigne hésite entre plusieurs genres : l'essai historique autour du mouvement des droits civiques, la biographie, celle de Claudette Colvin, et le récit autobiographique dans lequel elle raconte sa confrontation à l'altérité.
Dès les premières pages, l'auteur nous interpelle, nous lecteurs, et nous demande de nous imaginer noirs, habitants de la ville de Montgomery, Albama, Etats-Unis d'Amérique dans les années 1950. Puis, elle nous expose à toute la cruauté, l'aberration et l'injustice du système ségrégationniste. Ce procédé maladroit permet certes au lecteur d'entrer facilement dans le récit mais il n'est qu'illusoire, car comment moi jeune femme blanche française, n'ayant jamais subi ni le racisme ni la violence, pourrait même un instant ressentir toute la souffrance liée au fait d'être confrontée quotidiennement à la haine parce que différent.
« Noire » reste un document passionnant. Toutefois, la manière dont l'auteur s'immisce dans le récit dessert son livre.
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Je me suis ennuyée en lisant ce livre. Le ton est trop péremptoire pour le récit d'une vie et les éléments sont mal agencés: qui? quand? pourquoi? Je m'attendais à lire un récit de vie, tout engagé soit-il, pas un procès lancé à la lenteur de l'évolution des mœurs sur la cohabitation des Noirs et des Blancs dans la "Cotton Belt" des années 50.
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Véritable documentaire, ce livre devrait être lu, étudié de tous car il relate la ségrégation contre les noirs. Plusieurs femmes, par leur geste fort, ont contribué au militantisme anti-raciste comme Claudette Colvin, « oubliée » de l'histoire mais pionnière de la lutte contre la ségrégation.
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