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Dominique Vittoz (Traducteur)
EAN : 9782246835059
224 pages
Grasset (27/09/2023)
3.98/5   31 notes
Résumé :
Gibraltar, 3 octobre 1940. Salvatore Todaro, le Commandant du Cappellini, sous-marinier de la Marine italienne, doit décider de la profondeur de navigation. Franchir le détroit de Gibraltar expose au plus grand des dangers, les Anglais tirent en continu. Mais Todaro a l'habitude des missions périlleuses. Et celle-ci n'est pas des moindres : tendre une embuscade au milieu de l'Atlantique. Après des jours d'ennui et de diagonales inutiles, un navire est enfin repéré.<... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
En seulement 200 pages, Commandant est un roman polyphonique aux répercussions profondes : ses deux auteurs donnent la parole à l'équipage d'un sous-marin de la seconde guerre mondiale et, dans une moindre mesure à leur entourage. Ce sous-marin, c'est celui du commandant TODARO, un homme d'expérience qui ne fait pas la guerre à la légère, et qui connaît la valeur d'une vie pour avoir déjà failli perdre la sienne dans un crash d'hydravion.
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Le capitaine Todaro a bien existé, et son histoire qui nous est contée ici est bien réelle. Si VERONESI et DE ANGELIS en ont fait un roman, c'est qu'ils souhaitaient mettre en exergue un pan de son histoire trop méconnu : un soir où le capitaine Todaro fut obligé de couler un navire en pleine mer afin de défendre son pays en guerre, il a ensuite pris la décision, envers et contre tout son équipage, de secourir les marins ennemis qui, à ce moment-là, n'étaient déjà plus, pour lui, des adversaires mais des naufragés. Pire que cela, il les secourt alors même que les règles de la guerre lui commandent le contraire, risquant les représailles qui s'imposent ; il les secourt aussi alors même que cela met le sous-marin en surcharge et que cela met en péril la survie de tout le monde, pour des naufragés qui, au surplus, sont loin de respecter les fascistes qu'ils représentent à ce moment-là.
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Les deux auteurs auraient pu simplement vouloir rappeler ce fait historique, une démarche qui n'aurait pas été sans me rappeler Les Mensonges du Swebol que je vous recommande vivement au passage. Mais ce roman, intitulé Commandant, à une portée bien plus symbolique : en remettant en lumière la décision de ce commandant, VERONESI et DE ANGELIS ont à coeur de rappeler que tout naufragé est une vie humaine avant tout. En dépit de sa nationalité, de son sexe, de sa fonction ou encore de ses opinions.
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Et en rappelant que le commandant Todaro a pu faire cet acte d'humanité en pleine guerre, ils espèrent rappeler aujourd'hui au monde entier, et aux dirigeants de l'Italie en particulier qui venaient d'interdire de repêcher les migrants naufragés, que ne pas secourir des hommes qui se noient est un acte inhumain même en pleine guerre, et bien plus criminel le reste du temps, n'en déplaise au courant de xénophobie que les auteurs sentent monter dans leur pays et redoutent de se voir développer, à l'aune de cette guerre passée qu'ils remettent en scène ici.
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Chaque voix prenant la parole dans ce roman tend donc à nous rappeler notre humanité autant que celle de chaque personnage, qui est loin d'être seulement un pion sur l'échiquier de la guerre ou du monde mais est avant tout une vie humaine, aimé par des parents, des amis, une famille, comme nous et comme les gens que nous voudrions voir revenir sains et saufs si ce genre de mésaventure devait arriver. Et comme il est plus facile de s'en rappeler en frôlant soi-même la mort dans un sous-marin que lorsqu'on végète confortablement dans un canapé, le scenario veut nous toucher en nous plaçant au coeur de chacun de ces hommes – d'autant plus qu'il est également prévu en film.
