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Ice Cream Man tome 3 sur 7

Martin Morazzo (Illustrateur)
EAN : 9781534312265
128 pages
Image Comics (18/06/2019)
4/5   2 notes
Résumé :
Ice Cream Man continues with four more strange and sad one-shot stories.

Plus: more is revealed about the mischievous Ice Cream Man and his history with the dark cowboy, Caleb.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Ice Cream Man Volume 2: Strange Neapolitan (épisodes 5 à 8) qu'il vaut mieux avoir lu avant, même si la série donne l'impression d'être une anthologie. Il comprend les épisodes 9 à 12, initialement parus en 2019, écrits par W. Maxwell Prince, dessinés et encrés par Martín Morazzo, avec une mise en couleurs réalisée par Chris O'Halloran. Il comprend également les 4 couvertures originales de Morazzo, ainsi que les couvertures variantes réalisées par Kyle Smart, Juan Ferreyra, Babs Tarr, Tula Lotay, 3 pages de recherche graphique, et la traduction des 7 pages en espagnol de l'épisode 10.

Épisode 9 - Dans un autre monde que la Terre, dans des temps immémoriaux, au beau milieu d'un désert accablé par le soleil avec de hautes falaises, un homme-dieu décoche une flèche sur une créature araignée et la rate. L'homme-dieu Caleb intime à son loup Boy d'attaquer le monstre araignée. Boy dévale la pente et s'arrête devant elle. Caleb suit son loup et capture le monstre araignée avec son lasso, mais il résiste. Boy s'élance sur le monstre araignée et plante ses crocs dedans : un sang vert s'écoule de la blessure. Finalement le monstre araignée meurt, et Caleb fait sauter un de ses yeux avec un couteau et le donne à manger à son loup. Épisode 10 - En 1919, à Ciudad Juarez au Mexique, Maria essaye sa robe d'anniversaire de ses 15 ans, avec l'aide de 2 couturières. Étrangement son anniversaire va être célébré le jour de la fête des morts. le général, son futur mari, entre dans la pièce pour admirer la toilette de sa future mariée, et il se déclare très satisfait. John, un jeune homme américain, achète une rose au marché. La fleuriste lui montre l'autel dressé en souvenir de sa mère, avec de la crème glacée au milieu des offrandes.

Épisode 11 - Will Parson est écrivain de métier et il est âgé de 34 ans. Il participe à une émission de télévision appelée Mannequin, où chaque participant doit séduire la même femme. Mais elle et tous les autres participants sont des mannequins (des figurines en plastique en grandeur réelle), sauf l'animateur qui est un être humain. Will est repoussé par le mannequin femme et emmené par la sécurité vers une pièce pour être amélioré. Il parvient à s'échapper dans les couloirs. Épisode 12 - Noah Smith est à bord du vaisseau spatial Archival Recivilization Capsule (ARC). Il est d'humeur mélancolique. Cela fait 3 ans qu'il est à bord de ce vaisseau à la recherche d'une planète habitable où il pourrait faire revivre la population humaine. Il se rend au coeur du vaisseau où il projette une simulation explicative de la manière dont une planète pourra être terraformée, puis peuplée d'êtres humains. Une alarme résonne, avertissant de la présence d'une menace dans les parages. Jonah Smith se précipite sur le pont et l'intelligence artificielle indique que le vaisseau ARC entre dans un champ de météorites sur lesquelles se trouvent des araignées spatiales de Gunz'llah.

Le dernier épisode du tome précédent laissait le lecteur dans l'expectative puisqu'une ambiance de fin du monde dans une zone pavillonnaire avait eu un effet brutal sur l'un des 2 personnages récurrents. D'un autre côté, il sait bien que le scénariste a choisi le format d'une anthologie avec un ou deux personnages semi-récurrents et qu'il ne doit pas s'attendre à une simple suite. C'est le moins qu'on puisse dire puisque le premier épisode revient même sur une forme de début. le lecteur retrouve Caleb (accompagné d'un chien) et Rick (le marchand de glaces). Même s'ils sont un peu différents, les dessins permettent de bien les reconnaître, à commencer par Caleb avec son haut chapeau de cowboy. Il découvre également un nouveau venu dans la famille : un personnage uniquement désigné sous le nom d'Oncle, avec le même type d'yeux. Martín Morazzo continue de détourer les personnages et les éléments de décor d'un trait fin sans être cassant, transcrivant bien très l'étrangeté de ces 3 personnages, et encore plus du loup et de la créature araignée. La pièce principale de l'oncle est étonnante avec ses 2 niveaux, et très bien détaillée, le lecteur ayant l'impression qu'il peut s'asseoir à la table, ou bien se promener au niveau supérieur pour passer en revue les éléments posés sur les étagères. L'environnement désertique apparaît plus traditionnel, sans se réduire à 3 traits perdus dans chaque case. Enfin, le dessinateur réalise un dessin en pleine page dans lequel Rick s'avance avec les mains ensanglantés, l'herbe lui arrivant à mi-cuisse, pour une vision traumatisante.

