« Les jours sont courts, des matins je me prends pour Kahayam, je m'enfile un grand verre de nectar, à jeun, le rideau tiré sur les murs, face aux fenêtres, la ville à mes pieds. Avoir une gestion bête et méchante, ça aide au redémarrage. La boucle, les révolutions de mon petit astre qui me ramènent invariablement au point originel, et les retours qui sont des départs. S'arrêter c'est l'enfer. »
Les bébés morts sont respectés dans ce lieu qui vous bouffe des hommes comme les gueules d’un cerbère, agneau de Dieu. Voilà, c’est le dernier refuge des âmes oubliées. Les vieux ont amené une pelle. Maquis, savane, désert, plage paradisiaque… À deux pas de l’océan, à six pieds sous terre, à vingt mille lieues sous la logique. Ils cherchent ; parlent. Et s’accordent. Combien de cadavres sous mes pieds aveugles ? Un autre bébé mort, mort-né, placenta putride, la vie des gars qui bossent pour deux sous, et pisser dans un violon, l’opposé du partage, ma si grande rage à m’éclater le foie et la raison, l’alcool bon marché d’un expatrié qui se cache sous les oripeaux merdeux d’un contrat de coopérant !
Cette fois-ci la liberté se fanfaronne déchéance de la préoccupation administrative. Démerde-toi, libère la place. Va hurler avec la foule hululante, liberté, liberté chérie, c’était le mot de cette fin de millénaire, on ne peut échapper à ses déclinaisons individuelles, l’esclavage c’est tout le reste, la vie quotidienne des cons absorbés par leur tâche à tel point qu’ils se confondent avec le rouage qui les broie.