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Il y a ce message, donc, mis en exergue par l'auteur en introduction. Pour autant, et dès les premières pages, c'est bien dans le quotidien de sous-mariniers que nous sommes plongés, et c'est donc également dans un bon roman de guerre que j'ai passé quelques heures agréablement écrites : vivant une nuit perpétuelle dans cette prison de fer et d'eau à écouter respirer les poissons et vibrer les missiles ennemis potentiels, tremblant de devoir couler et mourir dans ce cercueil de larmes salées qui m'enserrait, pleurant le plongeur que l'on a dû sacrifier pour nous sauver, tentant de survivre à cette promiscuité déjà pénible qui devient presque insupportable avec des étrangers mutins à son bord, m'obligeant alors en plus à résister à la paranoïa ambiante inévitable...
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Un roman puissant qui pourra se discuter d'un point de vue pratique, personnel ou politique, mais plus difficilement d'un point de vue purement humain et de principe, au vu des arguments dégagés. Sur le thème des migrants je vous recommande également le Passeur de Stéphanie Coste, et pour la vie en sous-marin le magnifique film « le chant du loup », ou encore « le jour ne se lève jamais pour nous », roman de Robert Merle.
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Comme une déferlante projetée sur le genre dont il a littéralement renouvelé la manière, ce roman est venu lessiver la littérature maritime.
Il est une convergence des temps et une concordance des hasards.
Il est né de plusieurs rencontres, d'un besoin d'humanité et du désir de raconter une histoire exemplaire.
"Commandant" est un roman écrit à quatre mains par Sandro Veronesi et Edoardo Angelis.
Il a été publié en France, en novembre 2023, dans la collection "En lettres d'Ancre" des éditions Grasset.
Un livre, un écrivain et un réalisateur, deux scénaristes, un film, serait-ce le retour de ce bon vieux roman-ciné, bien oublié aujourd'hui ?
Car "Commandante", le film, dont la date de sortie en France n'est pas encore communiquée, a fait l'ouverture de la 80ème édition de la Mostra de Venise en septembre 2023.
Enfermé dans un corset de fer depuis un accident d'hydravion, le commandant Salvatore Todaro, en septembre 1940, a pris le commandement du sous-marin "le Capellini", dont la proue a été doublée d'acier affilé pour l'archaïque occasion éventuelle d'un éperonnage avec l'ennemi.
C'est que Salvatore Todaro était un homme particulier, flanqué d'un esprit-guide, un guerrier de la Grèce antique.
Le "Capellini", après avoir franchi Gibraltar, s'est embusqué dans l'Atlantique ...
Ce roman est un grand roman maritime, très original et très atypique.
Tout d'abord, il s'est débarrassé comme de vieux oripeaux inutiles du vocabulaire technique et traditionnel accroché au genre.
Tout au long des chapitres, le récit a été confié à plusieurs narrateurs dont il a adopté la façon de parler.
Ce qui hache un peu le récit par l'alternance des styles, mais lui offre au final une densité et une humanité multipliées.
Ce récit est soutenu par le grand principe de solidarité en mer du marin envers un autre marin.
C'est inaliénable.
C'est inscrit dans plusieurs millénaires d'une grande peur de l'horizon.
Mais les temps barbares que nous vivons ont d'abord vu des pavillons de complaisance mépriser cette pierre angulaire de la navigation, puis, plus grave encore, des états ont sombré dans cette inhumanité depuis que des "migrants" ont commencé à traverser en nombre la méditerranée.
L'édifiante introduction au roman signé de Sandro Veronesi vient acter cette convergence des temps avec laquelle j'ai ouvert ma critique.
Ce roman, "Commandant", est passionnant.
La description de l'attaque du sous-marin contre le cargo belge "le Kabalo" est un modèle du genre.
Mais ce livre n'est pas réellement un livre de guerre.
C'est un ouvrage de principes et d'humanité, qui s'intéresse aux hommes et fait la part belle aux personnages.
Petit clin d'oeil à Gustave le Rouge, le récit est piqueté de bonne cuisine et d'annonces de spécialités culinaires italiennes.
D'ailleurs, dans sa forme, même traduit en français, même ancré dans son universalité, le récit reste très italien.
Ce qui donne à la lecture un véritable plaisir supplémentaire et inédit.
Ce roman est l'épopée d'un sous-marin.
Il est le rappel d'un héroïsme salvateur enchâssé dans un conflit sans merci.
Il raconte le destin d'un équipage mené par un homme exceptionnel.
Mais surtout il est l'affirmation du principe intangible rappelé par ce même homme exceptionnel que pour un marin, rien n'est plus enthousiasmant que de sauver un naufragé ...


