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Critiques filtrées sur 5 étoiles  


"L'Oeil le plus bleu"* de T. Morrison est un livre doux et cruel à la fois. Sa cruauté est due aux sujets abordés: inceste, pédophilie, misère et pauvreté. Mais Morrison a ce don d'enrober le tout de douceur.

D'emblée elle installe ce qu'il faut de distance entre nous et ses personnages. Oubliés des dieux, enfants comme adultes, ils doivent subir leur couleur de peau, et nous les "regardons" se débattre comme ils peuvent contre toutes sortes d'injustice.

Si j'avais su à l'avance la nature des sujets abordés dans ce roman, je ne l'aurais très probablement pas lu, et je serais passée à côté d'un très, très beau texte.

*"The Bluest Eye"
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Paru en 1970, L'oeil le plus bleu se concentre sur trois personnes, trois fillettes / pré ado : Frieda et Claudia (l'histoire est principalement vue depuis le point de vue de cette dernière) et Pecola. Les trois sont noires, les trois sont opprimées.

Cette histoire n'a rien de joyeux, bien au contraire.
Durant quatre chapitres, quatre chapitres qui rythment les saisons, une année entière, celle de 1941, la narratrice va s'intéresser à la famille de Pecola, à son rêve d'avoir les plus beaux yeux bleus du monde.

Le livre est sombre, si sombre qu'il n'est pas toujours facile de faire face. le lecteur doit accepter la ségrégation, la violence, l'inceste, la pédophilie, et donc le viol.
S'agissant de petites filles n'ayant même pas encore leurs règles (excepté pour Pecola), la crudité des événements fait froid dans le dos.

Le contenu du livre ainsi que les partis-pris de l'auteure font de L'oeil le plus bleu un ouvrage difficile, sincère et poétique.

"Chaque membre de la famille enfermé dans sa propre cellule de conscience, chacun se fabriquant sa propre couverture de réalité en patchwork — en réunissant des fragments d'expérience ici, des bouts d'information là. À partir des minuscules impressions glanées de l'un à l'autre, ils créaient un sentiment d'appartenance et essayaient de vivre comme ils étaient."

Il est important de souligner l'importance des couleurs par exemple.
Cette importance on la retrouve dans les fantasmes des filles : la volonté d'avoir des yeux bleus ou au contraire dans la haine : le dégoût pour les poupées blondes.




Mon avis est en intégralité :

Lien : http://allaroundthecorner.bl..
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Toni Morrison met en place dans ce premier roman ce que toute son oeuvre portera ensuite: comment le destin des hommes peut être marqué par l'histoire d'un peuple et le martyre de ses origines...
Ni bon ni méchant parmi les personnages mais une détresse infinie, une tendresse toujours contenue, une peur à fleur de peau. le mode narratif ajoute de la force au propos, les personnages ne prennent leur relief que dans la durée, rien n'est dit trop vite, ainsi en va til de Pecola et de Cholly aux destins implacables.
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C'est le premier livre qu'elle a écrit, en 1970, et c'est une véritable claque.
Nous sommes en 1941, dans la ville de Lorain dans l'Etat de l'Ohio et la Dépression bat son plein.
L'histoire est racontée par différents narrateurs pour dépeindre quelques années de la vie de Pecola, petite fille noire de 10-11 ans qui se trouve laide, ainsi que celle, avant cela, de ses parents.
Pecola rêve d'avoir les yeux bleus. On devine par là qu'elle n'a pas une vie très drôle, évidemment.
Sur fond de misère sociale, maltraitance à l'école, violence physique et mentale entre blancs, métis, noirs, et tout ce que l'on peut facilement imaginer comme souffrance et abus, ce livre m'a littéralement secoué les tripes.
Le style, un peu spécial au début, nous envahit graduellement, monte en intensité froidement et ne nous lâche plus.
Toni Morrison sait raconter sans pour autant faire un spectacle de ce qui a de pire, et c'est là probablement qu'elle parvient à nous captiver et que nait l'émotion.
"L'oeil le plus bleu" est l'un des livres les plus tristes que j'ai jamais lu et qui laisse une empreinte.
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L'histoire se passe dans une petite ville de l'Ohio. Pecola est une Breedlove, aussi laide que son père. Elle s'en persuade au point que sa plus fervente prière est d'avoir les yeux bleus. Ainsi elle pourra être jolie et considérée.

Accueillie chez la famille de Frieda et Claudia car son père a mis le feu à la maison, elle devient copine avec les deux filles de 9 et 10 ans. Elles partagent les jeux et le sentiment d'être à part dans un monde où tout ce qui est beau est blanc, blond, avec des yeux clairs. Les noirs semblent être disqualifiés d'office.

Le roman se déroule avec des points de vues différents et des flashbacks qui nous permettent de mieux connaître la galerie des personnages et de cerner comment on en est arrivés là, à cette page 11 qui révèle d'emblée que Pecola attend le bébé de son père.

J'ai aimé ce que j'ai lu de Toni Morrison sans que ce soient des lectures très marquantes (Beloved, Home, Sula), je suis donc franchement étonnée de voir que c'est avec son premier roman que je suis le plus séduite. C'est une histoire d'une grande qualité, aussi bien dans la construction, avec les points de vues croisés et les évènements qui convergent tous vers la grossesse de Pecola, que dans ce que ça dit de la société américaine.