L'épisode suivant est plus exigeant en termes de narration visuelle, puisqu'il revient à l'artiste de recréer une villa de maître au Mexique en 1919. le lecteur peut effectivement observer la façade de la demeure, le patio, quelques pièces intérieures, la petite pièce d'eau. Il constate que les différents angles de vue se combinent de manière cohérente pour donner une idée des dimensions de ladite demeure, et que ses caractéristiques évoquent bien un bâtiment de cette époque, à cet endroit du monde. Morazzo a également fort à faire en ce qui concerne les costumes en particulier la robe d'anniversaire de Maria, et son masque de fête de la mort, mais aussi avec le costume du général auquel il n'a pas oublié de mettre les médailles. le lecteur peut ainsi se projeter dans ce lieu, et observer des individus d'époque évoluer sous ses yeux. Il constate à nouveau que le dessinateur sait maîtriser ses effets pour faire naître l'horreur quand la scène le requiert, en l'occurrence avec les dents taillées en pointe du général. Alors que cet élément horrifique (la dentition) n'a rien d'original, le fait qu'il arrive à point nommé lui donne toute sa saveur, ainsi que le rapprochement que le lecteur peut faire avec la dentition du général quand elle avait un aspect normal.

Martín Morazzo est à nouveau fortement mis à contribution avec l'épisode suivant, puisque l'environnement change encore. Il joue avec les bordures de cases en leur donnant la forme d'un écran cathodique (bombé sur chacun des 4 bords) à chaque fois qu'il s'agit d'une prise de vue pour l'émission télévisée. Entre 2 prises de vue, il montre les coulisses et les couloirs des studios de télévision. À nouveau le moment horrifique se focalise sur une case, avec une assiette dans laquelle se trouvent 6 dents, un spectacle glaçant pour ce qu'il évoque de la violence avec laquelle elles ont été arrachées. En fait, il y a un deuxième moment horrifique, mais cette fois pour un effet comique avec un trio de zombies modelés sur les 3 principales soeurs Kardashian. Dernier épisode, le dessinateur se montre toujours aussi convaincant, ses traits fins s'avérant tout à fait adapté pour montrer la froideur technologique du vaisseau spatial, l'agressivité des créatures araignée, ainsi que l'étrangeté de la flore de la planète sur laquelle il finit par atterrir.

Avec les dessins, le lecteur se retrouve à chaque fois projeté dans un environnement décrit de manière clinique, conférant une forme d'honnêteté franche et bizarre aux personnages, et de froideur aux environnements, distillant un sentiment de malaise diffus, en phase avec la série. W. Maxwell Prince continue de raconter des histoires horrifiques, avec un lien ténu entre elles. Il passe du conte mythologique évoquant la fin d'une époque, avec l'affrontement contre des créatures inhumaines, mais le pire ennemi se tapit au sein de la famille. Avec le deuxième épisode, il passe dans le registre du drame, avec un amour impossible. Puis il se livre à une satire bien sentie des émissions télévisuelles de téléréalité thématique, et finit par un récit de science-fiction qui respecte les conventions du voyage dans l'espace. le lecteur peut très bien lire ces histoires au premier degré, prise une par une. le premier conte s'avère cruel, une sorte de lutte fratricide mais avec un troisième personnage qui n'est pas une figure paternelle à proprement parler. le deuxième épisode commence comme un mariage arrangé forcé, puis semble se diriger vers le registre de la libération de la jeune femme pour se terminer de manière inattendue. le troisième marie l'horreur à la satire sociale, et enfin le dernier joue la carte de la conquête spatiale avec la survie de l'espèce humaine comme enjeu. En les lisant ainsi au premier degré, les 3 premiers épisodes fonctionnent bien, y compris leur chute, le dernier moins.

Le lecteur ne peut pas manquer le lien qui court dans les différents épisodes, déjà présent dans les tomes précédents : Rick (le marchand de glace) et parfois Caleb. Il note également que le premier épisode parle de fin d'un cycle, tout en indiquant que cela correspond forcément au début d'un autre. Ce thème revient dans le deuxième épisode, la mort d'un personnage marquant de toute façon la fin cycle. Ainsi ce thème est également présent dans les 2 autres épisodes. Enfin le lecteur se dit que chaque entité monstrueuse (humaine ou non) peut s'envisager comme l'incarnation d'un concept, l'horreur irréfléchie, les événements arbitraires contre lesquels la volonté d'un homme n'a aucun effet, l'absurdité de l'existence, ou encore le fait que l'univers n'est peut-être pas si indifférent que ça et qu'il pourrait être malveillant dans le sens où vivre nécessite de se battre.

Encore une fois, W. Maxwell Prince & Martín Morazzo s'en tiennent aux contraintes qu'ils se dont eux-mêmes imposées : une histoire complète en 1 épisode à chaque fois dans un (sous)genre littéraire différent, et s'en tirent avec les honneurs. Dans le même temps, ils savent à chaque fois faire surgir l'horreur visuelle, mais aussi l'angoisse de l'existence, et le peu de maîtrise dont dispose l'être humain. Ils concluent de manière aussi magistrale que moqueuse avec un personnage disant : En route pour le suivant (ce que le lecteur peut lire comme une injonction à passer à l'épisode suivant).
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