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Écrit par Edoardo de Angelis avec Sandro Veronesi, Comandante, roman paru chez Grasset, qui est aussi un film présenté lors de la dernière Monstra, plonge le public dans le récit de l'histoire authentique du commandant Salvatore Todaro qui a sauvé la vie des marins qui ont survécu au naufrage du navire marchand ennemi, mettant par cet acte de bravoure en péril la sécurité de son sous-marin et de ses hommes.

Dans l'époque contemporaine où l'individualisme semble devenir la règle, les thématiques abordées dans ce roman souligne l'importance de l'entraide, du soutien inconditionnel, quelles que soient les circonstances, de la fraternité, voire de la fraternisation.

Empreint d'une atmosphère sombre, anxiogène et claustrophobe, Comandant souligne que ce sont les hommes qui font les guerres et que leur propre humanité peut changer le cours de l'histoire.

En faisant remonter à la surface son sous-marin, Salvatore Todaro est devenu le symbole de la noblesse d'esprit et de la désobéissance humaniste qui priment sur les ordres reçus au coeur d'un féroce conflit.Veronesi reconstitue heure après heure cet épisode méconnu de la Seconde Guerre mondiale, illuminé par le portrait d'un commandant très singulier, ce fait de guerre historique, relatant l'incroyable sauvetage en mer ordonné par un officier sous-marinier exemplaire, permet à ce récit percutant de rappeler le devoir sacré de tout marin.

Un livre qui se lit comme un pamphlet romanesque en réaction à la politique de fermeture des ports de Matteo Salvini et à la gestion tragique des vagues migratoires.

Tout écho avec ce qui se passe aujourd'hui en Méditerranée n'est pas purement fortuit....
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je suis mitigée sur ce livre . l'histoire est intéressante mais j'ai pas aimé la construction du récit, j ai parfois eu du mal à lire certaines phrases qui pour moi été mal traduite ou mal écrite je ne sais pas. Je n'aime pas non plus les romans où chaque chapitre est issu d'un personnage différent.
Dommage que tout ceci a gâché la lecture donc le sujet était si intéressant!
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histoire singulière et très prenante ; racontée a plusieurs voix dans un petit roman fluide et passionnant !
ca se lit vite, le suspens est bien mené, bref, moi je veux bien en lire davantage des romans comme ca...on s'y croirait, de la première à la dernière page il n'y a aucun temps mort et aucune ligne en trop dans cet ouvrage concis et fort, viril sans être brutal

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critiques presse (1)
LeFigaro
28 septembre 2023
Avec une écriture percutante comme une torpille , Sandro Veronesi et Edoardo De Angelis donnent vie à une leçon d’humanité et de courage en haute mer, en pleine Seconde Guerre mondiale.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Rina chérie, aujourd'hui est un jour faste.
Il y a un héroïsme barbare et un autre devant lequel l'âme se met à pleurer : le soldat qui gagne n'est jamais aussi grand que lorsqu'il s'incline devant le soldat vaincu.
Aujourd'hui nos ennemis et nous avons été sauvés, ensemble ...
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« Nous sommes des marins, des marins italiens, nous avons 2 000 ans de civilisation derrière nous et nous agissons en conséquence »
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