A la fin de la première guerre mondiale,Heinrich Spiegel von und zu Triekelstein, commandant d'un sous-marin allemand, l' U-753, décide de devenir pirate. Il réussit à couler plusieurs navires après les avoir pillé. Il doit néanmoins faire face à une mutinerie de son équipage. Ses aventures sont relatées dans un carnet enfermé dans une bouteille de champagne retrouvé par hasard. Qu'elle sera la fin de ces pirates allemands... Suspense!
Une nouvelle d'une centaine de page qui se lit rapidement. J'ai bien aimé ce récit qui m'a permit de découvrir un auteur que je ne connaissais pas.
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MARSEILLE. Une nuit de décembre 1921. Sur la place de la Joliette, tandis que le mistral hurle, des cris retentissent, des ombres se jettent les unes sur les autres. Des matraques se lèvent. Les hurlements vont crescendo.
Grâce au calme de la mer, l’opération a été assez vite faite. Nous nous sommes servis des manches de caoutchouc du Yankee pour transvaser le liquide. J’ai fait le plein des soutes.
Et l’Emma Lindquist s’est remis en route. J’ai eu une brève hésitation. Il faut ce qu’il faut, mais pas plus. Le Yankee était, malheureusement pour lui, trop près de la côte d’Angleterre. Il pouvait rencontrer quelque destroyer britannique et l’avertir.
Nécessité n’a pas de loi. J’ai poursuivi mon Yankee et, une fois par le travers, je lui ai fait envoyer une torpille. Ce fut facile. Il marchait à sept nœuds. Cela se passa comme à l’exercice. La torpille arriva droit à l’arrière, au-dessous de la cheminée, dans les chaudières. Un choc sourd, puis un feu d’artifice. J’ai fait plonger immédiatement. La mer, sur une étendue de plusieurs centaines de mètres, n’était plus qu’un lac en feu.
Pas même eu besoin de nous assurer si tous les Yankees y avaient passé. Ils ont dû rôtir comme des morceaux de sucre dans un bol de punch.
L’équipage est enthousiasmé. Le moral est plus haut que jamais. Cette exécution a réveillé les qualités guerrières de la race.(page 18)
Pour la forme, suis allé interroger Julius Spratz, qui m’a
répondu – avec franchise ou cynisme – qu’il se moquait pas
mal d’être du côté des mutins ou du mien. Il s’était mis avec
les mutins pour ne pas être massacré par eux. Et, au surplus,
il m’a fait remarquer avec raison que j’en étais moi-même
un, de mutin, envers l’Allemagne à qui j’ai désobéi. On est
toujours le mutin de quelqu’un !
Nous sommes tous condamnés à mort par le fait même de notre naissance