On est au nord des Etats-Unis dans les années 40, les noirs sont donc bien plus acceptés que dans le Sud mais on ne peut pas encore parler d'égalité (le peut-on d'ailleurs aujourd'hui ?). Chacun fait comme il peut, avec le travail qu'il trouve, l'affection qu'il n'a pas reçue, les espoirs déçus. Les personnages sont tous intéressants, de la maman de Pecola qui s'est fait avoir en beauté par son prétendant aux prostituées avec qui la jeune fille aime aller discuter sans véritablement comprendre en quoi consiste le métier, en passant évidemment par les jeunes filles qui apportent tout ce qu'il faut de naïveté et de pertinence à la fois.

Être noir dans un monde de blancs, avec la couche intermédiaire des métisses, voilà le thème principal exploité à la perfection par Toni Morrison. Son écriture est impressionnante, avec une mise en bouche expérimentale intrigante que vous découvrirez lorsque l'occasion se présentera. J'ai dévoré ce roman en regrettant que cela se termine trop rapidement, non pas que l'histoire méritait plus de pages, l'écrivaine a livré un texte parfait. Mais c'était tellement bien que j'aurais volontiers prolongé le plaisir.

Assurément le meilleur de Toni Morrison que j'ai lu à ce jour.
Lien : https://lejardindenatiora.wo..
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L'intrigue de l'Oeil le plus bleu se déroule dans l'Amérique racisée des années 1940, et plus précisément dans un quartier pauvre. Là, les habitants vivent dans la peur constante de tomber malade: cela signifierait aussi la perte de leur emploi. Ici vit Pecola, un jeune fille Noire, qui rêve de la blondeur des cheveux soyeux de son idole Shirley Temple quand les siens sont crêpus et indomptables, de la blancheur de sa peau, quand la sienne est sombre comme l'ébène.
Mais ce que Pecola adore par-dessus tout, c'est le bleu de ses yeux, elle qui subit la noirceur des siens.

Ainsi, les thèmes abordés par Toni Morrison sont graves: viol, inceste, pédophilie, racisme, et j'en passe. Ils sont cependant abordés avec une plume légère, poétique, rendant le contraste entre l'horreur et le superbe absolument hypnotisant. Ce décalage montre aussi la justesse de Toni Morrison, qui réalise la prouesse de la transmission de l'émotion sans tomber dans le pathos.
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L'oeil le plus bleu retrace l'histoire de Pecola Breedlove et son amie Claudia MacTeer, deux petites filles noires. Les évènements ont lieu à Lorain, dans l'Ohio des années 40 et nous sont relatés – en grande partie – par Claudia.
C'est un récit sur les femmes, pour les femmes et dit féministe mais il est aussi une dénonciation de l'injustice sociale, de la marginalisation, de la haine de soi et de l'oppression sexuelle.
_________
Pecola aime Shirley Temple, cette poupée blonde aux yeux bleus, rêvée et enviée pour sa beauté. Claudia, elle, ne comprend pas l'amour et la fascination des filles pour cette poupée qu'elle seul trouve monstrueuse. La jeune narratrice refuse ce modèle imposé de la perfection et se trouve révoltée face au conditionnement de son amie repliée sur elle-même, convaincue de sa laideur et de son infériorité à cause de sa race. Elle est noire et le noir c'est la couleur de la nuit, du diable, du sale, du malsain…
La dimension psychologique prépondérante dans le roman conforte le désir d'authenticité de l'auteure. Ses descriptions détaillées et réalistes ainsi que son langage cru et poignant saisissent le lecteur, l'indignent, le provoquent.
Toni Morrison veut nous faire [ré]agir.
Elle s'éloigne des personnages héroïques et place au coeur de sa fiction des personnages victimes de leur passé, de leur entourage, d'eux-mêmes. Pecola est vulnérable, condamnée par sa misère, doublement marginalisée par sa couleur et son sexe.
La « petite fille noire qui voulait sortir de la fosse de sa négritude pour voir le monde avec des yeux bleus » fera face à de nombreux malheurs, au point de sombrer dans la folie. Elle passera ses journées à aller et venir, en secouant la tête et en agitant ses bras comme un oiseau – un « oiseau avec des ailes mais rivé au sol, tendu vers le vide bleu qu'il ne pouvait atteindre ». On dirait l'Albatros de Baudelaire, symbole de la figure christique ; elle aussi ira jusqu'au bout de sa douleur pour le bien des autres – les autres qui paraissent si purs, si sain[t]s à côté de sa laideur, sa honte, sa souillure…
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L'histoire dramatique de cette petite fille afro-américaine qui voulait avoir des yeux bleus. Victime d'inceste, elle subit également le racisme et se déteste. L'écriture de Toni Morrison est magnifique.
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Profondément touchée par la beauté de ce livre, la rudesse du propos, les phrases qui emportent le coeur et la vérité sans complaisance sur des travers qui sont ceux de tous les hommes.
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le récit poignant d'un enfer dans lequel la misère, la violence, l'humiliation, la haine se mélangent à de l'humour, de la tendresse, et où la folie attend au tournant; les enfants, les femmes, les hommes vivent leurs vies dans la stupeur sous le joug du racisme; leur regard ne connait pas de pitié pour eux-mêmes, ni de révolte; on ne peut pas échapper au corps - une fois donné à la naissance et qui est symbole de l'esclavage dans sa noirceur; le seul chat noir aux yeux bleus pourrait échapper à ce destin...
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